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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 14:44


La confédération générale des syndicats des travailleurs (Fisema) a suivi les Assises concurrentes organisées par la HAT (Haute autorité de transition) à Ivato et les« légalistes » au Carlton au même moment, le 2 et 3 avril. Ses conclusions sont tout autant inquiétantes que sans illusions : « aucune amélioration tangible du niveau de vie de la population, ni stabilité pérenne ne sont à espérer ».

 

Présentées par le pouvoir comme l’issue à la crise politique, la réalité a tôt fait de reléguer les Assises à leur vraie place : une grande messe, sans la présence de la partie adverse, servant d’alibi démocratique. Un dialogue tout seul s’appelle un monologue et c’est un peu la philosophie générale au niveau politique en ce moment.

 

Marc Ravalomanana est arrivé à Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine, le 7 avril. Il était accompagné du ministre des Affaires étrangères du Swaziland, qui préside l’organe de sécurité de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). Il a rencontré le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, ainsi que le président de la commission de l’UA, Jean Ping. Il doit s’envoler aujourd’hui, 8 avril, pour Tripoli afin de s’entretenir avec le colonel  Mouammar Kadhafi, président en exercice de l’UA.

 

Cette intense activité diplomatique précède la nomination d’un gouvernement « légal ». Les manifestations pour un retour à un minimum de normalité constitutionnelle continuent sur la place de la démocratie à Antananarivo. La Grande Ile risque de se retrouver avec une direction tricéphale car l’auto-proclamation d’Andry Rajoelina a inspiré l’ancien président Albert Zafy. Le professeur récuse le pouvoir actuel et veut promouvoir les provinces autonomes dont il serait le chef de file.  Monja Roindefo, le Premier ministre de la HAT, répète à longueur de discours que la France débloquera bientôt une aide, semblant ainsi accréditer les rumeurs de sympathies marquées de l’ancienne puissance coloniale au régime en place. Cette référence systématique à l'Hexagone finit par indisposer les Malgaches. Il est vrai que la HAT est en mauvaise posture et a un besoin vital de financements.

 

Les employés de la Banque Centrale se sont mis en grève à partir du 7 avril pour protester contre les intimidations  et les ingérences de la HAT qui violent leurs statuts. Les gens n’en peuvent plus de la méthode Capsat, en référence à ces militaires mutinés dont les comportements ont valu au pouvoir l’étiquette « d’inconstitutionnel » issu d’un « coup d’état » (voir article : « Démocrates, faites un miracle »). Cette violence et ce rejet de toute règle (hiérarchique ou morale) ont traumatisé autant les simples citoyens que les responsables. La HAT n’arrive pour l’instant pas à désigner son ministre de la défense. Etre obligé de signer sa lettre de démission sous la menace d’une kalachnikov n’est pas une perspective de carrière réjouissante et le chef d’état-major, auto-proclamé lui aussi, aurait aimé imposer son poulain. 

 

Dès son accession au pouvoir, Andry Rajoelina avait déclaré que Tiko était « mort ». Ce n’était pas que des mots et les militaires ont même intercepté les camions de glaces et de sorbets pour déstabiliser la société. Les responsables de l’entreprise ont fini par jeter l’éponge et annoncé la fermeture définitive de TIKO. Cette nouvelle fit l’effet d’un électro-choc. Les 3.500 emplois directs perdus, des fournisseurs, prestataires ou fermiers se comptant en dizaines de milliers se retrouvant dans les pires difficultés, ont produit un sursaut de lucidité chez les dirigeants. Le ministre des Finances de la HAT a annoncé le 7 avril qu’un accord a été trouvé pour que la compagnie puisse continuer à exercer son activité, dans le respect de l’orthodoxie douanière et financière.

 

Les produits de première nécessité subventionnés n’auront duré que le temps de vider les stocks de Tiko. Les bénéficiaires de l’huile à prix réduit ont bien vu qu’elle était encore conditionnée dans des futs dûment estampillés du groupe du Président. Les boulangers ont trouvé une parade à la baisse imposée autoritairement de 300 à 200 Ariary pour la baguette. Auparavant, ils avaient en rayon un pain de 115 grammes à 200 Ar et un autre de 165 grammes à 300 Ar. Désormais, seul celui de 115 grammes subsiste. Ces mesures populistes ressemblent à celles qu’aurait pu prendre un pouvoir socialiste révolutionnaire. C’est un peu Robin des Bois qui vole les riches pour donner aux pauvres.

 

Toutes les valeurs de la société ont explosé avec cette dernière crise. Le droit, les lois, la culture, l’éthique, plus aucun précepte n’a été respecté. Tout a été relativisé et sacrifié au profit du seul objectif à atteindre : prendre le pouvoir. Dans une démocratie, la fin ne justifie pas les moyens. Cela ouvre la porte à l’anarchie et à une violence sans fin. Pour l’instant, Madagascar continue sa descente aux enfers. Les bases mêmes de la vie collective ont été ébranlées. Plus que jamais, la Grande Ile a besoin de personnes qui servent de référence morale.

 

 

Illustration : les employés de la Banque Centrale en grève s’abritent de la pluie tropicale sous le auvent de leur établissement le 7 avril.

 

 

Alain Rajaonarivony




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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 10:50




Les crises d’asthme se multiplient parmi les populations fragiles, en particulier les enfants. Les médecins ont déjà relevé ce fait depuis des semaines, quand les premières grenades lacrymogènes ont commencé à être utilisées. Le pouvoir a changé de mains mais les grenades continuent de pleuvoir quasi-quotidiennement suivant les rythmes des protestations.

 

 Les ornithologues ont constaté que les oiseaux ont déserté le centre de la capitale. D’après ces spécialistes, les oiseaux seraient dans leur dernière étape de reproduction et les oisillons ne peuvent pas encore voler correctement. L’écosystème risque d’être perturbé dans les mois à venir s’ils ne peuvent pas migrer vers des lieux plus accueillants. Heureusement, ils ont des ailes et peuvent se passer de visas. Les détonations et les fumées toxiques ne sont recommandées pour aucun être vivant. Antananarivo n’était déjà pas une ville détendue où il faisait bon vivre avant les affrontements politiques. Inutile de s’étendre sur l’atmosphère actuelle ! En tout cas, on n’entend plus un seul piaillement, et les hérons blancs qui volaient en formation ont disparu.

