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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 07:31


Le 17 février, pour éviter les barrages de l’Emmo-nat sur Analakely, comme la veille, les manifestants sont passés par le quartier populaire d’Isotry pour rejoindre les ministères. De nouveau bloqués non loin du Carlton par les forces de l’ordre, ils ont attendu patiemment les résultats des négociations qui se sont déroulées au Toby Ratsimandrava (camp de la Gendarmerie) entre le ministre de la Défense de Ravalomanana et la délégation conduite par Andry Rajoelina.

 

Comme c’est le cas presque chaque jour maintenant, ils sont nombreux, autour de la dizaine de milliers, à marcher et tout Antananarivo suit leur progression en direct à la radio. Et l’on s’étonne de la discipline de cette foule qui suit les ordres du Maire sans rechigner. Les incidents se produisent toujours à la fin des manifestations, quand elle a l’impression d’être trahie car ceux qu’elle a suivis négocient pour éviter une confrontation violente. Ce mardi n’a pas fait exception à la règle : Monja Roindefo a été sifflé quand il a annoncé un rendez-vous avec les responsables du pouvoir central pour le lendemain. Cela signifie que les « ministres de la Transition » ne peuvent pas encore entrer en fonction.

 

Plusieurs analystes ont noté que lors de la première tentative avortée de la prise des ministères le 16 février, Andry Rajoelina a été débordé par ses propres troupes. On a le sentiment que ce n’est pas une cohabitation que désire le « petit peuple » - dans un autre contexte, on aurait dit les prolétaires – mais une révolution. En 2002, ils avaient mis tous leurs espoirs dans un des leurs, un petit laitier pauvre devenu businessman, parfait exemple que le destin n’est pas toujours écrit quand on se donne la peine de se battre. La trahison a été d’autant plus violemment ressentie.

 

Car le garçon courageux qui trimballait ses bidons de lait a renié ses origines et préfère la fréquentation du grand monde. Il a essayé même de complaire aux Andriana (la noblesse locale) qui n’osent se moquer ouvertement de sa naïveté mais n’en pensent pas moins. L’ancien petit pauvre a préféré construire des hôtels 5 étoiles et des villas luxueuses pour ses pairs de l’Union Africaine, plutôt que des logements sociaux. Il a acheté un Boeing 737 configuré en VIP à 60 millions de dollars mais a laissé le Smig (salaire minimal) aux environs de 30 Euros.

 

Marc Ravalomanana ne s’aime pas vraiment, il n’est donc pas très étonnant qu’il n’aime pas les autres. Son agressivité permanente n’est qu’un mécanisme de défense psychique pour éviter de montrer les défauts de la cuirasse. Il est dommage pour lui et ceux dont il a la charge qu’aucun n’ait osé lui dire qu’il a rejeté ce qui était justement sa force.

 

Le fait d’avoir des origines modestes et d’avoir malgré tout réussi en self-made man l’avait rendu extrêmement sympathique auprès des Américains et des intellectuels de la diaspora. Que les  acculturés se moquent de son accent en français n’avait pas grande importance. Il était la fierté des Malagasy et les meilleures intelligences avaient établi un bouclier autour de lui, ridiculisant ses adversaires en 2002. Sa foi simple parlait aux plus modestes : justice, vérité, droiture pouvaient soulever des montagnes.

 

Les Malagasy avaient accepté tous les sacrifices, parfois jusqu’à perdre la vie.

Sept ans après, les résultats de la série de reniements sont là. Dieu n’est plus qu’un argument politique. L’argent règne en roi dans toutes ses actions, à croire qu’il s’appuie sur sa richesse pour se protéger. En 2002, il parlait de tolérance et de pardon. Depuis, il a envoyé pas mal de ses défenseurs en prison mais a laissé partir tranquille les cerveaux ayant mis en place les barrages et les milices à cette époque.

 

« Les gens ne veulent plus entendre parler de prières et d’églises après tout ce qui s’est passé » me confiait une vieille amie croyante, le cœur serré. C’est le résultat de l’action, non d’idéologues marxistes particulièrement efficaces, mais d’un vice-président de l’église protestante (fonction qu’occupe encore le Président). Il a tapé dans les caisses de l’Etat, trahi ses amis et dernièrement fait massacrer une cinquantaine de manifestants devant son palais. Dieu ou Mammon, il faut choisir mais on ne peut pas servir les deux en même temps.

 

Toujours le 17 février, CARE (association de solidarité internationale) a lancé un appel en faveur du sud de Madagascar. « Les populations locales ne mangent plus à leur faim depuis déjà plusieurs mois. On rencontre déjà des enfants sous-nutris », a déclaré Philippe Lévêque, directeur général de CARE France, qui s’est rendu sur place en janvier pour évaluer la situation. La priorité du pouvoir semble pour l’instant la réception du sommet de l’Union Africaine en juillet prochain.

 

Le Président Abdoulaye Wade du Sénégal, sollicité, a accepté de jouer le rôle de médiateur entre les deux parties. En 2002, en pleine crise, ce pays était à peu près le seul à être au côté du peuple malagasy et s’était fait son avocat auprès des autres nations.

 

 « La vie d’un homme vaut plus que toutes les richesses de la terre ». La Bible



Alain Rajaonarivony

 

 

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 21:19




Madagascar était une légende, une espèce de continent à part avec ses lémuriens, ses orchidées et une population au pacifisme à toute épreuve. Si la situation actuelle perdure, elle deviendra un pays africain ordinaire. Des pauvres qui se révoltent, une dictature qui réprime dans le sang, des richesses immenses entre les mains d’une minorité et des multinationales, des militaires dans les rues, ce n’est pas encore « Blood diamond » mais on y arrive.


