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  • Alain Rajaonarivony

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19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 14:39

 

 

 

 

 

Ce lundi matin du 18 septembre, alors que j’émerge et me prépare un café pour me réveiller, j’allume machinalement la télé sur Aljazeera, une chaîne d’infos en continu en anglais…et j’entends parler en malagasy. Surpris, je regarde l’écran. Il s’agit d’un reportage sur les galères des chercheurs de saphir à Ilakaka suivi de celles des coupeurs de bois de rose dans les forêts du Nord, de pauvres Gasy qui risquent leurs vies pour quelques Euros. Manquer d’oxygène dans les mines, ou descendre d’énormes rondins de la forêt à la rivière peut s’avérer extrêmement périlleux, voire mortel.

 

Aljazeera a l’habitude de laisser parler les personnes interviewées dans leur langue, sans superposer dessus la traduction. Je suis, pour une fois, l’émission sans avoir besoin des sous-titres en anglais. Cela m’impacte d’autant plus… Le reportage se focalise sur cette misère et  cet espoir d’une vie meilleure jamais concrétisée mais je sais pertinemment que des margoulins de haut vol et en haut lieu engrangent des millions de dollars sur leur dos. Les bénéficiaires de ces trafics voyagent en jet privé, font du shopping à Paris ou passent leurs vacances aux Etats-Unis. Ils ne vont pas se gêner, ils disposent des leviers politiques et financiers et n’hésitent pas à faire arrêter les quelques Malagasy courageux qui osent dénoncer leurs méfaits.


A cet instant, je comprends que le temps des fines analyses, pragmatiques, win-win, relativement justes et pertinentes que je partage depuis des années pour ramener à la raison des dirigeants partis moralement en vrille, est dépassé. Ils ont tellement outrepassé les limites, celles du droit comme de la conscience, qu’ils en arrivent à tout oser. C’est même à ça qu’on les reconnaît*…😁

 

La situation ne laisse le choix qu’entre engager une guerre totale contre les corrompus, dans le style de la Colombie contre Pablo Escobar, avec tous les risques de dégâts collatéraux et de sang innocent versé, ou espérer un miracle, une prise de conscience générale.

 

J’ai toujours pensé que le problème de Madagascar était autant spirituel et psychologique qu’économique, politique ou social.

J’ai, par conséquent, lancé un appel à l’aide au Très-Haut, pour que le peuple voit de nouveau qu’il y a un espoir pour les justes et les personnes bonnes et honnêtes…😊
 

Psaume 5 :

10 Dans leurs propos, tout est malice, et ils ne pensent qu'à détruire. Dès qu'ils se mettent à parler, on dirait un tombeau qui s'ouvre ; leur langue se fait enjôleuse.

11 O Dieu, fais-leur payer leurs crimes et que, par leurs machinations, ils provoquent leur propre ruine, et, pour leurs méfaits répétés, ô Dieu, qu'ils soient chassés car ils te sont rebelles. 12 Mais que tous ceux qui trouvent un refuge en toi soient à jamais dans l'allégresse et poussent de grands cris de joie, car ils sont sous ta protection ; et que tous ceux qui t'aiment se réjouissent grâce à toi. 13 Eternel, tu bénis le juste et tu le couvres de ta grâce, comme d'un bouclier.

 

*Voir « Les tontons flingueurs », un film de 1963, avec les dialogues de Michel Audiard.

 

Alain Rajaonarivony
Le 19 septembre 2023.

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5 septembre 2023 2 05 /09 /septembre /2023 14:37

 

 

 

En ce mois de septembre 2023, le 30 pour être précis, Mahery « fêtera » sa première année de cellule… Un an juste pour l’empêcher de parler et de révéler des faits gênants pour le pouvoir. Les accusations iniques et les vices de procédure ont été légion pour pouvoir l’incarcérer.