 

 Plutôt que de commenter des Assises sans intérêt qui tiennent plus de la communication événementielle que de l’acte politique, ne servant qu’à donner un vernis démocratique en l’absence de l’autre partie, il est préférable de braquer les projecteurs sur ceux que l’on oublie. Néanmoins, pour les accros de l’analyse, voici le lien de Sobika.com donnant les résolutions de cette réunion. Clicker ici pour les informations parues sur Sobika.

 

Nous avons mentionné l’impact direct qu’aura cette crise sur l’éducation de millions d’enfants en raison des suspensions des accords de coopération entre Madagascar et la Norvège (voir article précédent : « en avant vers l’inconnu… »). Le départ des volontaires américains du Peace Corps, qui enseignaient parfois dans les brousses les plus reculées enlèvent toute chance à leurs élèves de suivre un cursus scolaire. En ville, plusieurs cantines scolaires ne sont plus approvisionnées et financées. Le chômage des parents aura évidemment des conséquences sur la vie quotidienne de la progéniture. Mais seuls les diplomates ont tiré le signal d’alarme. Aucun politicien malgache n’a parlé de mesures d’accompagnement pour protéger les jeunes générations.

 

L’éducation a largement progressé ces 10 dernières années. De 1997 à 2007, les enfants scolarisés sont passées de 1.9 millions à 3.8 millions dans le primaire, soit une augmentation d’environ 100%. Les taux d’inscription à l’école pour les plus petits ont aussi évolué dans le même sens,  passant de 60% à 90%. L’essentiel de l’effort a été fourni par les gouvernements de Ravalomanana qui ont supprimé les frais de scolarité et construit un nombre considérable de salles de classe.

 

Les enfants sont encore plus en danger en cette période trouble. Les conditions sociales sont tellement dégradées qu’elles peuvent favoriser outre la déscolarisation, les fugues et abandons Ce rappel à l’ordre a été diffusé par les diplomates en poste à Madagascar le 3 avril. Il a été publié immédiatement par Sobika.com, suivi par d’autres médias. Je le mets en ligne en décalé pour qu’il ne s’efface pas de notre mémoire. Car les enfants ne peuvent pas s’envoler vers des rivages plus souriants comme les oiseaux. Ils doivent subir la folie des adultes.

 

 

Photo 1 : Des enfants à la fontaine. Corvée nécessaire quand on n’a pas l’eau courante

Photo 2 : des jeunes collégiennes à une manifestation pacifique pour le retour de la « légalité » le 25 mars.

 

 

 

DECLARATION, Antananarivo, le 3 avril 2009.

 

 

La crise politique à Madagascar a eu des impacts importants en particulier dans les domaines de l'éducation, de la santé et sur la sécurité des personnes. L'évolution de la situation, politique ainsi qu’économique, accroissent considérablement le stress au sein de la population. Dans ce contexte, les enfants sont particulièrement vulnérables.


Les droits de l’enfant doivent être respectés dans leur intégralité dans toutes les circonstances. Les enfants doivent être protégés contre toute forme de violence et ne doivent pas être exposés à la violence ni être impliqués dans des actes de violence. Selon la Convention relative aux droits de l'enfant, tout enfant de moins de 18 ans a droit au respect de sa personne et de son bien être physique et psychosocial.


Dans la situation actuelle, nous rappelons à tous et à chacun de protéger les enfants et de prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement favorable à leur protection et développement dans leur communauté, école et famille.

 

Signés par :

 

Ambassade d’Afrique du Sud, Ambassade d’Allemagne, Ambassade de France, Ambassade de Norvège, Ambassade de Suisse, Consulat général de Thaïlande, la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, la Délégation de la Commission européenne, ONUSIDA, UNICEF, PNUD et C. R. SNU.

 

 

 

 

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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 20:34


Le 31 mars, le ton est donné. La place de la Démocratie, instituée par Andry Rajoelina le 17 janvier afin que chacun puisse exprimer librement son opinion était occupée par les détenus politiques qu’il a fraîchement graciés. Ces derniers ont décrété que la place était désormais interdite à leurs adversaires, les « légalistes » demandant le retour du Président par respect pour la Constitution, avec forces menaces à l’encontre des responsables de ce mouvement. Il n’y a eu que peu d’incidents, les « légalistes » ayant annulé leur rassemblement pour éviter la confrontation. Les ex-détenus politiques et leurs amis ont donc pu s’exprimer sur une place aux trois-quarts vide, sécurisée par des militaires.

 

Le nouveau pouvoir vient aussi de décider qu’il fallait désormais une autorisation pour occuper cet endroit. 41 nouveaux membres de la « Haute autorité de la transition » (HAT) ont  été nommés. Pour la plupart connus pour avoir fait partie des différents régimes qui se sont succédés (Zafy, Ratsiraka ou Ravalomanana), leurs attributions exactes ne sont pas encore clairement définies. Tantely Andrianarivo et Pierrot Rajaonarivelo, ex-Premier ministre et vice-Premier ministre en exil ont fait part de leur intention de rentrer au pays.


Ny Hasina Andriamanjato, le ministre des Affaires étrangères de la HAT était arrivé le même jour, le 31 mars à Paris pour une réunion de la Francophonie. Emissaire d’un gouvernement non reconnu sur le plan international, son périple n’est pas de tout repos. Dès sa descente d’avion, il a été hué par quelques compatriotes à l’aéroport de Roissy. Les représentants de l’Union Européenne ont refusé de discuter avec lui au sein de la CPF (Commission Permanente de la Francophonie). Les tentatives de contacts avec le Quai d’Orsay (Ministère des Affaires étrangères français) demeurent pour l’instant infructueuses. Les propos du secrétaire d’Etat français à la coopération, Alain Joyandet, le 29 Mars lors d’une émission sur TV5, étaient sans ambiguïté : Marc Ravalomanana est le seul « Président en titre ». Aucune rencontre officielle n’est prévue, mais peut-être par la petite porte… Quant aux relations avec l’Ambassade de la Grande Ile dont le chef vient d’être destitué par la HAT, elles risquent d’être aussi compliquées.