Ce 16 février, on a donc retrouvé les « mpiandry » (diacres protestants) tout de blanc vêtus en première ligne, comme en 2002, entre une rangée de fusils des forces anti-émeutes et des manifestants prêts à en découdre. Le but était de pénétrer dans des ministères et d’y installer les « ministres de transition ». Ce fut le fiasco, un nouveau rendez-vous est pris pour le lendemain. Des pierres ont été lancées en échange de grenades lacrymogènes et de tirs à balles réelles, en l’air mais pas toujours. Les affrontements ont duré plus de deux heures à Andohan’ Analakely, en plein centre d’Antananarivo. Il y a eu plusieurs blessés graves aussi bien parmi les policiers que les protestataires.


Et pourtant, c’était bien parti avec la nomination de deux nouveaux ministres de la transition sur la place du 13 Mai avec une grande première car ils sont issus de la diaspora. Il s’agit de Julien Razafimananjato, nommé à l’Education et du bien connu Augustin Andriamananoro, webmaster de Madagate.com, très engagé dans la défense de Andry Rajoelina, aux Télécommunications et Nouvelles Technologies.


La marche s’est arrêtée devant les cordons de l’Emmo-nat ( Etat-major mixte opérationnel). Les tractations ayant échoué, le Maire et son « Premier ministre » voulaient redescendre vers la place du 13 Mai mais la foule les en a empêché. Leurs partisans voulaient installer les « ministres » quel qu’en soit le prix. Le « petit peuple » n’est peut-être pas tout le peuple, mais on ne peut pas leur enlever le bénéfice du courage et de la volonté d’en finir avec un régime corrompu jusqu’à l’os. Tout le monde savait que les militaires pouvaient tirer mais personne n’a reculé. Et les responsables du mouvement se sont fait houspiller quand ils ont tenté de faire marche arrière.


La population d’Antananarivo est clairement divisée en deux. D’un côté, le « petit peuple », qui à l’image de Violette sur Arte considère que son existence ne vaut plus rien à cause d’une pauvreté sans nom et est prête à mourir pour le salut de ses enfants. De l’autre, la classe moyenne, ceux qui ont encore quelque chose à perdre (un travail, une entreprise, des biens durement acquis…), favorable à un compromis entre les deux partis, pour sauver ce qui peut l’être.


Au-dessus de tout cela, se trouvent les vrais responsables de cette situation, ceux qui ont détruit jusqu’à l’espérance des plus pauvres, le Président et sa cour, riches à milliards de tout ce qui a été amassé, détourné, spolié, y compris les terres des paysans données à des sociétés étrangères. Ils ne peuvent gagner dans cette confrontation qu’en usant d’un maximum de violences comme ce fut le cas du « samedi sanglant ».


Le Président est acculé, c’est pourquoi il s’est montré brutalement conciliant samedi. Ceux qui le connaissent savent bien qu'en position de force, il aurait plutôt tendance à humilier et à démolir sans pitié ses adversaires. Mais en face de lui, il y a une détermination telle qu’il doit composer. C’est presque trop tard ! Andry Rajoelina pose comme préalable à toute négociation la démission du Chef de l’Etat. Or, c’est une condition à priori impossible.


Au début, le Maire voulait se rendre avec une simple délégation dans les ministères. Mais la foule les a suivis. Sentant la tragédie possible, Andry Rajoelina déclara : « Ankinina amin’ny  Andriamanitra ny dihantsika », « Je remets entre les mains de Dieu notre marche ».


Ce sera une longue marche dont l’issue est incertaine. Les médiateurs devront accomplir des miracles.

 "La sagesse vaut mieux que les armes de combat..." Ecclésiaste 9:18



Les forces anti-émeutes à Andohan’Analakely. Photo de Sobika.com. Merci, Niry !


Alain Rajaonarivony




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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 00:08


Antenne 2, ARTE, RFI, BFM Tv, I télé, TV5, etc…, Madagascar était partout. Le dossier spécial de France Inter le 5 février faisait un petit récapitulatif des évènements juste avant le « samedi sanglant » pour ceux qui auraient raté le début du feuilleton dont les Malgaches étaient les acteurs et victimes. Depuis, c’est du direct live et il faudrait le faire exprès pour ne pas savoir que cette île du bout du monde vit des heures dramatiques.


Dans Le JT de 20 heures d’Antenne 2 du vendredi 13 février, le dossier « Grand format » était consacré à la situation politique de la Grande Ile. L’envoyé spécial parlera à un moment de la longue file de jeunes gens venant se faire payer pour de la figuration au Stade de Mahamasina lors du meeting de soutien au Président. Ces quelques plans ont ridiculisé le pouvoir aux yeux du monde. La démonstration était destinée aux médiateurs internationaux présents dans la Capitale. Elle devait prouver la popularité du chef de l’Etat. La supercherie fut découverte.


De sont côté, ARTE a aussi analysé la tragédie que continue de vivre le pays en parlant d’ « une révolution orange qui vire au rouge », allusion à la couleur du FCD (Force pour le Changement démocratique) et au « samedi sanglant » le 7 février. Son reporter a eu droit à quelques exclusivités, dont une qui devrait rentrer dans les archives de l’histoire. Il a pu assister à la réunion du Maire avec les responsables de la « plateforme de l’opposition », qualifiés de « vieux routards ». On y remarque entre autres la présence du doyen, le pasteur Andriamanjato, dont le fils Ny Hasina a été nommé « ministre des Affaires étrangères de la Transition ». A un moment, un des participants, à la question  « jusqu’où êtes-vous prêt à aller ?… », aura cette réponse : «Face au peuple, on ne peut rien faire, c’est tout ! On pense que le gouvernement n’osera pas envoyer l’armée contre la population». Erreur fatale de jugement ! 


