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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 00:58




« Un peu de douceur dans un monde de brutes ! » Ainsi peut-on qualifier les réactions des femmes dans cette crise. La Ministre de la Défense, Cécile Manorohanta a démissionné, immédiatement après le carnage d’Ambotsirohitra. Elle a motivé sa décision ainsi : « En tant que mère de famille, la foi et l’éducation que j’ai reçues ne me permettent pas d’accepter ce bain de sang dont mes compatriotes sont victimes… Il a été convenu au niveau du gouvernement que les forces de l’ordre ont pour mission de protéger les gens et leurs biens ». Elle a été remplacée dans la foulée par le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo.


De l’autre côté, Nadine Ramaroson, Secrétaire générale du Conecs (Conseil économique et social), a toujours fait preuve d’un courage exemplaire, acceptant tous les risques pour une cause qu’elle estime juste. Au côté d’Andry Rajoelina dans les moments les plus difficiles, après l’auto-proclamation de celui-ci le 31 janvier, elle prit ses distances pour ne pas participer à « la lutte des places ». Elle a jugé qu’elle devait s’engager pour la défense des libertés, pas à une prise du pouvoir par la force. «  Quand tout vous réussit, on a du mal à écouter les autres ! » confiera-t-elle à propos de son compagnon de lutte. Elle a donc préféré consacrer son temps au F.A.M. (Firaisankinan’ny Andriambavilanitra Malagasy), une association féministe destinée encore et toujours à protéger la démocratie (voir l’article : «De la lutte des femmes au F.A.M.»).


On murmure fortement que la ministre de la justice, Bakolalao Ramanandraibe Ranaivoharivony, aurait elle aussi présenté sa démission.

 

Michèle Ratsivalaka, la nouvelle PDS (Présidente de Délégation Spéciale) nommée le 4 février par le Maire pour le remplacer à la tête de la commune, est beaucoup sur le terrain. A la chapelle ardente pour les victimes du carnage de samedi, elle a déclaré : « La foule n’avait pas d’armes, des chars envoyant de l’eau auraient suffi. Au pire, en tant que femme d’un ancien général, je peux dire qu’ils auraient dû tirer aux pieds, mais pas à la tête comme ils l’ont fait ». Si les blessés n’ont pas des dommages spécialement localisés, 90 % des tués, selon le médecin-chef de l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA) ont été touchés dans la partie supérieure du corps, dont la tête ou le cou. Figurent dans ces tristes statistiques plusieurs jeunes filles et jeunes gens d’Antananarivo dont le profil n’a rien à voir avec les voyous des bas quartiers en première ligne. Mais les balles portent loin, très loin, trop loin…


Quand la fusillade a commencé, on a vu la 4X4 du Maire démarrer en trombe. Dans des circonstances similaires, le 10 Août 1991, le Professeur Zafy est resté à la tête de ses partisans.


Guy Rivo Randrianarisoa, le PDS nommé par le pouvoir se fait très discret. Une consœur du quotidien Tribune écrivait dans son papier du 5 février : « …Tous ces faits peuvent signifier que Guy Rivo Randrianarison…a besoin d’une protection particulière. Mardi dernier, lors de la notification de la désignation d’un PDS à la tête de la CUA (Commune Urbaine d’Antananarivo), la peur se lisait sur le visage de Guy Rivo Randrianarison. Son chauffeur avait reçu comme consigne de ne pas éteindre le moteur de sa voiture. Des hommes musclés en tenue civile étaient installés autour de la porte et dans la cour du bureau de la mairie. Guy Rivo Randrianarison s’est montré assez nerveux lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes, mardi dernier à Mahamasina…».


Etre doué dans les magouilles de couloir pour avoir un poste peut jouer des tours quand la situation devient dangereuse sur le terrain. La petite erreur de cette collègue sur la fin du patronyme du PDS (« on » au lieu de «oa »)  n’est pas fortuite et est récurrente dans les journaux malgaches. Elle est due au fait que ce dernier laisse parfois traîner le doute sur son véritable rôle en 2002, entretenant la confusion avec une personne très engagée au niveau de la diaspora à l’époque dans le soutien à Marc Ravalomanana.


Quant au Président, il a déclaré n’avoir «pas donné l’ordre de tirer». Alors, qui a pris cette décision? De toute façon, en tant que « chef suprême des armées », sa responsabilité est engagée. On ne tire pas à balles réelles sur des personnes désarmées en démocratie : balles en caoutchouc, tazers (pistolets à impulsion électrique), grenades lacrymogènes, matraques électriques, canons à eau, etc…, le choix des armes non létales est vaste. Maintenant, si on prend comme référence le Zimbabwe, le pouvoir est dans la norme.


Les derniers monarques de Madagascar étaient des Reines, dont la gentille Ranavalona III, capturée par les Français dans son palais après avoir été trahie par ses généraux. Certains avaient rejoint leurs maîtresses plutôt que de combattre, d’autres avaient abandonné leurs armes et leurs hommes sans avoir cherché à résister un minimum.


La lâcheté pourrait apparaître comme une grande qualité car elle permet de survivre. Mais survivre n’est pas vivre ! La devise du F.A.M. : « Femmes malagasy, source de vie, source de développement » prend tout son sens dans ces moments troubles. Elles se battent pour les enfants, pour les générations futures. Merci, mesdames !

 


Photo : La Secrétaire générale du Conecs au chevet des victimes du carnage du 7 février


Alain Rajaonarivony


 


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