Pendant ce temps, Marc Ravalomanana est reçu avec tous les honneurs partout où il passe. Au Swaziland où il se trouvait la semaine dernière pour une réunion de la SADC, il a bénéficié d’un traitement de chef d’Etat, résidant dans une propriété luxueuse, à titre d’invité et « non comme refugié » a bien précisé le royaume. Cette organisation a demandé à Andry Rajoelina de quitter le palais présidentiel et suspendu Madagascar de toutes ses institutions.

 

Les sanctions commencent à être durement ressenties dans le système scolaire. La Norvège, qui finance une grande partie du programme « Education pour tous » a marqué sa désapprobation du « changement inconstitutionnel » en gelant sa participation. Elle s’élevait à 32 millions de dollars entre 2004 et 2007 et à 14 millions pour l’année en cours. Le Collectif représentant les 36.000 enseignants menacés dans leurs emplois, ont révélé que ce sont 2 millions d’enfants qui seront privés d’éducation.

 

L’Ariary a commencé à décrocher depuis une semaine passant d’environ 2500 Ar pour 1 Euro à 2605 Ar le 31 mars. Les observateurs s’attendaient, après des mois de vives tensions, à des négociations qui auraient permis une pacification de la situation et une relance du tourisme et des investissements. Ils sont désormais plus pessimistes. Les nouveaux chômeurs se comptent déjà par dizaines de milliers.

 

Les partisans du nouveau pouvoir, arrivé par la rue et contesté par la rue, estiment qu’ils sont victimes de la désinformation pour expliquer leur échec, en particulier à l’international. Les mises en garde d’Augustin Andriamananoro, ministre de l’Information de la HAT, à l’endroit des journalistes, ressemblent étrangement à celles de son prédécesseur, que nous avons pourtant dénoncé tous en chœur lorsqu’il était  webmaster de Madagate.com. (voir article : «Viva la libertad !»).

 

Les « légalistes », loin d’être tous des pro-TIM (Parti présidentiel), tentent de s’organiser pour faire entendre leurs voix. Leur mobilisation lors des dernières manifestations ont démontré qu’ils étaient au moins aussi nombreux que les sympathisants du nouveau pouvoir. Les véhicules de service et les fauteuils ministériels ont changé de propriétaires mais le peuple est toujours dans la rue pour réclamer ce qui lui est dû : la liberté et la justice.

 

Ce 1er avril pourtant, des informations pour l’instant confidentielles incitent à l’optimisme. Andry Rajoelina serait en contact suivi avec Marc Ravalomanana depuis plusieurs jours. Cela se ferait à l’insu des « anciens » de la HAT qui n’auraient pas apprécié la démarche. Mais le jeune dirigeant, malgré ses « côtés gamins » relevés par le reporter de France 24, Valérie Herz, aurait très vite saisi que sa nouvelle stature d’homme d’Etat impliquait de faire passer l’intérêt de la nation avant ceux de ses courtisans et ses inimitiés personnelles. Tout se serait passé par le canal diplomatique d’une puissance amie. Ce ne fut pas facile car la méfiance était de mise. Le dernier incident daterait du discours de Marc Ravalomanana devant la SADC. Andry Rajoelina aurait vertement reproché à son aîné d’affabuler. Mais finalement, ils se seraient mis d’accord sur le processus et un calendrier. Le Président « en titre » reviendrait d’ici quelques jours pour participer aux Assises. Son successeur s’est engagé à respecter pour ce faire sa dignité et son rang. Il sera reçu avec les honneurs. Une déclaration commune sera faite, sans attendre la conclusion des colloques qui risquent de durer, pour rassurer les investisseurs et ramener la paix civile. Pour faire passer la pilule auprès de ses alliés intransigeants, Andry Rajoelina a commencé à octroyer des postes afin de les calmer. Finalement, l’impact de la crise sera peut-être beaucoup moins important que ce qu’on craignait. Mais comme c’est le 1er avril, tout ce dernier paragraphe n’est qu’un poisson. Pardon à tous ceux qui remerciaient déjà le ciel de la sagesse et du « fihavanana » retrouvés.


La tentation était trop forte, à défaut de rêver, de faire de l’humour noir. De toute façon, il paraît que nous ne sommes plus Africains.

 

 

Alain Rajaonarivony

   


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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 15:00








Un homme seul au milieu de la chaussée avance avec son drapeau national. Sur la vidéo, on entend les quolibets de jeunes filles inconscientes qui vont se muer en admiration. La personne sera atteinte de 3 balles à blanc avant qu’un 4x4 Nissan pick-up gris métallisé n’arrive à sa hauteur avec des militaires du Capsat. Il sera embarqué dans la benne sans ménagement avec un de ses compagnons, lui aussi avec un drapeau malgache.

 

Depuis l’instauration de la démocratie à la mode HAT (Haute autorité de transition), c’est donc devenu un délit de brandir le drapeau malagasy dans le centre d’Antananarivo. Les forums ont dénommé ce valeureux individu Razily. J’ignore si c’est son vrai nom. Mais je dis : « Chapeau, monsieur ! »

 

Plus d’une trentaine de blessés, dont plusieurs par balles lors d’une manifestation pacifique ayant regroupé des dizaines de milliers de personnes le 28 mars, peut-être des morts, des coups de feu en rafales, des jets de grenades lacrymogènes... L’ancien Maire devenu «Président de la HAT» veut décidément tout faire comme Ravalomanana.