Samedi 14 Février, Antananarivo a connu deux manifestations concurrentes, l'une sur la place du 13 Mai pour l’opposition, l'autre au stade de Mahamasina pour le pouvoir. Marc Ravalomanana, présent cette fois-ci, a dans son discours en malgache proclamé «qu’il n’y a rien qui ne puisse être résolu par le dialogue ». Et en français, à la sortie du stade : « il faut négocier tout de suite. Il faut dialoguer, çà c’est vrai, c’est la solution. C’est la tradition malgache ». TV5 a rapporté ces scènes et ces propos en contraste total avec les menaces coutumières. Des billets de banque tout neufs, semblant sortir tout droit de la Banque, seront utilisés pour payer des personnes pour qui la présence au stade est devenue un gagne-pain.


Certains des participants se sont croisés lors des dispersions des deux rassemblements. Il y eût quelques échauffourées sans gravité qui a fait dire que les « Malgaches ont retrouvé leur sagesse »


Sur la place du 13 mai, les révélations ont démarré avec l’annonce par le «ministre des Finances du gouvernement de transition» de la dette de 240 milliards d’Ariary  que Tiko devrait à l’Etat. Le «ministre de la Défense » a été nommé. Il s’agit du général de division Raonenantsomampianina. Fait inhabituel, des militants, exaspérés de voir des illustres  « nominés du 13 mai » absents pendant la lutte, ont lancé une pétition. Des milliers de signatures ont été récoltés par les fonctionnaires, les syndicalistes et autres associations pour demander la désignation de Nadine Ramaroson, secrétaire générale du Conecs (Conseil économique et social), comme «ministre de la population». Cette dernière s’apprêterait à refuser cet « honneur ». L’attachement de ses partisans lui va droit au cœur mais la fidélité à ses principes lui commanderait de se mettre à l’écart de ces « responsabilités », du moins pour l’instant.


A Paris, près de deux cents personnes se sont retrouvées sur le parvis du Trocadéro pour demander la paix à Madagascar ce samedi 14 février. La vie quotidienne est devenue difficile à Antananarivo. Les déplacements sont entravés par les points de contrôle, les denrées de première nécessité ont augmenté et l’insécurité règne. 



Alain Rajaonarivony



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13 février 2009 5 13 /02 /février /2009 00:10


La Croix Rouge malagasy a donné une estimation révisée de la journée sanglante du 7 février. On compte maintenant une cinquantaine de morts et près de 433 blessés. Comme le souligne si bien un journal de l’Ile de la Réunion, dans un autre pays, un tel évènement aurait donné lieu à un moment de recueillement et à un deuil national. Mais ce n’est pas le cas.


Dès le 11 février, le TIM a organisé une fête pour soutenir le Président Ravalomanana au stade municipal de Mahamasina. D’une capacité de 30.000 places, il fut rempli. Certes, des minibus ont convoyé des participants payés, venant parfois d’Ambatolampy (à 70 kilomètres de la capitale), les fonctionnaires ont aussi été « invités » et plus curieux, on a retrouvé de-ci de-là des petites gens des quartiers populaires présents sur la place du 13 mai. Les manifs sont devenues une source intéressante de revenus en ces temps de crise économique d’autant que les deux partis n’hésitent pas à payer.


Au-delà de ce folklore, des personnes sont venues de leur plein gré dont des partisans de Andry Rajoelina de la première heure. La schizophrénie n’est pas loin. Par leur présence, ils veulent signifier que Ravalomanana représente la « légalité », et que ses manquements ne justifient pas une prise de pouvoir par la rue. Des fans purs et durs du Président, à part ceux qui profitent du système, familles et membres du cercle des gouvernants, sont difficiles à dénicher.    


De ceux-là font partie Yvan Randriasandratriniony, Président du Sénat et du parti présidentiel TIM. Il n’a pas hésité à soutenir effrontément devant des journalistes étrangers qu’il y a eu des tirs de sommation lors de la tuerie d’Ambotsirohitra malgré les témoignages et les vidéos attestant du contraire.


Entre un assassin « légal » et un provocateur de moins en moins « légitime », les Tananariviens qui ont soutenu les deux tour à tour cherchent désespérément une issue. « Ni TIM, ni TGV, simplement démocrate » m’écrivait un internaute. Cela semble être le credo d’une population déboussolée. Aucun des deux « chefs » ne donne satisfaction à la majorité, qui ne se résout pas à les rejeter totalement.


L’idéal semble être une condensation de TGV pour le courage de dénoncer, de Ravalomanana pour la légalité internationale et de « il doit bien exister quelque part une élite honnête » pour l’éthique et le respect des règles républicaines. Bref, en pleine dissonance cognitive, les Malagasy sont perdus.


« Une troisième force », « une voie alternative » permettant de réconcilier leur passé (Ravalomanana et 2002), leur présent (Andry en 2009) et leur futur (des plus incertains) leur ferait retrouver un peu l’équilibre.


Ce sera difficile ! L’émergence de l’élite (elle existe) ne peut se faire que dans un environnement sain. Dans un contexte de concurrence déloyale au niveau économique, d’intimidations sur le plan politique, de népotisme dans les attributions des postes à responsabilité…, les meilleurs vont ailleurs et appliquent l’adage : « pour vivre heureux, vivons cachés ». Très vicieusement, Ravalomanana a récupéré les méthodes de Ratsiraka alors qu’on attendait de lui qu’il les dénonce. Andry Rajoelina a repris le flambeau, ranimant l’espoir, mais il a lui-même dérapé le 31 janvier, jour de son auto-proclamation. Depuis, les Malagasy ne savent plus à quel saint se vouer. Quant au FFKM (Fédération des Eglises), ses représentants se sont fait huer lors de la chapelle ardente en l’honneur des victimes du « samedi sanglant » (« Bloody Saturday » pour les agences).


L’ambassadeur américain Niels Marquardt se voulait modérément optimiste le 11 février : « Le dialogue commence, il faut le maintenir et c’est dans ce dialogue qu’il faut trouver une issue malgache ». Haile Menkeiros, l’émissaire de l’ONU est reparti. Amara Essy, le représentant de l’Union Africaine parle d’une « affaire interne » et semble déjà avoir jeté l’éponge.