Je lui ai rappelé l'histoire : « Souviens-toi de Nelson Mandela ! Il a passé 27 ans en taule ». Faut bien positiver un peu !…😁  
Mahery est actuellement le seul homme politique malagasy que je connaisse qui accepte la prison pour rester fidèle à ses convictions et ce, malgré les accords plus ou moins vicieux qui lui sont proposés pour être libéré en échange de son silence.

 



Une fois, il me dira : « Sans Dieu, on ne tiendrait pas ici ! »

La foi est une force que beaucoup ignorent. Il ne suffit pas de citer des versets bibliques à longueur de discours, il faut accepter d’écouter Celui qu'on prétend être son Seigneur et le respecter.

Psaume 37 :

39 Le salut des justes vient de l'Eternel: il est leur forteresse dans les moments de détresse.

40 L'Eternel les secourt et les délivre, il les délivre des méchants et les sauve, parce qu'ils cherchent refuge en lui.

 

Voir aussi article : Mahery, l’antithèse du 7 février.

Et à ceux qui ont tout fait pour l’envoyer au cachot, je rappellerai cet autre passage du même psaume 37 :

 

35 J'ai vu l'homme violent dans toute sa puissance: il s'étendait comme un arbre verdoyant, 36 mais il est passé et il n'existe plus; je le cherche, et je ne le trouve plus.

37 Observe celui qui est intègre et regarde celui qui est droit, car il y a un avenir pour l'homme de paix, 38 tandis que les rebelles sont tous détruits, l'avenir des méchants est réduit à néant.

A un moment ou à un autre, ce sera la fin. Mieux vaut choisir ne pas mal finir…😁 

 


Photo : Pendant les premiers mois de son incarcération, Mahery et son épouse Doris Rakoto Samuel, ont donné à manger à 250 prisonniers, compagnons d’infortune.

Alain Rajaonarivony.
Le 5 septembre 2023.

 

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15 août 2023 2 15 /08 /août /2023 17:35

 

 

 

Un grand Monsieur s’en est allé "avec son habituelle dignité" comme l'a écrit sa belle-fille dans son hommage sur Facebook. Fils de bonne famille, il a mené une vie flamboyante durant sa jeunesse. Toutefois, sa personnalité, son éducation et la rigueur protestante l’ont conduit à entreprendre.
 

Photo 1 : André Ramaroson et le Président Tsiranana lors de l'inauguration de la Savonnerie Tropicale en 1967.

 

En 1967, il fonde la Savonnerie Tropicale, l’entreprise familiale inaugurée cette année-là par le Président de la République, Philibert Tsiranana, lui-même. Cette société était emblématique, et l’est toujours, car elle fût l’une des premières et des plus modernes entreprises fondées après l’indépendance, à capitaux malagasy. Elle traversera les crises et les révolutions, parfois cible politique mais toujours fierté de la nation.


André et sa femme Odette, qu’il avait épousée le 31 août 1957, auront 5 enfants : Nadine, Danick, Thierry, Joelle et Corinne.

 

Le couple crée aussi  le premier centre pour handicapés de Madagascar, les «Orchidées Blanches», en 1972, qui deviendra une référence dans le domaine de l’aide aux enfants autistes et handicapés mentaux souffrant de déficiences psycho-cognitives.

 

Photo 2 : André et Odette Ramaroson. J'ai pris cette photo en juillet 2012, alors qu'ils m'ont fait l'amitié de m'inviter au restaurant avec mon fils Mikael, lors de leur passage à Paris.

 

André n’était pas un politicien - et la politique n’était pas sa tasse de thé - mais en tant que membre de la société civile et entrepreneur, il s’intéressait à la vie de la nation. Ce n’est pas tout-à-fait un hasard si Nadine est devenue ministre de la Population et des Affaires sociales en 2009. Elle avait fait sienne la maxime de son père : « Madagascar n’est pas un pays pauvre, mais son peuple a été appauvri ». Nadine a donc lutté pour valoriser et protéger ses concitoyens les plus démunis. Elle dénoncera la corruption et les différents trafics qui ruinent le pays. Elle connaîtra une fin tragique le 28 août 2011. Ce drame marquera profondément André et Odette.