 

Il n’y a plus de « raiamandreny ». On les a vu sur TV5 pousser le Maire à l’auto-proclamation, ils étaient de retour sur France 24, le 27 mars, pour l’empêcher d’engager des négociations avec le Président, cherchant tous les prétextes devant leurs cadets, muets. Ils ont ensuite chargé ces derniers d’annoncer leurs décisions.

 

Quand les anciens ne modèrent pas les plus jeunes mais les incitent à la violence pour régler leurs comptes et assouvir leurs vengeances, cela donne un festival de trahisons, de bassesses morales et de vilénies qui détruisent la nation.

 

La nouvelle génération doit s’inventer une culture politique et s’éloigner définitivement de ces anciens indignes qui jouent les utilités mais qu’on ne voit jamais dans les manifs ou toute situation un tant soit peu dangereuse. Ce sont des opportunistes qui font le malheur de leurs petits-enfants.

 

Ravalomanana devrait revenir sans poser de condition comme celle d’être reconnu «Président légitime» de Madagascar. Il devrait rentrer comme un «raiamandreny» oeuvrant à la réconciliation nationale. C’est le mieux qu’il puisse faire !

 

Le peuple se révolte. En face, il n’y a que des fusils ! La tentation est grande de prendre aussi les armes.

 

Le « culte géant » de Mahamasina ce 29 mars a rassemblé au moins 35000 fidèles. Officieusement apolitique, c’était en fait une véritable démonstration de force des Protestants traumatisés par le comportement des militaires du Capsat le 17 mars (voir article : «ce n’est pas encore le mot de la fin») et un soutien implicite à l’ex-Président, actuellement en Afrique du Sud.

 

 La grève générale des fonctionnaires commence lundi 30 mars. La HAT va tomber. De nouvelles structures démocratiques doivent être montées d’urgence pour éviter l’anarchie et la guerre civile.

 

Photo de Razily avec son drapeau juste avant son arrestation. (Auteur resté anonyme. Vous devriez vous faire connaître car votre cliché est historique)

 

Lien pour la vidéo de Razily et son drapeau

 

 

Alain Rajaonarivony

 

 

 

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26 mars 2009 4 26 /03 /mars /2009 17:50


Les Etats-Unis ont soutenu Madagascar à travers le Millenium Challenge Account (MCA), (110 millions de dollars sur 4 ans) ou l’Agence américaine pour le développement International (USAID) (166 millions de dollars). En s’engageant dans pratiquement tous les domaines, santé, agriculture, éducation mais aussi la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance…, les Etats-Unis avaient l’ambition de faire de Madagascar un vrai partenaire, fiable et exemplaire. C’est pour cela que les représentants de cette nation ont toujours demandé à Marc Ravalomanana de séparer la gestion de l’Etat de celle de ses affaires. Ils sentaient bien que c’était le talon d’Achille. La boulimie du Président pouvait mettre en péril l’équilibre et l’avenir de la Grande Ile.

 

Encore le 20 janvier 2009, le Général William E. Ward, responsable de l’U.S. Africa Command (US Africom) était en visite officielle à Madagascar et avait rencontré le Président Ravalomanana. Dans le cadre du partenariat militaire, une escadre de l’U.S. Navy devait toucher les côtes de la Grande Ile en juillet prochain. Les Américains auraient ainsi assuré la sécurité du sommet de l’Union Africaine, en renforçant les capacités de l’armée malgache en pleine déconfiture (voir article : « l’armée ? De l’air »).

 

Depuis le « coup d’état » du 17 mars (terminologie du Département d’Etat), les Etats-Unis ont bloqué toute aide non humanitaire et rapatrié tous ses ressortissants non essentiels. Le représentant du MCA vient de quitter le pays avec toute sa famille. Même les missionnaires des Assemblées de Dieu ont pris l’avion.

 

Au niveau de l’aide bilatérale, ce sont bien les Etats-Unis qui sont le premier partenaire de Madagascar et non la France. Et ils sont le deuxième client de la Grande Ile sur le plan commercial en absorbant 25% des exportations.

 

La HAT (Haute Autorité de Transition) se retrouve donc la corde au cou et tente de desserrer l’étau en envoyant des émissaires un peu partout pour expliquer sa position. Elle a très peu de chances d’être entendue. La France, qui voyait en Andry Rajoelina un politicien brillant et d’avenir, a pris ses distances. On commence à parler de « voyoucratie ». Ce résultat n’est ni le fait des pro-Ravalomanana, ni de celui des « légalistes » mais du comportement des éléments du Capsat le 17 mars filmé en direct et diffusé dans le monde entier via Internet. Les vidéos mises en ligne par « Kudeta.over-blog.com » valent tous les commentaires et éditos. Dans une vraie démocratie, ces militaires passeraient en cour martiale. Comme le Président Sarkozy a également parlé de « coup d’état », le Quai d’Orsay ne voit pour l’instant pas d’intérêt à entendre un quelconque messager de la HAT.

 

Le mouvement pour la défense des libertés fondamentales était pourtant bien parti. Les représentants de la société civile (Sefafi et Conecs en particulier) dénonçaient depuis plus d’un an les dérives en matière de bonne gouvernance et la paupérisation d’une partie importante de la population malgré un taux de croissance record (plus de 7%). Les membres de ces organisations étaient préparés à une confrontation pacifique avec un pouvoir devenu sourd aux appels au secours de son peuple (voir le deuxième article de ce blog : «Résolutions du Conecs»). Les dirigeants étaient alors dans leur monde composé de limousines, de jet privé et de palaces 5 étoiles.

 

La jonction entre la société civile et les responsables de la CUA (Commune Urbaine d’Antananarivo) a démarré en septembre 2008. Nadine Ramaroson, secrétaire générale du Conecs (Conseil économique et social) mais aussi responsable marketing de la Savonnerie Tropicale avait l’habitude de mener des actions sociales dans les bas quartiers de la Capitale : distribution de cahiers à la rentrée des classes, de savons pendant des campagnes d’hygiène... A partir de cette date, elle associera Andry Rajoelina à ses campagnes. C’est une des raisons qui explique la composition de la foule du 13 mai, surtout issue des couches populaires.