Le secrétaire d’état français à la coopération, Alain Joyandet, qui a rencontré les deux rivaux, pense tenir une dynamique. Les «deux délégations sont en train de travailler. Ces négociations sont conduites par les représentants des Eglises qui sont très importantes ici...nous avons entendu le souci d’améliorer le sort, sur le plan social et économique, de la population malgache. Et c’est important pour que cette crise prenne fin». Les insulaires ont toujours été réputés pour leur art de recevoir et ont fait preuve d’une exquise politesse envers leur hôte. Mais les promesses n’engagent que ceux qui veulent y croire. Des informations confidentielles incitent à plus de pessimisme.

 

Rien n’a avancé. Chacun campe sur ses positions. Les « sages » du FFKM ne sont pas écoutés et la société civile, un des éléments modérateurs, s’éloigne de la contestation. Elle ne participe plus à aucune décision depuis deux semaines. D’ailleurs elle aussi n’a plus été écoutée, sinon il n’y aurait jamais eu d’auto-proclamation. Les « 13may-boys », ces jeunes (et moins jeunes) loups propulsés sur le devant de la scène par la seule volonté du Maire font pendant aux « Tiko-boys ». On a vu le comportement du Président du Sénat, niant l’évidence pour défendre le « boss ». L’attrait du pouvoir rend peu lucide. Deux clans extrémistes sont maintenant face à face.

 

Ceux qui se sont vraiment battus pour  le respect des libertés fondamentales comme le FCD (Force pour le Changement Démocratique) n’arrivent plus à contenir le Maire, poussé à la surenchère par les nouveaux-venus. D’autres groupes périphériques jusqu’ici veulent aussi leur part de gâteau. Tous ces acteurs œuvrent dans l’ombre et n’ont aucun intérêt à ce que les choses s’arrangent.

 

Parce que le chef de l’Etat n’a jamais fait montre de bonne volonté, ni pour négocier (remettant toujours au lendemain les rendez-vous pris), ni pour écouter, il a fini par marginaliser tous les éléments modérés du mouvement de contestation favorables au dialogue et à la cohabitation. Il va donc se retrouver en face d’interlocuteurs parlant le même langage que lui : la force brutale et la puissance de l’argent. Ce sera un combat à mort pour avoir le pouvoir et s’enrichir très vite. Ils suivent en cela l’exemple du Président lui-même qui a fait des «petits» mais dans le mauvais sens.

 

Une seule chose peut encore sauver Madagascar : l’apparition de la « troisième force ».

 

 

Alain Rajaonarivony



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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 00:58




« Un peu de douceur dans un monde de brutes ! » Ainsi peut-on qualifier les réactions des femmes dans cette crise. La Ministre de la Défense, Cécile Manorohanta a démissionné, immédiatement après le carnage d’Ambotsirohitra. Elle a motivé sa décision ainsi : « En tant que mère de famille, la foi et l’éducation que j’ai reçues ne me permettent pas d’accepter ce bain de sang dont mes compatriotes sont victimes… Il a été convenu au niveau du gouvernement que les forces de l’ordre ont pour mission de protéger les gens et leurs biens ». Elle a été remplacée dans la foulée par le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo.


De l’autre côté, Nadine Ramaroson, Secrétaire générale du Conecs (Conseil économique et social), a toujours fait preuve d’un courage exemplaire, acceptant tous les risques pour une cause qu’elle estime juste. Au côté d’Andry Rajoelina dans les moments les plus difficiles, après l’auto-proclamation de celui-ci le 31 janvier, elle prit ses distances pour ne pas participer à « la lutte des places ». Elle a jugé qu’elle devait s’engager pour la défense des libertés, pas à une prise du pouvoir par la force. «  Quand tout vous réussit, on a du mal à écouter les autres ! » confiera-t-elle à propos de son compagnon de lutte. Elle a donc préféré consacrer son temps au F.A.M. (Firaisankinan’ny Andriambavilanitra Malagasy), une association féministe destinée encore et toujours à protéger la démocratie (voir l’article : «De la lutte des femmes au F.A.M.»).


On murmure fortement que la ministre de la justice, Bakolalao Ramanandraibe Ranaivoharivony, aurait elle aussi présenté sa démission.

 

Michèle Ratsivalaka, la nouvelle PDS (Présidente de Délégation Spéciale) nommée le 4 février par le Maire pour le remplacer à la tête de la commune, est beaucoup sur le terrain. A la chapelle ardente pour les victimes du carnage de samedi, elle a déclaré : « La foule n’avait pas d’armes, des chars envoyant de l’eau auraient suffi. Au pire, en tant que femme d’un ancien général, je peux dire qu’ils auraient dû tirer aux pieds, mais pas à la tête comme ils l’ont fait ». Si les blessés n’ont pas des dommages spécialement localisés, 90 % des tués, selon le médecin-chef de l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA) ont été touchés dans la partie supérieure du corps, dont la tête ou le cou. Figurent dans ces tristes statistiques plusieurs jeunes filles et jeunes gens d’Antananarivo dont le profil n’a rien à voir avec les voyous des bas quartiers en première ligne. Mais les balles portent loin, très loin, trop loin…


Quand la fusillade a commencé, on a vu la 4X4 du Maire démarrer en trombe. Dans des circonstances similaires, le 10 Août 1991, le Professeur Zafy est resté à la tête de ses partisans.


