Le forcing d’Andry Rajoelina sur la place du 13 mai le samedi 31 janvier a eu l’effet d’un électrochoc… sur la diaspora. Jusqu’à présent, elle suivait d’un œil intéressé mais distant les soubresauts du pays, échaudée sans doute par les déceptions de 2002.
Ce qui ressort des centaines de posts et commentaires, c’est qu’une forte proportion des Malagasy de l’extérieur avait consciemment ou inconsciemment à l’esprit un scénario idéal. Ravalomanana restait à sa place tout en arrêtant de faire n’importe quoi et en revenant aux idéaux de départ : liberté, justice sociale, développement réellement conçu pour la population. On comptait sur le jeune et tenace Andry Rajoelina pour l’y inciter.
Les deux hommes disposant d’une forte personnalité, le Président aurait joué le rôle d’un « raiamandreny » (l’ancien empreint de sagesse) et son cadet se serait occupé du gouvernement. Ils se seraient neutralisés l’un l’autre et les citoyens auront pu enfin respirer, car chacun se serait disputé leurs faveurs.
Hélas, le petit peuple n’a pas les bonnes manières, celles qui plaisent à la communauté internationale et aux intellectuels. Car on en sait un peu plus sur ce qui s’est passé il y a quatre jours. C’est la base du mouvement qui a poussé le Maire à cette décision, exactement comme elle avait contraint Ravalomanana à faire sa première «proclamation de la victoire» en février 2002 sur la même place. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Trop de frustrations accumulées demandent des réponses immédiates.
En tout cas, les positions se radicalisent, à la grande joie des boutes-feux, parmi lesquels figurent des TIM désespérément accrochés à leurs fauteuils et quelques exilés amusés sans doute de voir leur rival de 2002 dans la situation inconfortable qu’eux-mêmes vivaient à l’époque.
On prête au gouvernement l’intention de changer le Maire par un PDS dans des délais très brefs.
De leur côté, les protestataires ont déposé une requête de déchéance du Président de la République auprès de la Haute Cour Constitutionnelle.
La contestation après un léger flottement va reprendre de plus belle. Les syndicats de la Jirama (société de l’eau et de l’électricité) et des représentants des administrateurs civils se sont entretenus avec Andry Rajoelina le 2 février.
Les possibilités de négociations « s’éloignent à grands pas », pour reprendre les mots de RFI (Radio France Internationale)
Les tours opérateurs ont autorisé sans surcoût un report de séjour pour les clients qui le souhaitent sur la destination Madagascar. Cependant, les compagnies conservent pour l’instant les vols prévus ces prochains jours. Les ressortissants européens ont en main le plan d’évacuation qui sera coordonné par les Français en cas de nécessité. Antananarivo est quadrillé en secteurs, et Alarobia se trouve par exemple dans le secteur 8.
Pour les membres des familles de la diaspora restés au pays, il n’y aura pas d’avion prévu pour fuir si ça tourne mal. Comme dans « Hôtel Rwanda », les Noirs qui n'ont pas de double passeport restent au bas de la passerelle.
C’est peut-être le moment de lancer des bonnes idées pour sortir de là. Si l’un(e) ou l’autre d’entre vous en a une géniale ou originale, je lui laisserai volontiers la possibilité de l’exposer.
Le concept de « développement rapide et durable », malheureusement dévoyé, provenait par exemple de la diaspora. D’autres inspirations aussi fortes ne sont pas impossibles. Rendons à César ce qui est à César. La promesse « d’une 4L pour chaque famille » vient bien du Président.
Alain Rajaonarivony