 

Nadine Ramaroson risquera à tout instant l’arrestation, tout comme le jeune Maire. Elle sera à ses côtés sur la tribune de la Place de la démocratie (voir article : « j’y étais » du 20 janvier). A partir du 31 janvier, jour de l’auto-proclamation d’Andry Rajoelina, elle se fera plus discrète. Son compagnon de route avait à ce moment-là dévié des objectifs de la contestation. Le but était d’amener le chef de l’Etat à respecter les droits des citoyens et d’arrêter sa dérive dictatoriale, pas de prendre sa place.

 

Malgré tout, sa popularité est demeurée intacte et des milliers de signatures avaient été recueillies par une pétition pour lui demander d’être « ministre ». Elle n’avait pas donné suite, considérant que la Place du 13 mai est davantage un lieu d’expression de la démocratie que de « nomination ». La HAT est maintenant mise en place et les mêmes sollicitations reviennent. Comme elle a prévenu qu’elle serait de toute façon une ministre « rebelle » et qu’elle poserait ses conditions avant d’accepter quoi que ce soit, les nouvelles autorités n’ont pour l’instant pas fait appel à elle, craignant tout autant sa notoriété que ses idées.


Ravalomanana a lancé un appel en direct du Swaziland le 25 mars où il s’est rendu pour rencontrer les responsables de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique australe), groupement dont Madagascar fait partie. Il a promis à ses partisans, rassemblés sur la Place de la Démocratie de revenir bientôt. Pour que ce soit un retour réussi, il faudrait que ce soit en vrai « raiamandreny » (à la fois sage et ancien) en contribuant à apaiser les esprits. S'il est dans une autre posture, la violence redoublera et il détruira définitivement son image.  

 


Le nouveau pouvoir a annoncé qu’il préparait des Assises nationales le 2 et 3 avril. L’ONU avait proposé la même chose, appuyé par les diplomates de la place, en particulier l’ambassadeur américain Niels Marquadt  le 10 mars (voir l’article : « un mauvais procès »). Cette proposition avait été rejetée par Andry Rajoelina, de même que le Directoire militaire à qui le chef de l’Etat a délégué ses attributions pour organiser ces mêmes Assises. Aujourd’hui, la HAT se hâte car les manifestations contre elle prennent de l’ampleur. Et à leur tour, ce 26 mars, les contestataires pro-Ravalomanana viennent de refuser ces Assises. Les syndicats de fonctionnaires ont donné 2 jours à Andry Rajoelina pour se démettre du pouvoir (au plus tard le 27 mars). Cet ultimatum doit résonner de manière ironique aux oreilles de l’intéressé.

 

L’Ile Maurice qui ne perd jamais le nord, a proposé d’accueillir le sommet de l’Union Africaine à la place de Madagascar, suspendue par l’organisation. Déjà, elle a capté les touristes en provenance de la Grande Ile. Compte tenu de la crise qui la touche également, elle leur a proposé de rentrer sans visa sur son territoire. Quant au sommet de la Francophonie, Abdou Diouf, son secrétaire général « voyait mal » comment Madagascar pourrait l’organiser étant donné que cette instance envisagerait de suspendre la Grande Ile lors de sa réunion prévue le 2 avril.

 

Les Américains semblent encore croire en la Grande Ile. Google a lancé le 25 mars son 168ème domaine local pour son moteur de recherche. Il s’agit de Google Madagasikara à l’adresse google.mg et les indications y sont en malgache.

 

Le dialogue est en panne, l’appareil d’Etat aussi. Ce 26 mars, il y a eu un blessé lors des affrontements entre les partisans des deux camps à Analakely. Les vrais démocrates sont priés de faire un miracle en rendant incontournables des élections anticipées dans les plus brefs délais.

 


Photo : Nadine Ramaroson distribuant du savon pendant une campagne d'hygiène. Décembre 2008

 

Alain Rajaonarivony




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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 20:23




Ambohijatovo va bientôt devenir aussi célèbre que le 13 mai. La place de la démocratie inaugurée par Andry Rajaolina le 17 janvier  (voir article «Le cœur d’Antananarivo bat pour la liberté») devient effectivement un lieu d’expression populaire. Ironie du sort, ce sont maintenant les opposants du Maire devenu « Président de la Transition » qui l’utilisent.

 

Ce lundi 23 mars 2009, des milliers de manifestants s’y sont rassemblés pour protester contre le nouveau pouvoir, la HAT (Haute Autorité de Transition). Il s’agit davantage d’un mouvement contre la « prise inconstitutionnelle » de la direction du pays par Andry Rajoelina qu’un rassemblement pro-TIM, parti présidentiel en pleine débandade. Même son secrétaire général et ancien ministre de l’Economie, du commerce et de l’industrie, Ivohasina Razafimahefa a quitté le pays le 18 mars au soir. Devant prendre l’avion d’Air France, il fut bloqué à Ivato et n’a dû son salut qu’à la compassion du ministre de la sécurité intérieure de la HAT, Organès Rakotomihantarizaka. Finalement, il a pu embarquer et partir.

 

La manifestation s’est passée dans le calme, sauf au moment de son dénouement où un 4x4 de militaires a créé une petite panique quand ses occupants ont tiré en l’air au passage. On a vu les banderoles « Avereno Dada » (Faites revenir Papa), demandant le retour de Marc Ravalomanana.

 

Encore passablement désorganisés, les contestataires ont promis de revenir régulièrement sur la Place de la démocratie. Le mouvement devrait monter logiquement en puissance. Les jours qui viennent seront un test crucial pour la HAT. Objet de l’opprobre de la communauté internationale, elle doit éviter toute tentation de répression violente pour ne pas brouiller encore plus son image. Sa marge de manœuvre est étroite.