Guy Rivo Randrianarisoa, le PDS nommé par le pouvoir se fait très discret. Une consœur du quotidien Tribune écrivait dans son papier du 5 février : « …Tous ces faits peuvent signifier que Guy Rivo Randrianarison…a besoin d’une protection particulière. Mardi dernier, lors de la notification de la désignation d’un PDS à la tête de la CUA (Commune Urbaine d’Antananarivo), la peur se lisait sur le visage de Guy Rivo Randrianarison. Son chauffeur avait reçu comme consigne de ne pas éteindre le moteur de sa voiture. Des hommes musclés en tenue civile étaient installés autour de la porte et dans la cour du bureau de la mairie. Guy Rivo Randrianarison s’est montré assez nerveux lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes, mardi dernier à Mahamasina…».


Etre doué dans les magouilles de couloir pour avoir un poste peut jouer des tours quand la situation devient dangereuse sur le terrain. La petite erreur de cette collègue sur la fin du patronyme du PDS (« on » au lieu de «oa »)  n’est pas fortuite et est récurrente dans les journaux malgaches. Elle est due au fait que ce dernier laisse parfois traîner le doute sur son véritable rôle en 2002, entretenant la confusion avec une personne très engagée au niveau de la diaspora à l’époque dans le soutien à Marc Ravalomanana.


Quant au Président, il a déclaré n’avoir «pas donné l’ordre de tirer». Alors, qui a pris cette décision? De toute façon, en tant que « chef suprême des armées », sa responsabilité est engagée. On ne tire pas à balles réelles sur des personnes désarmées en démocratie : balles en caoutchouc, tazers (pistolets à impulsion électrique), grenades lacrymogènes, matraques électriques, canons à eau, etc…, le choix des armes non létales est vaste. Maintenant, si on prend comme référence le Zimbabwe, le pouvoir est dans la norme.


Les derniers monarques de Madagascar étaient des Reines, dont la gentille Ranavalona III, capturée par les Français dans son palais après avoir été trahie par ses généraux. Certains avaient rejoint leurs maîtresses plutôt que de combattre, d’autres avaient abandonné leurs armes et leurs hommes sans avoir cherché à résister un minimum.


La lâcheté pourrait apparaître comme une grande qualité car elle permet de survivre. Mais survivre n’est pas vivre ! La devise du F.A.M. : « Femmes malagasy, source de vie, source de développement » prend tout son sens dans ces moments troubles. Elles se battent pour les enfants, pour les générations futures. Merci, mesdames !

 


Photo : La Secrétaire générale du Conecs au chevet des victimes du carnage du 7 février


Alain Rajaonarivony


 


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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 18:37




Des dizaines de milliers de personnes s’étaient de nouveau donné rendez-vous sur la place du 13 Mai ce samedi 7 Février. Bien que la foule fût bien plus importante que la dernière fois, une espèce de routine s’était installée. On imaginait qu’il n’y aurait pas d’incidents et que les forces de l’ordre ne s’opposeraient pas violemment. En effet, les responsables de l’Emmo-Nat (Etat-major mixte opérationnel) ont toujours su trouver un terrain d’entente avec les dirigeants de la contestation pour éviter tout débordement. C’est ce qui a d’ailleurs valu le limogeage de son plus haut responsable la semaine dernière par le Président.


Il faisait beau,  les ombrelles étaient de sortie et les vendeurs de limonade ne se plaignaient pas de leur journée. Comme promis le Maire Andry Rajoelina a révélé le nom de celui qui devrait diriger son gouvernement de transition, Roindefo Monja. Les qualités du « Premier ministre » sont surtout d’être originaire du Sud, région délaissée depuis toujours, et d’être le fils de son père Monja Jaona, un grand nationaliste irréductible, qui a connu la prison à plusieurs reprises pour ses idéaux. Car le cursus politique de Roindefo est pour l’instant des plus minces.


Le Maire a promis devant la foule enthousiaste que toutes les régions seraient représentées dans son gouvernement. Le « Premier ministre » de ce contre-gouvernement s’est ensuite dirigé de concert avec la foule vers le Palais d’Ambotsirohitra, situé non loin de là avec l’intention de s’y installer. Tout le monde n’a pas suivi, mais ils étaient quand même nombreux, surtout issus des  bas quartiers. Certains jeunes ne semblaient pas très fréquentables puisqu’ils ont failli molester un photographe et ne lui ont laissé son appareil qu’en échange d’un peu d’argent. Du racket, quoi !


La marche s’est déroulée sans incidents jusqu’au Palais où l’immense cortège s’est retrouvé face à des cordons de forces anti-émeutes mixtes (policiers, gendarmes et militaires). Le statut-quo a duré une bonne heure. Pendant ce temps, le général Dolin à la tête d’une petite délégation essayait de parlementer avec les officiers. Il informa ensuite les manifestants qu’il n’y avait aucun « décideur » à l’intérieur du Palais. Sur un mouvement de la foule, tout d’un coup, une explosion retentit (sans doute une grenade), suivi de coups de feu nourris.


Les témoignages, y compris des journalistes présents, convergent pour dire que les rafales provenaient de l’intérieur du palais, par des hommes encagoulés, qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants qui ne semblaient pas encore avoir franchi la zone rouge.


Ces tirs tendus ont immédiatement couché par terre des dizaines de victimes, mortellement ou gravement blessées. Parmi elles figure un caméraman de la RTA, tué en première ligne pour le droit d'informer. On se précipite pour transporter les blessés. Une seconde salve cueille les secouristes.


Il n’y a pas eu de tirs de sommation préalables en l’air, contrairement à ce qu’affirme la version officielle.


Ensuite, c’est la panique et l’heure des rumeurs. On parle de mercenaires, de snipers sur les toits des immeubles, de saccages de l’hôtel du Louvre et du Colbert. Quelques casseurs ne perdent pas la tête et tentent de s’en prendre au Ministère des finances ou à des commerces à proximité. Au milieu des blessés, on les verra courir avec des ordinateurs et autres babioles sous les bras.


