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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 10:25

 

Sur les réseaux sociaux, les sites sportifs et d’informations ce soir-là, s’affichent ou se disent « Exploit historique », « Irrésistible Madagascar…. », « Sensationnel Madagascar... », « …Le fabuleux destin des Barea », « Surprise énorme », etc…

 

Les tweets, émanant d’observateurs d’ailleurs, sont encore plus dithyrambiques : « La perf de Madagascar est tout simplement TITANESQUE ! Battre le Nigéria, finir premier de son groupe, se qualifier pour les 8ème de finale pour sa première participation à la CAN 2019, c’est une dinguerie !!! ».

Ou encore : «Bravo à l’équipe de Madagascar pour cet exploit ! La beauté de ce sport illustrée par cette équipe remplie de courage et d’abnégation qui a honoré un peuple et un drapeau ! CAN 2019 ! »   

 

Le choc émotionnel était tellement violent sur la Grande Ile qu’une supportrice a accouché devant son écran de télévision. Le petit se prénomme Carolus, du nom du joueur auteur du deuxième but contre le Nigéria à la 53ème minute dans le dernier match crucial qui propulse les Barea en 1/8ème de finale. En ce 30 juin 2019, Madagascar était en symbiose avec le stade d’Alexandrie, en Egypte.

Quelques jours auparavant, un malheureux supporter de Majunga faisait un arrêt cardiaque à la suite de la victoire contre le Burundi par 1 à 0, la première victoire pour la première participation à la CAN.

 

Dès le coup de sifflet final, toutes les villes de Madagascar, en particulier la capitale, s’embrasent : concerts de klaxon, foules en délire dans les rues agitant le drapeau national, pétards, slogan « Alefa Barea » scandé à l’unisson…

 

 

Si pour l’immense majorité des commentateurs sportifs, le sentiment qui transparaît le plus est l’admiration pour le « petit poucet » qui a terrassé le Nigéria, triple champion d’Afrique, certains Malagasy emportés par l’élan d’optimisme, deviennent euphoriques dans leurs tweets : « Le foot n’est que le début du changement. Madagascar will rise »

 

« Ce n’est même plus une surprise » commente Pierre Henry-Dufeil sur Canal+ Sport. « A chaque fois, Madagascar repousse ses limites. Parce qu’il y a eu le premier but, le premier point contre la Guinée, la première victoire contre le Burundi, Et là, vous avez vu le score (contre le Nigéria) et vous allez voir avec ces images que cela ne souffre d’aucune contestation… »

 

« Depuis 3 ans, on vit ensemble avec le groupe. On a façonné cette équipe de bi-nationaux », révèle Nicolas Dupuis, l’entraîneur français des Baréa, qui avait été contacté par Ahmad, alors président de la FMF (et devenu depuis président de la CAF). C’est ce dernier qui l’a repéré, un entraîneur capable de faire « gagner les petits contre les gros »,  chose que Nicolas Dupuis faisait avec l’AS Yzeure (National 2) contre des Ligues 1 et 2. « Solidarité », « courage »,  « humilité »,  « abnégation », « esprit d’équipe », « des valeurs universelles… », autant de qualificatifs donnés par les étrangers à cette sélection.

 

Dans les tribunes, une vidéo des supporters malagasy en train de nettoyer leurs travées après le match a fait le tour du web.

 

L’esprit de sacrifice au service de l’équipe, et pour la fierté d’un peuple (tous ces termes ont bien été employés par les commentateurs), l’attitude exemplaire des supporters qui nettoient leurs emplacements sont bien loin pour l’instant de ce qui se passe au pays. Quand on y parle d’action de solidarité, on se réfère plus naturellement au Père Pedro qu’aux responsables  ou aux politiciens. C’est simple, même l’aide destinée au plus démunis a été parfois détournée… Quant à l’éducation, elle a été tellement laissée à l’abandon que le petit peuple (mais pas seulement) ne possède plus les rudiments du respect de soi-même, de son environnement et de l’hygiène. Le stade de Mahamasina et l’avenue de l’Indépendance ont été transformés en dépotoir lors des festivités du 26 juin. Maintenant, cette population a un motif de fierté et des exemples positifs. Les Barea lui ont donné l’espoir que l’on peut sortir des bas-fonds et avoir sa part de soleil. C’est un encouragement à l’effort pour des objectifs à long terme, à être solidaire, à avoir des valeurs positives pour évoluer et s’en sortir. L’impact des Barea va bien au-delà du sport…

 

 

Simone, ma fidèle amie et compagne de combat depuis 2002, s’en est allée au ciel, sans même emprunter l’A380 de Hi Fly, affrété par l’état malagasy pour emmener les fans des Barea en Egypte assister aux huitièmes de finale le 7 juillet. Hospitalisée pour un mal de dos, les médecins diagnostiqueront un cancer qui l’emportera en quelques jours. Nous avions été ensemble de toutes les luttes pour Madagascar. Même si nous avions parfois des divergences d’analyse, nous partagions les mêmes valeurs. Elle était profondément croyante comme Nadine Ramaroson,  dont elle était aussi l’amie, et moi-même. Et en y réfléchissant, ce qui a rendu nos liens si forts, ce sont ces « valeurs universelles » d’éthique et de moralité  qui sont simplement les valeurs bibliques. Notre ultime baroud remonte aux dernières élections présidentielles de décembre 2018 où nous défendions l’impérative exemplarité des dirigeants pour sauver le pays (voir article : « Pour sauver Madagascar : l’exemplarité nécessaire… »).

 

 

Lors de la cérémonie religieuse à Choisy-le-Roi le 5 juillet, j’apprends pendant l’hommage de ses petits-enfants à l’église que Simone a été très heureuse de la qualification des Barea à la CAN en 2018 (voir article : «Viva les Barea…et la diaspora... »). Je ne pense pas qu’elle était footeuse, mais tellement patriote que tout ce qui pouvait redonner un peu vie aux Malagasy était toujours une occasion de se réjouir. Simone Ranjalahy était pour moi une personne de grande classe. Même dans son départ, elle est restée discrète. Quand nous travaillions ensemble, elle était hyper-efficace, ne se mettait jamais en avant. Elle avait pourtant moults relations importantes et  s’occupait du relationnel avec les médias. Elle me manquera beaucoup. Elle aurait été heureuse de l’épopée des Barea.

 

Alors, Allez les Barea, pour l’équipe et pour le peuple !...

 

Photo 1 : La douche de la victoire pour Nicolas Dupuis après le match Barea-Super Eagles.

Photo 2 : L’Airbus A380 de Hi Fly loué par Air Madagascar et utilisé pour convoyer les fans des Barea à Alexandrie.

Photo 3 : En 2005, Simone et René Ranjalahy, Nadine Ramaroson qui fronce les sourcils sans ses lunettes, Marie-Lucie  Evangelista-Rajaonarivony : Des amis proches sur le boulevard Saint-Michel à Paris pour voir le film "Mahaleo"…

 

Alain Rajaonarivony

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