 

Pour l’instant, le nouveau pouvoir a poursuivi les passations dans les ministères qui disposent déjà de leurs responsables comme les Affaires étrangères et l’Intérieur. Le reste de l’équipe gouvernementale sera connue dans les jours qui viennent.

 

 

Alain Rajaonarivony

 

 

 

 

 

Photo 1 : La manifestation du 23 mars avec une banderole de soutien à Ravalomanana bien visible

Photo 2 : Le 4x4 des militaires qui a semé la panique


 

 

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21 mars 2009 6 21 /03 /mars /2009 18:43


Depuis le 17 mars, vers 11h30 où le Président a remis à un Directoire militaire les pouvoirs qu’il détenait de par le suffrage universel, la responsabilité de tous les événements qui se succèdent dans le pays incombe désormais à la Haute Autorité de Transition.

 

Si la démarche du Président n’est pas explicitement écrite dans la Constitution, il y a néanmoins une jurisprudence dont il s’est inspiré. Il a suivi l’exemple du Président Philibert Tsiranana en 1972. Ce dernier, voyant qu’il perdait le contrôle de la situation, a délégué tous ses pouvoirs à l’Armée pour faire revenir l’ordre. Il avait alors demandé au Général Gabriel Ramanantsoa, le plus ancien dans le grade le plus élevé, de gérer cette période délicate. En confiant au Vice Amiral Hyppolite Ramaroson Raharison la tâche de sortir le pays de la crise et d’organiser des Assises nationales, Marc Ravalomanana était dans les traces de son prédécesseur.

 

Ce qui n’est pas prévu dans la Constitution par contre, mais vraiment pas, c’est que des soldats sous les ordres d’un commandant braquent leurs fusils sur des médiateurs, des diplomates et des généraux pour arracher la décision en faveur d’un futur « président ». Les hauts gradés qui devaient diriger le Directoire ainsi qu’un médiateur, le Pasteur Lala Rasendrahasina ont été bousculés, menacés et emmenés de force à la caserne du Capsat, siège des militaires contestataires. De là est ressorti une ordonnance qui transférait les pouvoirs du Directoire à Andry Rajoelina, sans contrainte bien sûr. Cette mascarade a ensuite était validée par la Haute Cour Constitutionnelle, sous l’impulsion de l’ancien responsable de cette Institution, Norbert Ratsirahonana.

 

Le Pasteur Lala Rasendrahasina, un des médiateurs, connu pour ses sympathies envers le Président, a eu droit à un « traitement spécial » tenant de la torture psychologique.

 

Le FFKM (Conseil œcuménique des Eglises), faisant office de facilitateur, représente la plus haute autorité morale du pays. L’ambassadeur menacé était celui d’un pays ami, les Etats-Unis d’Amérique, la plus grande puissance du monde. « J'ai pu voir de mes propres yeux jusqu'à quel point on a eu recours à la force dans ce coup d'Etat. Moi-même, j'ai été menacé verbalement et avec des fusils…» racontera-t-il dans un quotidien. Quand aux officiers molestés, ce sont les plus hauts gradés de l’Armée, représentant l’autorité suprême pour ceux qui portent un uniforme.

 

Andry Rajoelina a donc maintenant le pouvoir, mais au prix de toutes les transgressions morales et juridiques. Et ce ne sont pas les circonvolutions sur la sémantique constitutionnelle de Norbert Ratsirahonana, magistrat et ancien chef d’Etat par intérim qui y changeront quelque chose. En apparaissant ainsi au dernier moment pour tenter de justifier ce coup de force, il a fait le désespoir d’un certain nombre de Malagasy. Il a lui aussi perdu son aura de « raiamandreny » (parent empreint de sagesse), tout comme Jacques Sylla. L’ancien Premier ministre traîne maintenant sa réputation de « traître » depuis son apparition surprise sur la place du 13 mai le samedi 14 mars. Il était le chef de la délégation présidentielle lors des négociations, ce qui amène à se demander s’il ne les a pas torpillées sciemment pour accélérer la chute du Président.   

 

Une des premières décisions de la Haute Autorité de Transition fut de suspendre un parlement moribond, dont beaucoup de membres s’apprêtaient pourtant à retourner leurs vestes, le jeudi 19 mars. La charge symbolique était trop forte et a décidé Paris à condamner « le coup d’état », bien après la Norvège, la SADC (Southern African Development Community) dont fait partie la puissante Afrique du Sud, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Etats-Unis…

 

Au plus fort de la crise, le Président Ravalomanana a présenté des excuses à la Nation et demandé la tenue d’Assises nationales pour débattre des problèmes ailleurs que dans la rue. Cette proposition a été rejetée par Andry Rajoelina. Le chef de l’Etat a alors proposé de mettre son poste en jeu dans un référendum. Son jeune adversaire n’a pas voulu non plus de cette solution. Acculé, le Président a transféré ses pouvoirs à un Directoire militaire. On sait ce qu’il en est advenu.

 

Non seulement, les membres de la Haute Autorité de Transition n’ont pas cherché à exploiter les possibilités présentées ou à faire des contre-propositions, mais semblent avoir souhaité l’humiliation du chef de l’Etat. Un mandat d’arrêt a même  été lancé contre lui sur la place du 13 mai. La seule constante dans la démarche était de vouloir mettre Andry Rajoelina dans le fauteuil du Président. On est loin de la demande de respect des libertés fondamentales du début du mouvement.

 

Le parcours du jeune maire est un copier-coller de celui du Président poussé à la démission. Le « meurtre du père » est un phantasme qui tient une place centrale dans l’Œdipe. Il fait partie des phases normales du développement psychique. Il se résout quand l’enfant trouve un autre objet d’amour et ne rentre plus en concurrence avec la figure paternelle. Le phantasme disparaît et l’enfant passe à un autre stade. S’il perdure, c’est qu’il y a un problème qui implique parfois la responsabilité du père et que le psychologue doit analyser. Mais ce n’est pas à toute une nation d’en subir les conséquences.

