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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 12:19

 

 

 

Docteur en traitement du signal, expert radar au sein d’EADS, Elimberaza Mandridake, «professeur Limby» pour ses étudiants, n’a jamais oublié son île. Il a payé le prix de cette affection puisqu’il a été arrêté avec des membres de sa famille et des partisans lors de son passage au pays, il y a quelques mois (voir article : «Le monstre entre deux eaux»). Si les dysfonctionnements au sein de la chaîne de commandement (bon nombre d’officiers désapprouvent la HAT) lui ont permis de s’échapper, ce n’est pas le cas pour plusieurs de ses proches. Jusqu’à présent, ils croupissent en prison sans motif d’inculpation défini. L’interdiction de retour de Marc Ravalomanana, dernier président élu, malgré les 50.000 personnes qui l’attendaient à l’aéroport, la panique que cela a provoqué au sein du pouvoir, n’ont fait que renforcer sa conviction d’un nécessaire engagement citoyen pour éviter l’irréparable. Le peuple tient entre ses mains sa destinée et c’est à lui de faire entendre raison à des politiques, sensés être à son service.

 

 

 

Ô peuple Malgache, donne toi encore un espoir … !

 

 

 

Depuis deux ans, nous sommes en crise. Mais c’est une vision parcellaire de la situation de notre pays. Nous sommes en crise depuis bien longtemps. Notre jugement varie simplement selon les personnes et les faits analysés.

 

Sur ce point, notre vision est atteinte de ce qu’on l’on pourrait appeler le syndrome du  «Scotome central (au milieu de la rétine)»: La personne perçoit très bien son environnement mais ne peut voir ce qui lui est central. Cette vision latérale lui rend difficile la lecture de toute signalétique.

 

Cet appel est lancé pour que les Malgaches de bonne volonté reconnaissent les erreurs et les pratiques ayant fait de notre cher pays une contrée sans justice, ni liberté dignes. La soif de bien-être du peuple, si légitime, demeure inassouvie.

 

Si nous sommes d’accord, pour une fois arrêtons de faire jouer la division entre nous selon nos origines ethniques, nos classes sociales, nos opinions politiques, nos confessions religieuses. Si c’est la division que nous voulons, rassurons-nous, nous trouverons assez de critères pour diviser même des frères siamois. Mais cela nous mènera où, si ce n’est à nous enfoncer chaque jour davantage?

 

Soyons acteurs et partie prenante d’un nouvel état d’esprit. Cet objectif ne pourra être atteint que si nous sommes prêts à nous donner la main, à oublier nos différences et à ne considérer que l’intérêt commun. Ce sera difficile car nous avons toujours eu pour habitude de ne voir que les erreurs de nos adversaires, et de chercher d’autres coupables et d’autres fautifs. Notre propre remise en cause s’avère bien plus difficile.

 

Nous connaissons tous les errements de nos dirigeants successifs. Nous ne les oublions pas, pour ne pas les reproduire à l’avenir, mais laissons la place à la construction du futur. Il doit être incarné par une vision digne, noble, désintéressée, volontaire, et animée par une conviction  très forte afin de faire naître un nouvel espoir pour tous.

 

Si nous sommes de bonne foi, nous ne pouvons qu’admettre, cinquante ans après notre indépendance, que notre pays en est toujours aux balbutiements de la vraie justice et de la vraie liberté, malgré des avancées économiques à certaines périodes.  Or, sans ces deux piliers de la démocratie, un taux de croissance n’amène qu’à la frustration qui débouche immanquablement sur l’instabilité. Comme le syndrome du scotome central, on insiste sur la périphérie et on occulte le centre du problème.

 

Faut-il rappeler que la première mission d’un Etat, quelles que soient sa structure et son origine, c’est de veiller au bien-être de ses concitoyens? Mais la préoccupation principale de l’élite, c’est la course à l’accession au pouvoir. Despotisme, arrogance, crimes et délits commis en toute impunité deviennent des acquis. Si elle tombe de son piédestal, elle va tout faire pour revenir aux affaires en se servant du peuple, qu’elle méprise, comme marchepied.

 

Les dirigeants se succèdent mais la mauvaise gouvernance reste.

 

Et pendant que les pouvoirs dilapident nos ressources, bafouent nos droits, s’arrogent des prérogatives nulle part allouées, nous nous contentons d’observer. De temps en temps, quand cela nous arrange et quand il n’y a aucun risque à prendre, nous consentons à murmurer quelques critiques. Dans le «nous», il y a les complices, profiteurs du système sans en être aux commandes et qui se contentent d’en tirer les bénéfices maximums.

 

Nous ne parlons pas d’eux. Cet appel s’adresse à la majorité silencieuse. Cette fois-ci, ne cherchons pas d’autres coupables: il s’agit de NOUS. Oui, nous sommes coupables de laisser perpétuer des pratiques que nous savons répréhensibles. Certes, certains d’entre nous sont peut-être résignés à leurs tristes sorts, lassés d’un combat qui semble perdu d’avance.

 

Notre épuisement est compréhensible mais moralement, nous n’avons pas le droit de laisser croire à la génération future que gouverner c’est trahir en permanence la confiance du peuple, promettre indécemment, dilapider le patrimoine commun.

 

Jusqu’à quand accepterons-nous d’être dépossédés de ce qui constitue notre être essentiel, de cet esprit et de cette raison faisant de nous des femmes et des hommes dotés d’une conscience individuelle et collective ? Devenons des acteurs du changement.

