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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 06:06


La place de la démocratie était de nouveau noire de monde ce samedi 16 mai. Et pourtant, la HAT (Haute Autorité de Transition) s’était jurée de ne plus accorder d’autorisation de manifester aux «légalistes», partisans du respect constitutionnel. Mais il faut croire que la pression était trop forte et l’image tellement ternie qu’une autre interdiction aurait conforté les observateurs internationaux dans l’image d’un pouvoir oppresseur. Razily, le porteur du drapeau arrêté par les militaires du Capsat le 28 mars (voir article : «Tana se révolte») et fraîchement libéré est apparu en héros devant une foule estimée à plus de 10.000 personnes qui débordait du square.

 

Le mouvement légaliste n’a pu être étouffé et Antananarivo renoue donc avec les grands rassemblements. Deux mois après son avènement, le nouveau pouvoir est en plein questionnement. A aucun moment, il n’a réussi à convaincre de sa légitimité et à faire oublier le coup d’état du 17 mars. Petit à petit, Ravalomanana qu’on croyait éliminé revient dans la course, de son exil doré en Afrique du Sud. Il en est même maintenant à poser ses conditions : plus de négociations avant son retour au pays a-t-il déclaré le 15 mai à ses partisans au téléphone.

 

Il est vrai que le Président était énervé. Le protocole qu’il était en train de négocier a fait l’objet de fuites émanant, selon la précision de l’AFP, d’«une source diplomatique française» le 12 mai. Or, les Malgaches étaient encore en pleins pourparlers. S’il fallait une preuve des tentatives d’interférences de certains groupes d’intérêts français dans les affaires de la Grande Ile, ce qui vient de se passer en est une. Andry Rajoelina a été obligé de réagir très vite et a annoncé qu’il acceptait de se retirer à condition que tout le monde en fasse autant (voir l’article : «enfin, une lueur…»).

 

Car  pendant que la HAT affiche une assurance de façade, des tractations se poursuivent en coulisses. Marc Ravalomanana est en contact avec Didier Ratsiraka, l’ancien président en exil à Paris. Et ce dernier est lui-même en relation avec Andry Rajoelina. Mais le responsable de l’Autorité transitoire et le Président «en titre» ne se parlent pas encore directement. La situation est donc «complexe» et toute intervention intempestive peut avoir des conséquences sur le climat de «confiance» déjà délétère. Actuellement, le protocole parvient par petits bouts et dans le désordre aux médias. Les vrais termes de l’accord, non encore finalisé, prévoyaient que les membres de la Transition qui désireraient se présenter aux futures présidentielles devaient se mettre en réserve de la République. Ceux qui exerceraient l’autorité jusqu’à cette échéance, ministres et autres responsables, seraient là pour établir le «pont» entre deux légalités (l’élection de 2006 et celle à venir) et n’auraient pas le droit de postuler, pour respecter la neutralité de cette direction provisoire. Il n’était en aucun cas question d’interdire à qui que ce soit de se présenter. Par contre, si Andry Rajoelina ou tout membre de la HAT désiraient concourir, ils devraient se démettre de leurs fonctions actuelles car une Transition acceptable selon les critères juridiques internationaux, ne peut être juge et partie.

 

Beaucoup de manipulations sont en cours. Des «troisièmes voies» se préparent et certains n’aimeraient pas voir un accord entre les deux principaux protagonistes aboutir trop rapidement. Des Malagasy tentent de s’organiser pour défendre l’idéal républicain. Le site «fidioo» vient d’être lancé par un collectif de citoyens désirant voir Madagascar rentrer dans une normalité démocratique. Des journalistes ont fait un sit-in le 15 mai pour exiger la libération de leur confrère Evariste Ramanantsoavina, de Radio Mada, et dénoncer les atteintes à la liberté de la presse. Andry Rajoelina s’est envolé ce 16 mai pour la Libye afin d’y rencontrer Mouammar Kadhafi.

 

 

Alain Rajaonarivony

 

 

 

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commentaires

A
Du moment qu'il y a des négociations pour dénouer la crise, moi je suis preneur, mais faudrait pas qu'on fasse régler un climat de terreur si le résultat ne plait pas à certains.
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