La morgue de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona est vite remplie. On fait appel aux donneurs de sang et aux étudiants en médecine. Dans la soirée, Médecins du Monde annonce l’envoi de matériels chirurgicaux pour le traitement de 300 blessés. Des tirs sporadiques seront entendus jusqu'à 4heures et demi du matin.


Ce dimanche 8 février, le bilan de la gendarmerie fait état de 28 morts et 212 blessés, les sources hospitalières de 43 morts. Beaucoup de familles cherchent encore les leurs, disparus depuis hier.


 Une veillée mortuaire s’est tenue au stade couvert de Mahamasina dans l’après-midi. Monseigneur Odon Razanakolona  a pris la parole mais pas ses autres collègues du FFKM (Fédération des Eglises), hués par l'assistance.


Depuis le Black Monday du 26 janvier, la situation n’a cessé d’empirer. Juste avant l’auto-proclamation du Maire du samedi 31 janvier, des négociations prévues entre les deux parties avaient été annulées car le Président avait choisi de partir en province.


La veille de ce samedi rouge, les émissaires des deux camps avaient pu enfin se parler. Ils étaient trois de chaque côté de la table. Jacques Sylla, Président de l’Assemblée Nationale, Noël Rakotondramboa, vice-président du Sénat, Harison Edmond Randriarimanana, ministre de l’environnement représentaient le pouvoir. Nirhy Lanto Andriamahazo, adjoint-au-maire de la Capitale, le journaliste Gilbert Raharizatovo et Ny Hasina Andriamanjato portaient les propositions de la partie adverse. Pour qu’une négociation soit efficace, il faut qu’il y ait un minimum de concessions réciproques. Les émissaires présidentiels, semble-t-il, n’auraient rien voulu lâcher. Les discussions avaient duré toute la journée.


L’image du Président est irrémédiablement ternie, celle de Andry Rajoelina aussi. Le sang versé éclabousse tout le monde. Un lecteur indigné m’a écrit qu’il fallait organiser des élections anticipées. C’est du pouvoir du législateur et de l’exécutif, mais c’est effectivement une des portes de sortie possible.


Un représentant de la diaspora m’a appelé de Dakar pour que je transmette leur appel aux deux belligérants :


«  Il est inadmissible que des Malagasy meurent car des politiciens ne sont pas capables de trouver un terrain d’entente. Nous demandons aux parties en présence de se parler maintenant afin de sortir une solution honorable et acceptable pour tous car cette situation a assez duré. Les Malagasy ont déjà beaucoup trop souffert. » 



Merci aux photographes dont certains ont risqué leur vie pour passer l’information.

Je ne publie pas les photos des personnes tuées par respect pour elles.


Alain Rajaonarivony




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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 18:02








































































































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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 21:25




« Tous des affamés ! Andry perd beaucoup d’énergie dans les réunions avec eux », constate ulcérée une représentante de la société civile au sein du mouvement de contestation. « Eux », ce sont les politiciens de la plateforme de l’opposition qui se sont précipités au dernier moment pour soutenir le Maire de la capitale quand sa popularité était au plus haut. Auparavant, ils s’étaient cantonnés dans une expectative prudente.


Depuis l’auto-proclamation du Maire, le samedi 31 janvier, comme « en charge de la gestion » du pays, les appétits se sont réveillés. La société civile, soutien indéfectible de Andry Rajoelina depuis 2 mois et dans les pires moments, prend maintenant ses distances. Car les nouveaux venus jouent des coudes et ne partagent indiscutablement pas les mêmes idéaux. Maintenant que les menaces d’arrestations semblent s’éloigner, et que Viva Radio et TV émettent de nouveau, place aux arrivistes comme en 2002.


Nadine Ramaroson veut consolider les acquis démocratiques qu’elle a obtenus de haute lutte en combattant avec Andry Rajoelina. Avec d’autres femmes partageant les mêmes valeurs républicaines, elle lance le F.A.M. (Fikamban’ny Andriambavinlanitra Malagasy) ou Rassemblement des Femmes Malagasy. La traduction littérale est plus poétique : « association des princesses du ciel malagasy ». Ces militantes veulent obliger les hommes politiques à tenir leurs promesses.


Elles soutiendront sans doute le Maire dans ses futures responsabilités, mais de manière critique et constructive. Car il est acquis maintenant que, quoiqu’il arrive, le Président ne pourra plus agir comme auparavant, en prenant des libertés avec la Constitution et en usant et abusant de son pouvoir y compris à des fins personnelles. Le FMI (Fonds Monétaire International) vient pour la première fois de bloquer un prêt de 35 millions de dollars, suite à l’achat par l’Etat malgache de Force One II, un Boeing 737-700 luxueux pour 60 millions de dollars. L’Union Européenne  a fait de même et mis en attente le décaissement d’une aide de 16,2 millions d'euros.


Toujours sur le plan politico-économique, l’Ambassadeur américain Niels Marquardt a condamné de manière diplomatique le comportement du Président sur RFI (Radio France Internationale) le 5 février : « Le moment est venu pour écouter la population malgache ». Elle exprime « très clairement » son mécontentement dans plusieurs domaines. « Je pense que c’est le moment pour les uns et pour les autres de faire l’analyse de la situation et  de réagir avec une meilleure gouvernance….Le choix des magasins qui ont été brûlés était un message assez fort dans cette affaire. Il ne faut pas trop mélanger les affaires privées et les affaires d’Etat ».


Marc Ravalomanana a perdu sa crédibilité auprès des bailleurs de fonds et des puissances occidentales. Il lui reste le soutien de l’Union Africaine mais on sait ce qu’elle vaut depuis 2002.


