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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 21:19




Madagascar était une légende, une espèce de continent à part avec ses lémuriens, ses orchidées et une population au pacifisme à toute épreuve. Si la situation actuelle perdure, elle deviendra un pays africain ordinaire. Des pauvres qui se révoltent, une dictature qui réprime dans le sang, des richesses immenses entre les mains d’une minorité et des multinationales, des militaires dans les rues, ce n’est pas encore « Blood diamond » mais on y arrive.


Ce 16 février, on a donc retrouvé les « mpiandry » (diacres protestants) tout de blanc vêtus en première ligne, comme en 2002, entre une rangée de fusils des forces anti-émeutes et des manifestants prêts à en découdre. Le but était de pénétrer dans des ministères et d’y installer les « ministres de transition ». Ce fut le fiasco, un nouveau rendez-vous est pris pour le lendemain. Des pierres ont été lancées en échange de grenades lacrymogènes et de tirs à balles réelles, en l’air mais pas toujours. Les affrontements ont duré plus de deux heures à Andohan’ Analakely, en plein centre d’Antananarivo. Il y a eu plusieurs blessés graves aussi bien parmi les policiers que les protestataires.


Et pourtant, c’était bien parti avec la nomination de deux nouveaux ministres de la transition sur la place du 13 Mai avec une grande première car ils sont issus de la diaspora. Il s’agit de Julien Razafimananjato, nommé à l’Education et du bien connu Augustin Andriamananoro, webmaster de Madagate.com, très engagé dans la défense de Andry Rajoelina, aux Télécommunications et Nouvelles Technologies.


La marche s’est arrêtée devant les cordons de l’Emmo-nat ( Etat-major mixte opérationnel). Les tractations ayant échoué, le Maire et son « Premier ministre » voulaient redescendre vers la place du 13 Mai mais la foule les en a empêché. Leurs partisans voulaient installer les « ministres » quel qu’en soit le prix. Le « petit peuple » n’est peut-être pas tout le peuple, mais on ne peut pas leur enlever le bénéfice du courage et de la volonté d’en finir avec un régime corrompu jusqu’à l’os. Tout le monde savait que les militaires pouvaient tirer mais personne n’a reculé. Et les responsables du mouvement se sont fait houspiller quand ils ont tenté de faire marche arrière.


La population d’Antananarivo est clairement divisée en deux. D’un côté, le « petit peuple », qui à l’image de Violette sur Arte considère que son existence ne vaut plus rien à cause d’une pauvreté sans nom et est prête à mourir pour le salut de ses enfants. De l’autre, la classe moyenne, ceux qui ont encore quelque chose à perdre (un travail, une entreprise, des biens durement acquis…), favorable à un compromis entre les deux partis, pour sauver ce qui peut l’être.


Au-dessus de tout cela, se trouvent les vrais responsables de cette situation, ceux qui ont détruit jusqu’à l’espérance des plus pauvres, le Président et sa cour, riches à milliards de tout ce qui a été amassé, détourné, spolié, y compris les terres des paysans données à des sociétés étrangères. Ils ne peuvent gagner dans cette confrontation qu’en usant d’un maximum de violences comme ce fut le cas du « samedi sanglant ».


Le Président est acculé, c’est pourquoi il s’est montré brutalement conciliant samedi. Ceux qui le connaissent savent bien qu'en position de force, il aurait plutôt tendance à humilier et à démolir sans pitié ses adversaires. Mais en face de lui, il y a une détermination telle qu’il doit composer. C’est presque trop tard ! Andry Rajoelina pose comme préalable à toute négociation la démission du Chef de l’Etat. Or, c’est une condition à priori impossible.


Au début, le Maire voulait se rendre avec une simple délégation dans les ministères. Mais la foule les a suivis. Sentant la tragédie possible, Andry Rajoelina déclara : « Ankinina amin’ny  Andriamanitra ny dihantsika », « Je remets entre les mains de Dieu notre marche ».


Ce sera une longue marche dont l’issue est incertaine. Les médiateurs devront accomplir des miracles.

 "La sagesse vaut mieux que les armes de combat..." Ecclésiaste 9:18



Les forces anti-émeutes à Andohan’Analakely. Photo de Sobika.com. Merci, Niry !


Alain Rajaonarivony




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commentaires

Y
YES WE CAN! (peuple malagasy!)
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T
Sophie > ma famille a à peu pret la même situation que vous. j'espère que vous êtes assez nombreux dans ce cas là à Madagascar. Il y a un vrai besoin de changement. Les malgaches ont  la capacité de construire quelque chose de plus saine et méritent d'être mieux considérés!J'ai ma vie en dehors de Madagascar mais j'ai toute ma famille qui vit là bas et ne souhaite qu'y rester et s'y epanouir.Je participe de temps en temps à des projets de developpement rural à Madagascar par l'intermédiare d'associations  et cet élan de besoin de changement me reconforte dans l'idée de contribuer encore et encore et le plus possible pour sortir le pays de la pauvreté
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P
Bonjour,Il'y a une Communiqué qui propose une autre solutions pour améliorer la participation politique à l'avenir.Que pensez-vous? A nous de discuter...Amélioration de la participation politique par l'internetPour soutenir la paix et le progrès à Madagascar nous proposons les idées suivantes:www.madagaskar-vision.de/communique.html
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R
Alain>> Comme d'habitude, analyse pertinente et qui mérite d'être vue par le plus grand nombre possible, et surtout par les observateurs internationaux.Sophie>> J'aime bien votre attitude raisonnable quand vous dites que vous avez encore à perdre dans cette crise. Si tout le monde est conscient de ce "reculer pour mieux sauter", je suis sûr que la situation va se décanter très vite afin que les hommes de bonne volonté puissent se mettre à l'oeuvre pour rétablir la santé économique et sociable du pays.
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S
BonjourJ'ai bien lu votre blog et je trouve que vous avez raison. Car il y a plus de 6 mois de cela, un ami belge, travaillant pour les Nations Unis et expert dans les éléctions présidentielles dans les pays africains comme le nôtre, a précisé que Madagascar est un pays africain avec un président dictateur qui n'oeuvre que pour appauvrir les malgaches. Un jour, m'a t-il dit, vous allez vous réveiller et vous révolter et je vois qu'actuellement, il avait raison. Le moment est venu.Je fais partie de la classe sociale moyenne et nous sommes nombreux d'ailleurs dans l'entreprise où je travaille à suivre de près la crise politique actuelle. Plus de la moitié de mes collègues sont conscients de la situation actuelle et souhaite vraiment avoir un changement. D'ailleurs, nombreux ne ratent pas chaque samedi, le meeting du 13 mai. Il est vrai que nous avons encore à perdre dans cette crise. Mais il faut que cela cesse maintenant. Aujourd'hui, je suis prête à militer comme je l'ai fait samedi dernier sur la place du 13 mai. Il faut enfin y mettre fin et faire entendre au gouvernement qu'une partie du peuple malgache a aussi besoin de changements.
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