 

Des pays ont récemment montré la voie. Les brutalités des tenants du pouvoir, appréhendées, étaient effectivement au rendez-vous provoquant morts, blessés et traumatismes durables. Mais les espoirs se sont aussi concrétisés. Des systèmes qu’on croyait solides, inébranlables, se sont effondrés, entraînant la fuite de dictateurs arrogants. Ils ont oublié que ce pouvoir qu’ils ont tant monopolisé venait du peuple !

 

Mais ne voir que ces exemples venus de contrées lointaines serait une insulte pour nos ancêtres. Ces derniers, nos parents, le 29 Mars 1947, il y a à peine 60 ans, avaient montré la voie. Contre le pouvoir colonial, la lutte semblait pourtant inégale, mais la détermination l’a emportée.

 

Notre combat d’aujourd’hui n’est pas contre un autre peuple qui vient nous envahir ou nous coloniser, mais contre nous-mêmes, ou plus précisément contre une partie de nous-mêmes qui ne remplit plus sa fonction.

 

Car ceux qui sont au pouvoir sont nos frères, nos sœurs, nos parents, nos amis. Mais ils ont oublié l’intérêt commun et surtout trahi la confiance déposée en eux. Ils sont prêts à tout pour préserver leurs avantages.

 

Une hésitation nous serait fatale. Si nous décidons ce combat, soyons donc prêts. Il sera rude, plein d’embûches, lourd de conséquence mais aucun pouvoir ne résiste à la détermination de son peuple. C’est la clé de la réussite pour instaurer une gouvernance garantissant le respect des libertés fondamentales. Une fois libre, chaque Malgache apportera sa contribution dans le rayonnement de notre pays dans tous les domaines. La réflexion et l’action doivent aller de paire. Que Dieu nous inspire !

 

Pour nos enfants et nos petits-enfants !

 

 

55632_Photo-de-Limby.jpg

 

 

 

Elimberaza Mandridake

 

 

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commentaires

Z
<br /> <br /> Cher Limby et Alain,<br /> <br /> <br /> en depit de tout ce qui se passe de grave dans le monde (Japon, Lybie, cote d'Ivoir, Tunisie, Egypte, Thailand, etc...) Il n'y a que cet appel que vous avez publié qui me préocupe en premier.<br /> <br /> <br /> D'un coté, je ne suis pas sûr de vous avoir bien compris; j'ai donc lu et relu ce texte, pour bien m'assurer de la commenter et critiquer si necessairement, de facon positive.<br /> <br /> <br /> Je suis encore en train de me demander, si l'intention de cet Appel serait d'insiter vos lecteurs á la prise des sagaies, comme en 1947, contre nos "frères traitres", comme vous dites, qui nous<br /> oppriment  et nous abusent "just for the money" ou "just for the power". Mais ne partage pas votre analyse. Il faut aussi encourager nos leaders à oser changer d'attitude, pour mieux prouver<br /> qu'ils sont vraiment des leaders dignes et des patriotes.<br /> <br /> <br /> Il faut donc aussi rappeler qu'en 1947, plus de 180.000 gasy ont succombés, en même pas 2 semaines. Officiellement, 120.000, dans le journale officiel de la France. Je ne veux pas m'imaginer que<br /> c'est ce que Limby souhaite.<br /> <br /> <br /> Je crois avoir bien ressenti le fond de vos pensées, même si je trouve que le discours politique n'est pas du talent de Limby.<br /> <br /> <br /> Je ne veux pas trop ecrir, mais... Peut-être que la vrai transition, c'est cette 4e Republique, qui echouera de toute facon, par manque de consensualité et d'adéquation aux valeurs civilisatrices<br /> gasy. Puis un moment donné, nous regarderons comme les africains ont aussi commencés, cette nouvelle forme de démocratie à la comorienne, qui pourrait, je pense mieux répondre et correspondre au<br /> contexte de notre pays:<br /> <br /> <br /> un systeme propre, oú on alternerait les mandats de gouvernances par regions, de telle sorte que chaque region aurait sa chance de former l'equipe qui representerait nos interets communs.<br /> L'accrochage aux pouvoir ne serait donc plus possible. Chacun essaierait de construire ou de corriger les erreurs de ses predecesseurs, dans le dialogue. Il n'y aurait pas qu'une personne apte à<br /> gouvermer mais plusieurs. Il y aurait donc plus de participativité de toute les populations; les décalages structurelles et infrastructurelles regionales s'amoindriraient peu á peu; Nos<br /> institutions seraient mieux armées pour contrer toutes dérives et abus(...). il y aurait certes beaucoup de discussions et de litiges juridiques. Mais, c'est tant mieux pour Madagascar!<br /> <br /> <br /> Voilà ce que je souhaiterai le plus à ce pays, c'est que tous le monde se rapproche de l'autre, ... sans violence, mais que ce pays ai toujours la force de proteger sa population et son<br /> environnement contre toute abus.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Oui sensibiliser n'est pas déjà chose facile et cela  peut conduire au but final pour nous en sortir. La vraie question  est comment faire agir la majorité qui a peur. Il faut un vrai<br /> meneur qui a et qui donne les moyens( modernes et non "pas artisanales") -vous comprenez?- pour en finir avec. On ettend alors le messie ou un justicier efficace et rapide.<br /> <br /> <br />  Cordiales Salutations<br /> <br /> <br /> Jocelyn RAKOTO<br /> <br /> <br /> Jocelyn RAKOTO<br /> <br /> <br /> <br />
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