Au niveau intérieur, il est aussi très affaibli. Les provinces le rejettent de plus en plus ouvertement. En témoigne la mésaventure du ministre de l’économie Ivohasina Razafimahefa, dont l’avion a été incendié par la foule à Farafangana. Dans la capitale elle-même, l’opinion est divisée surtout après les émeutes du « Black Monday » (expression lancée par Sobika.com) qui ont traumatisé les habitants. Mais si le Maire ne recueille pas une adhésion unanime, le Président lui non plus ne remonte pas la pente. Trop d’orgueil et des conseillers absolument incompétents ne lui ont pas permis d’exploiter les faiblesses de son adversaire. Des négociations qui auraient dû démarrer depuis longtemps n’ont jamais été entamées.


L’armée se tient en retrait. Si elle se montre prudente envers Andry Rajoelina, les ordres du Président d’arrêter ses opposants n’ont pas été exécutés. Pire, tout ce beau monde tient des meetings sans être inquiétés. Et le général Dolin Rasolosoa, accusé nommément par le chef de l’Etat d’être l’un des investigateurs des troubles, vient de lui répondre vertement et publiquement. Sensé être le « chef suprême », Marc Ravalomanana n’a cessé d’humilier les plus hauts gradés. Il a détruit, au propre comme au figuré, l’armée de l’air (voir l’article : « L’armée ? De l’air… ») coupable sans doute d’avoir eu certains de ses pilotes aux commandes des hélicoptères MI-8 de la Sonavam durant la crise de 2002. Démanteler ainsi les moyens de défense de la nation peut être considéré comme un acte de haute trahison.


L’ONU a envoyé un émissaire en la personne de Haile Menkerios, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques qui devra évaluer la situation. Il restera du 7 au 10 Février. Les médiateurs nationaux comme le FFKM (Fédérations des Eglises) s’activent aussi, sans grand résultat pour l’instant.


 Demain samedi 7 février,  la grande manifestation prévue devrait faire évoluer les choses dans un sens ou dans un autre. Les croyants prient, les superstitieux croisent les doigts et tout le monde est sur les nerfs. Au Conseil des ministres du 5 février, le pouvoir  a fait étalage, une fois de plus, de sa force en parlant d’équipements militaires qui vont arriver dans la capitale. Cette attitude alimente les rumeurs de répression sanglante lors du rassemblement. A y regarder de plus près, la négociation n’a jamais été à l’ordre du jour. 


Nadine Ramaroson, secrétaire générale du Conecs (Conseil économique et social) et soutien crucial pour Andry Rajoelina a délaissé les discussions pour l’attribution des fauteuils ministériels du gouvernement de transition depuis plusieurs jours. Elle consacre son temps à préparer l’avenir et, avec ses campagnes de lutte, tente de monter un mouvement féministe fort, capable de contrôler les dérives des futurs dirigeants, quels qu’ils soient. Vive les F.A.M.



Photo : Nadine Ramaroson lors d'une émission de télévision le 12 décembre 2008


Alain Rajaonarivony




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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 20:41


"Kilo Golf" a fini tristement sa carrière sur la piste de l'aéroport de Farafangana, au sud-est de Madagascar le mardi 3 février. Une foule en furie s'est jeté sur lui et l'a incendié.

Mais de quel crime s'est rendu coupable ce beau Beechcraft 99, si élégant dans sa livrée blanche et bleue, avec ses bandes métallisées? En fait, il a été victime de son amabilité, puisqu'il a fait un boulot qui ne devait pas être le sien. Habitué à être en compagnie d'hommes d'affaires ou à effectuer des Evasan (évacuations sanitaires), ce jour là, il a convoyé un ministre. C'était le mauvais plan, la mauvaise personne au mauvais endroit alors que le pays est en crise profonde.

Ce genre de transport devrait concerner l'armée ou l'équivalent du GLAM (groupes de liaisons aériennes ministérielles). Oui, mais voilà! Comme l'a révélé l'ancien Président Didier Ratsiraka sur Viva TV, le pouvoir actuel a fait découper au chalumeau une douzaines d'aéronefs de la Sonavam (compagnie aérienne du fils de l'ancien chef d'état), des hélicoptères MI-8 et des transports bimoteurs Antonov. C'étaient des appareils qui revenaient de droit à l'Armée de l'air, propriétaire d'une bonne partie de cette flotte. Plusieurs millions de dollars ont donc été transformés en casseroles.

C'est d'autant plus incompréhensible que ces machines, rustiques et performantes, étaient particulièrement bien adaptées aux besoins du pays et leurs homologues sont encore utilisés partout dans le monde.

L'armée de l'air est donc réduite maintenant à 3 ULM (ultra léger motorisé) dignes d'un aéro-club. Tiko, avec sa flotte d'hélicoptères et de transport ATR la surclasse largement.

Selon une revue de défense américaine, en 1994, l'effectif de la "Tafika anabakabaka malagasy" (armée de l'air malgache) comprenait :

- une escadrille de chasse composée de 10 Mig-21 Fishbed (chasseurs supersoniques) et de 4 Mig-17 Fresco (chasseurs subsoniques)

- une escadrille de transports incluant 4 Antonov AN-26, 2 Yak-40 Colding (biréacteurs), 3 BN-2 Defender, 2 C47 Dakotas, 2 C212 Aviocar

- une escadre d'hélicoptères avec 6 MI-8 transports de troupes

- plus, additionnellement un Cessna 310, 3 Cessna 337, 1 PA-23 Aztec de communication et 4 Cessna 172 d'entraînement.

On retrouve bien dans cette liste les appareils de la Sonavam.

Les réunions de chefs d'états se passent toujours sous une très haute protection. En général, elles mobilisent des AWACS (Airborne Warning and Control System) pour la surveillance de la zone, des chasseurs pour intercepter tout appareil hostile, et à un niveau en-dessous, des hélicoptères en couverture rapprochée.

Qui assurera la protection aérienne lors des sommets à Madagascar? Tiko Air Force ou une puissance étrangère? A moins que d'ici là, l'armée de l'air ne soit dotée d'équipements performants. L'aviation effectuera alors véritablement son "take off". Minoa fotsiny ihany....


