Arbitrage contesté, le championnat pour les Présidentielles bousculé…

On ne se lasse pas de suivre les péripéties de l’élection présidentielle à Madagascar.

Pour tous les amateurs qui suivaient le déroulement de la compétition, c’était plié. La finale devait opposer logiquement le Club Orange au Dada25. Mais les certitudes sont bousculées par la remontada spectaculaire de Hery Force, nous rappelant l’exploit du Barça contre le PSG. Le club espagnol avait été battu 4-0 au match-aller avant de se qualifier 6-1 sur son terrain, anéantissant les Parisiens.

Hery Rajaonarimampianina était à 3,57%, au moment de sa contestation de l’arbitrage central (la CENI) (voir article : « Présidentielles 2018 : La révolte des Babakoto »),  En quelques jours, il a doublé ce score. Quelques jours car si ailleurs, on dispose des résultats d’une élection au plus tard le lendemain, à Madagascar, il faut plus d’une semaine, le temps « d’arranger », pardon, de bien vérifier les données. Le 12 novembre (rappelons que le scrutin a eu lieu le 7), Hery est remonté à 7,73 %. Et ce n’est que le début d’un rattrapage fantastique!

A ce moment-là, la CENI avait traité 11.237 BV (bureaux de vote) sur 24.852 dont 4.306 en… « anomalies ». Cela fait peu de BV traités et beaucoup d’anomalies. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle soit sur la sellette. L’équipe de Marc Ravalomanana l’accuse ouvertement de corruption. La CENI a tenté de se défendre. Mais les difficultés et les irrégularités se sont accumulées. Le jour du scrutin, c’était la litanie des électeurs non inscrits, des doublons, des bulletins indisponibles, les distributions d'argent filmées ou prises en photos et balancées sur les réseaux sociaux, etc… Ensuite, ce fut la lenteur incroyable de la remontée des résultats, les résultats non affichés, les pannes du serveur de l’institution, l’impossibilité des contrôles bureau de vote par bureau de vote…

Les dysfonctionnements en cascades ont alimenté les suspicions. Tout le monde sait désormais que la Grande Ile est aux portes d’une nouvelle crise. Au point que des voix s’élèvent pour demander purement et simplement l’annulation de cette consultation pour éviter que tout ne dégénère.

Dès le mois d’octobre, 25 petits candidats à la Présidentielle avaient demandé une remise à jour de la liste des électeurs et du système pour avoir une base saine et permettre un scrutin exemplaire quitte à reculer ce dernier de quelques mois. Ils n'ont pas été écoutés... Après la dénonciation des anomalies par le candidat Hery Rajaonarimampianina juste après l’affichage des premiers résultats, c'était au tour de Marc Ravalomanana de faire la même démarche le lendemain. Cette élection était mal partie et elle continue sur la mauvaise pente. C’est assez logique !

En cas de contestation des résultats qui entraîneraient des dérapages et des pertes en vies humaines, la CENI ne pourra se départir de sa responsabilité... La course au titre ne doit pas finir comme le match Madagascar-Sénégal du 9 septembre (voir article : « Viva les Barea… et la diaspora… ») qui a fait 1 mort et 41 blessés parmi les spectateurs à cause de la corruption et de l’incompétence des organisateurs.

Pour l’instant, Andry mène presque à égalité parfaite avec Ra8 (c’est bien, ça entretient le suspense et ça ne froisse personne) suivi en 3^ème position par… les votes blancs et nuls… Bizarre, vous avez dit bizarre ? Hery continue sa sensationnelle remontée et nul doute que nous aurons 3 champions…

Photo 1 piquée sur Facebook : « La remontada… N’oubliez pas le PSG-Barça » . Merci à l’ami FB qui m’a bien fait rire.

Photo 2 : Ecran de la CENI le 12 novembre : beaucoup de BV en anomalies, 185.415 bulletins blancs ou nuls contre 175.614 bulletins pour le président sortant Hery Rajaonarimampianina.

Alain Rajaonarivony