 

La HAT a juste quelques jours pour démontrer qu’elle a des capacités exceptionnelles à gouverner, étant donnée la montée des périls dans le pays et l’isolement total au niveau international. Passé ce délai, la violence dont elle a fait preuve pour arracher le pouvoir risque de se retourner contre elle.

 

Pierrot Rajaonarivelo, !’ancien vice-Premier ministre en exil, a fait état de ses liens avec le Maire et qualifié « d’amateurisme » sa façon de procéder.

 

La France, une fois de plus, s’est trompée dans le timing. Elle a été la dernière à reconnaître en 2002 la victoire de Marc Ravalomanana. Cette fois-ci, son nouvel ambassadeur, Jean-Marc Châtaigner s’est précipité au Palais d’Ambotsirohitra le 19 mars, dès sa descente d’avion, pour rencontrer le nouvel homme fort, donnant l’impression d’être le premier diplomate et le seul à apporter son onction au coup de force. Sans une mise au point rapide et convaincante de ce geste ostentatoire, l’ancienne puissance coloniale peut s’attendre d’ors et déjà à un retour de bâtons dans les futures relations bilatérales car Andry Rajoelina est mal parti. Comme disait Jean Faure, Président du groupe interparlementaire d’amitié France-Madagascar, « dans une démocratie, on ne prend pas le pouvoir à la pointe du fusil » (voir l’article : «La France impliquée dans la crise, de gré ou de force»). Le 17 mars, devant les ecclésiastiques et les diplomates ébahis, cette scène fut jouée au premier degré.

 

Ce samedi 21 mars, le stade de Mahamasina était plein pour « l’investiture » du Maire à la tête de la Haute Autorité de Transition, à l’image de celle de Marc Ravalomanana en 2002, officialisant sa victoire aux élections présidentielles. Tout pareil !

 

Aucun ambassadeur n’était présent à la cérémonie. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre le nouveau pouvoir sur la place de la démocratie à Ambohijatovo.

 

Nicolas Sarkozy, le Président français a « mis en garde » le nouveau pouvoir sur la prévention de « l’intégrité physique » du Président Ravalomanana. Histoire d’éviter un « passage à l’acte ». L’ancien chef de l’Etat aurait décidé de rester dans la Grande Ile…

 

Photo 1 : un blindé devant le palais présidentiel d'Ambotsirohitra

Photo 2 : politicien, militaire et diacre, le trio gagnant pour réussir un coup d'état mais à éviter dans une démocratie

Photo 3 : Andry Rajoelina recevant l'ambassadeur de France, jean-Marc Châtaignier le 19 mars


 Alain Rajaonarivony

 

 


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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 23:46


Paris, le 18 mars 2009

 

A Mr le Président Ravalomanana

 

J’ignore où vous serez quand je publierai cet article, mais j’espère que vous serez assez au calme pour le lire. Je tenais à vous écrire dans ces circonstances où vous devez sentir la solitude. Car je suis certain que les personnes à qui vous avez octroyé postes, honneurs et richesses éviteront de vous contacter.

 

 Depuis octobre 2001 où nous nous sommes connus, je ne vous ai pas été de trop mauvais conseil. Mais quand je vous ai suggéré, dès 2005, de ne pas vous représenter pour un deuxième mandat en 2006 afin de devenir un exemple en Afrique, vous aviez sans doute trouvé que j’y allais un peu fort (1). D’ailleurs, les lèches-bottes et autres lâches qui composaient votre cour ont dû vous conforter dans l’idée contraire.

 

Aucun d’entre eux n’a cherché à vous raisonner et à vous empêcher de dévier. Ils n’étaient de toute façon pas nommés pour cela. Le deal était clair : ils vous servaient de larbins et en contrepartie, ils pouvaient se servir. Vous avez donc continué votre chemin tout seul sans plus personne pour vous dire « non » comme en 2002. Qu’est-ce que ça vous énervait quand on vous résistait ! Qui plus est quand on avait raison ! Mais au moins, cela vous remettait en cause et infléchissait votre décision.

 

C’est pour cela que vos deux premières années à la tête du pays ont été largement positives même si des dérives se faisaient déjà sentir (les détaxations sur mesure pour faire rentrer le matériel de Tiko en juillet 2002 par exemple). Vous aviez encore votre garde d’intellectuels pour vous conseiller et vous défendre. Au fur et à mesure que votre pouvoir se consolidait, ils se sont retirés ou vous les avez virés. Vous pensiez vous en sortir seul et vous avez décidé de vous appuyer sur votre puissance financière pour acheter les consciences et amadouer vos adversaires.

 

Mais on n’achète ni l’intelligence, ni la fidélité.

 

Revenez à vos premiers amours, Mr le Président. « Fahamarinana » (Vérité) et « Fahamasinana » (Sainteté) avez-vous clamé ! Vous les appliquiez déjà si mal au début avant de les renier totalement. Vous avez vu le résultat. On peut se moquer de tout, sauf de Dieu ! Vos devins, «mpanandro» et autres « spécialistes » du genre ne vous ont servi à rien, sauf à vous tromper et à vous donner une fausse assurance. Vous vous êtes rendu compte de vos erreurs, trop tard cependant pour sauver votre fauteuil. Mais il ne l’est pas pour sauver votre âme, et faire en sorte que les années qui vont suivre soient bénéfiques pour vous-même et le pays.

 

Vous avez délaissé vos fidèles mais eux n’ont pas renié leurs idéaux. « Efa eto andala-pandehanana ! » («nous sommes sur le point de partir») avez–vous confié à Mamy Andriamasomanana dès que vous avez signé votre démission. Vous étiez en contact suivi avec lui depuis des semaines, et lui avec moi. Les larmes me sont montées aux yeux quand il m’a répété vos dernières paroles au moment de votre départ de Iavoloha.

 

Je me permettrais de vous conseiller de lire Esaïe 3, Mr le Président. Tout comme Nelson Mandela lors de ses années de privation de liberté, vous pouvez profiter de ce moment de solitude pour retrouver les fondamentaux de la vie et laisser en final une image de vous positive pour les générations futures.