Illustration : ce qui reste de l'Armée de l'air malagasy en 2008, des Mig 17 abandonnés sur la base d'Arivonimamo. Photo aimablement prêtée par Sobika.com. Merci, Niry!


Alain Rajaonarivony



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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 15:09


Comme annoncé sur ce blog bien avant RFI (Radio France Internationale), le gouvernement a nommé un PDS (Président de Délégation Spéciale) hier, en lieu et place du Maire élu. J’avais même le nom de ce dernier sur lequel j’ai maintenu le black-out jusqu’à sa divulgation officielle. L’Etat a donc rallumé le feu. Les ultras ont gagné et vont truster les places d’honneur. Et pourtant, beaucoup de membres du gouvernement ont adopté un ton conciliant mais apparemment, leurs voix n’ont pas eu grande portée.

 

Du côté du mouvement de contestation, on assiste à la même logique. Andry Rajoelina portait des aspirations inassouvies depuis 2002. Ce qui lui a valu le soutien décisif de la société civile, la seule par l’intermédiaire de ses associations dont le Conecs  (Conseil économique et social) à avoir dénoncé les dérives du régime en matière de monopole économique, de détournements des lois et de restrictions des libertés. La victoire apparaissant comme probable, on a vu arriver des résistants de la 25ème heure pour essayer d’avoir une part du gâteau. Ces derniers confortent le Maire dans une surenchère, seul moyen pour eux d’apparaître sur la scène.

 

Ces individus, dans les deux camps, ne veulent pas d’une conciliation trop rapide, qui ne leur permettrait pas de surclasser les modérés et les vrais démocrates. Sans une aggravation de la tension, on n’aurait jamais entendu parler de la destitution du Président, ni de celle du Maire.

 

Guy Rivo Randrianarisoa, le nouveau  PDS, était apparu brutalement en France à la fin du conflit de 2002. A l’époque, alors que tous les analystes s’attendaient à une officialisation du travail effectué par les leaders de la diaspora en charge de la diplomatie et de la communication du Président pendant ce conflit, c’était un groupe d’inconnus qui débarquait.

 

Outre le nouvel ambassadeur d’alors, qui clama haut et fort ses liens de parenté avec le toujours ministre des Affaires étrangères, et le nouveau PDS nommé hier, lui aussi un neveu, il y avait Hélian Ralison, conseiller inamovible à l’Ambassade

 

Puisque Guy Rivo Randrianarisoa apparaît maintenant comme un personnage de premier plan, je livre une petite partie des notes confidentielles dont je dispose afin que chacun puisse se faire une opinion de ceux qui prétendent nous gouverner.

 

« Nommé en décembre 2002 comme Conseiller économique à l’Ambassade de Paris, sa première action était de mettre en route le site internet de l’Ambassade par une de ses connaissances de Dijon pour un budget de plusieurs milliers d’euros. Ce site jusqu’à présent ne fonctionne pas vraiment…

Guy Rivo Randrianarisoa prétendait être titulaire de diplômes universitaires dont l’authenticité n’a jamais été vérifiée.

Il a fait parler de lui comme étant le patron d’une grosse société « off shore » et s’est présenté un jour à l’Ambassade à bord d‘une Ferrari rouge qu’il a revendu pour en acheter une autre de couleur jaune. Il a fait l’objet de critiques de certains médias mais à l’époque personne n’a prêté attention… Il a convaincu JP (l’ambassadeur) de faire acheter par l’Ambassade deux véhicules Peugeot 406 pour son usage personnel et pour le Conseiller Hélian Ralison ».

 

Depuis plusieurs semaines, des individus défendant la politique de l’Etat sont à plein temps sur les forums de la diaspora. Ils mènent une guérilla contre tout ce qui n’est pas pro-gouvernemental au point que le webmaster de Sobika.com a dû sortir un édito aujourd’hui pour faire part du péril pesant sur son site menacé par ces internautes très particuliers en raison de son indépendance dans le traitement de l’information. Cela a valu un démenti de la part des responsables du site Tim indiquant qu’ils ne cautionnaient pas ce genre d’attitudes. Il n’empêche que les propos diffamatoires ou menaçants ont été bien tenus dans le but de déstabiliser et de décrédibiliser tout ce qui s’oppose à la propagande officielle.

 

Les mailing-list circulant avec mon nom me présentant comme un ennemi de la nation de connivence avec l’ancien Président Didier Ratsiraka, ou les attaques contre Sobika.com sont certainement issus du même groupuscule que Sobika.com dénomme les « fanatim ». Heureusement écrits sans trop de finesse, ces messages n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs, mais parviennent par contre à contrarier tout débat d’idées serein.

 

Plus que jamais, ce pays a besoin de grandes consciences (et non de « bonnes » consciences), de personnes courageuses capables de défendre des grands idéaux. C’est en fortifiant ces valeurs qu’on peut espérer transformer l’enfer en paradis. Nelson Mandela, Desmond Tutu, l’Abbé Pierre, Martin Luther King ou Aung San Suu Kyi appartiennent maintenant à l’humanité.

Cette dernière, Prix Nobel de la Paix et toujours en résidence surveillée, a eu ces mots qui s’appliquent si bien à Madagascar : «La vérité, la justice et la compassion sont souvent les seules défenses contre le pouvoir impitoyable»

Quand les hommes et femmes droits ne se lèvent pas, et restent tranquillement au chaud dans la « majorité silencieuse », ce sont les violents et les arrivistes qui tiennent le haut du pavé, y compris sur les forums.

 

 

Merci à l'internaute qui m'a envoyé l'illustration. Ce genre de caricature circulerait beaucoup dans le milieu informatique de la Grande Ile. Il reste encore la liberté de rire (de nos malheurs).


Alain Rajaonarivony

 

 


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