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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 13:14



Après un blocage de la situation désespérant, alors que le nombre de victimes s’accroissait régulièrement, tout s’est brutalement emballé. Tour à tour, en fin d’après-midi hier, le Président Marc Ravalomanana et le Maire Andry Rajaoelina ont annoncé qu’ils étaient prêts à engager des négociations pour sortir le pays de la crise. Sur TV5, le Maire a apporté quelques précisions. Il a laissé entendre qu’il serait prêt à prendre la tête d’un gouvernement de transition, bref, à occuper le poste de Premier ministre.

 

Le FFKM (Fédération des Eglises), absent de la scène depuis plusieurs semaines a contribué au rapprochement des deux parties. Toute la journée d’hier, la plateforme de l’opposition (Leader Fanilo, Arema, Avi…) plus le FCD (Force pour le Changement Démocratique) étaient en réunion. Le fruit de leurs cogitations  a été exposé au FFKM et aux ambassadeurs accrédités dans la Grande Ile pays aujourd’hui au Carlton. Sans surprise, ils soutiennent Andry Rajoelina dans sa démarche.

 

De ce grand remue-méninges, seul le TIM (parti présidentiel) était absent. Alors qu’elle est sensée être la plus grande formation politique du pays, la conjoncture dramatique du moment a révélé que ce n’était qu’une coquille vide. Parachutages, copinages et corruption ne sont pas de bons ingrédients pour donner des militants motivés. Les retournements de veste risquent d’être nombreux dans les semaines qui viennent.

 

La réussite de l’opération « ville morte » d’hier, 29 janvier, place le Maire en position de force dans les futures discussions. Il dispose d’une réelle popularité qu’il pourra faire valoir. En même temps, il a l’obligation de ne pas décevoir et les attentes sont immenses après sept ans de frustrations. Car l’arrivée de Andry Rajoelina à ce niveau n’est que la suite logique de la volonté farouche de la population à changer son destin. Les Malagasy estiment qu’ils ne méritent pas de vivre ad vitam aeternam pauvres dans un pays riche.

 

Ravalomanana est arrivé au pouvoir en 2002 par la rue. Refugié dans sa maison de Faravohitra, dans la Haute ville, il était protégé par le « fokonolona » (association de citoyens) qui avait érigé des barrages avec des bacs à ordures, des poutres et des pavés. Son rival, soutenu par des puissances étrangères, bénéficiait d’éléments bien mieux armés. La lutte a duré 6 mois avant que le Président actuel ne soit enfin reconnu par la communauté internationale. Tant de privations et de sacrifices n’ont finalement apporté au peuple qu’amertume et humiliations. Le chef de l’Etat fit preuve d’une totale désinvolture, s’attribuant tous les mérites de la victoire. Il préféra s’entourer d’arrivistes lui devant tout, qu’il pouvait manipuler à sa guise, plutôt que de faire appel aux militants et aux intellectuels auxquels il était redevable. Juste avant que ne commence la révolte populaire, il ne parlait plus que de jet privé, conférences internationales et hôtel cinq étoiles. Manifestement, il n’appartenait plus au même monde que la grande masse qui l’a poussé sur le trône.

 

Andry Rajoelina ne disposera d’aucune période de grâce, parce qu’elle a été entièrement épuisée par le Président. La composition de son équipe gouvernementale devra impérativement refléter cette aspiration au renouveau. Les combinaisons politiciennes avec des « has been » sur le retour sont à proscrire.

 

Logiquement, Madagascar aura  bientôt à sa tête un Président imposé par la rue en 2002 et un Premier Ministre adoubé de la même façon en 2009. Parmi les documents de base utilisés par les deux hommes dans leurs futures tractations figure le manifeste qui a été publié sur ce blog le 28 janvier (voir article « Appel des intellectuels malagasy »).

 

Seule la démocratie directe a finalement démontré son efficacité dans ce pays. Sénat et Assemblée ont brillé par leur totale inutilité. Au contraire, la célérité des parlementaires à accéder à tous les désirs de l’exécutif, y compris les amendements les plus liberticides, a contribué à amplifier la crise. Les Malagasy devraient réfléchir sur un modèle spécifique de gouvernance, qui garantisse à chaque citoyen la liberté et empêche toute velléité d’accaparement des pouvoirs et des richesses par une minorité.

 

 

Photo : Solofo Tinah Heriniaina (avec mes remerciements)

Alain Rajaonarivony

 


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