 

Je vous recommande à la Grâce de Dieu.

 

Votre dévoué

 

Alain Rajaonarivony

 


(1) Article : « La tentation fatale » repris en partie dans ce blog : « c’était écrit : une logique implacable et prévisible » du 19 février 2009

 

 


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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 14:21


URGENT

Paris, le 17 mars à 14h30

 

Le Président Marc Ravalomanana  a signé sa démission, aujourd’hui mardi 17 mars à à 11h30 heure de Paris.

 

Actuellement, le chef de l’état démissionnaire est en train d’être exfiltré par une puissance amie, les Etats-Unis d’Amérique.

 

Marc Ravalomanana a remis ses pouvoirs à l’Armée afin que celle puisse instituer un directoire chargé de sortir le pays de la crise. Sa direction incomberait au Vice Amiral Ramaroson Rarison Hyppolite.

 

Ironie du sort, le plus ancien dans le grade le plus élevé serait l’Amiral Didier Ratsiraka.

 

Actuellement, on étudierait la possibilité de faire glisser le pouvoir des militaires à un gouvernement civil.

 

L’article 52.3 de la Constitution permettrait la mise en place d’un gouvernement collégial assurant l’intérim jusqu’aux futures élections présidentielles

 

 

Alain Rajaonarivony

 



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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 00:56


Le samedi 14 mars, la place du 13 mai a renoué avec ce qui est maintenant une tradition. Après 12 jours d’absence, Andry Rajaoelina est réapparu pour faire son discours, comme d’habitude ponctué d’un ultimatum. Cette fois-ci, le Président avait 4 heures pour démissionner. Cela fait toujours son petit effet et il a eu droit aux ovations.


La fête a pourtant été gâchée par un élément inattendu. L’apparition sur la place du 13 mai de l’ancien Premier ministre Jacques Sylla, sensé être le clou du spectacle, fut une véritable douche froide pour certains militants. Monsieur Sylla était le chef de délégation du Président lors des négociations au « Hinty ». Il est Président de l’Assemblée nationale en titre et un des responsables du parti présidentiel TIM. Willy Razafinjatovo, avocat plus connu sous son surnom de « Olala » datant de sa période estudiantine contestataire, considère que la présence de son confrère (Jacques Sylla est aussi avocat) «pourrait salir le mouvement».


Les trahisons vont s’accélérer puisque dans la foulée ont suivi Kaleta, élu influent du Sud-Ouest apparenté TIM, spécialiste du retournement de veste, et d’autres moins connus désirant ne pas rater le coche. Tout ce beau monde est donc venu au secours de la victoire attendue pour le samedi soir. Dans la matinée, le «Premier ministre de la Transition»,  Roindefo Monja, a pu entrer à la Primature avec son escorte, le bâtiment étant déserté.


Simultanément, tandis que le Maire demandait la démission du chef de l’Etat, une demande de déchéance était déposée à la Haute Cour Constitutionnelle. On ne sait trop d’où les proches d’Andry Rajoelina tenaient l’assurance que le chef de l’Etat allait céder. Dans l’après-midi, ce dernier sortira à la rencontre de ses partisans, massés devant le Palais d’Iavoloha pour le « protéger », et déclarera : «Oui, bien sûr, je suis toujours le Président». Il ajoutera plus tard : «Je ne démissionnerai jamais».


 Le dimanche 15 mars fut plus calme avec deux cultes organisés, l’un sur la place du 13 mai avec des participants vêtus de blanc « pour chasser les ténèbres », l’autre devant le Palais de Iavoloha. Certaines prières devaient être antagonistes. Mais le Seigneur étant ce qu’Il est, Il a dû faire le tri.


Le lundi 16, les prières étaient remisées jusqu’au dimanche suivant pour faire place à l’action. Le Maire a demandé à la frange de l’armée obéissant à ses ordres d’arrêter le Président. Dans le même temps, le «Cercle de réflexion des gendarmes (Officiers généraux, Officiers supérieurs, Officiers subalternes, Sous-officiers)» sortait un communiqué précisant qu’il ne prenait «ni le parti de Monsieur Marc Ravalomanana, ni celui de Monsieur Andry Rajoelina». Il ne cautionnait en outre ni «les conflits armés,  ni toute autre forme de violence» et ne pouvait accepter «un coup d’état». Les divergences au sein des forces armées apparaissent ainsi de manière claire. Dans la soirée, une centaine de militaires ont pris « d’assaut » en plein centre-ville un Palais vide, celui d’Ambotsirohitra, mais devant les caméras des télévisions étrangères. Ce fut une belle opération de communication.


Pour l’autre Palais, où habite le Président, les hésitations sont perceptibles. Iavoloha est défendu par la Garde Présidentielle qui a consolidé ses lignes. Sauf défection de ses éléments, toute attaque se soldera par un bain de sang, aussi bien des militaires que des civils qui ont établi des barrages. L’Etat-major proche des contestataires tergiverse donc et assure ne pas vouloir en arriver à cela. 


Le référendum proposé par le Président pour sortir de la crise a été rejeté par Andry Rajoelina car «le peuple s’est déjà exprimé». La situation est pour l’instant bloquée. Paris en appelle à «un dialogue élargi conforme à l’état de droit» afin «de trouver une issue pacifique», par la voix du porte-parole du Quai d’Orsay. Le «Peace Corps», une agence indépendante du gouvernement américain va rapatrier ses 112 volontaires travaillant dans l’éducation, la santé, la lutte contre le Sida ou l’agriculture.


 Il y a maintenant deux peuples, celui du 13 Mai et celui d’Iavoloha. La démarche du Maire prend de plus en plus l’aspect d’un coup d’Etat. Un véhicule blindé défonçant le portail du Palais d’Ambotsirohitra, au JT (Journal Télévisé) de 20 Heures sur les chaînes européennes ne renvoie pas franchement à une image de démocratie.



Alain Rajaonarivony

 

 


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