 

Comme beaucoup d’intellectuels de sa génération, André Ramaroson avait rêvé de voir Madagascar décoller et a lutté pour cela. Les quelques fois où nous avons discuté, j’ai parfois bien ri alors que nous parlions de choses très sérieuses. Il avait ce que l’on pourrait qualifier d’humour un peu british…😊

 

Il s’est éteint le 14 août 2023, à 86 ans. Le flambeau revient maintenant aux générations suivantes.

Alain Rajaonarivony
Le 15 août 2023.

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22 juillet 2023 6 22 /07 /juillet /2023 12:44

 

 

 

 

Même en communication politique, il y a un minimum d’éthique à respecter : Parmi ces règles, ne jamais impliquer les enfants car ces derniers n’ont pas à être associés aux turpitudes de leurs parents.


Le 16 juillet, dans une émission transformée en meeting de propagande, avec des généraux et des responsables politiques priés de faire la claque, Andry Rajoelina a parlé… de ses enfants, pour justifier sa demande de nationalité française, accordée par décret le 19 novembre 2014. Ce décret avait été signé par Manuel Valls.

 

Il y avait mille façons de faire la pirouette sur cette question, considérée avec quelques raisons par ses adversaires comme de la haute trahison, mais Andry Rajoelina a choisi la fibre affective. Il aurait effectué cette démarche pour permettre à ses enfants d’étudier en France (et en Suisse) sans subir le désagrément de faire la queue à la préfecture pour les renouvellements de visa. Déjà, c’est un argument futile, car des milliers d’étudiants étrangers accomplissent cette formalité régulièrement sans problème. Le visa étudiant est accordé en France pour un an, et son renouvellement assujetti à la réussite des examens. Des enfants de Président n’ont même pas à se préoccuper du certificat de ressources prouvant qu’ils ont les moyens de vivre dans l’Hexagone. Contrairement à leurs condisciples devant trimer dans des jobs d’été, leurs papa et maman disposent de propriétés valant plusieurs millions d’Euros en France.

 

Photo 1 : « J’ai demandé cette nationalité (française) pour préserver la scolarité de mes enfants. Andry Nirina Rajoelina » Message répandu sur Facebook avec bien d’autres, plus incisives encore.

 

Un Président qui demanderait la nationalité de son ancien pays colonisateur pour ce genre de motif « vendrait » donc « son droit d’ainesse pour un plat de lentilles » (Genèse 25 : 29-34)… Mais c’est pourtant ce que Andry Rajoelina affirme avoir fait. Comme défense, il y a mieux!

Le 19 juillet, une fuite au Bac a obligé à prendre le sujet de rechange en Histoire-Géographie, incident qui peut arriver partout. Sauf que le ministère de l’Education a tellement mal géré les choses que les élèves ont subi plusieurs heures de retard. Ils ont dû composer dans la nuit, à la lueur des bougies, la Jirama ayant évidemment coupé l’électricité. Dans le froid aussi, puisqu’on est en hiver, et dans l’insécurité, car des élèves et leurs parents se sont fait attaqués sur le chemin du retour. Bref, un fiasco total pour les responsables. La seule chose réconfortante a été la solidarité citoyenne. De simples particuliers ou des transporteurs ont proposé de ramener chez eux gratuitement parents et élèves.

 

Photo 2 : Une caricature de l’excellent POV, exprimant parfaitement le sentiment de la population qui a violemment ressenti le mépris et la trahison, entre cette demande de nationalité et le naufrage de l’éducation autochtone…euh…nationale.

Aussitôt, tous les réseaux sociaux, les médias, l’homme ou la femme de la rue ont associé le sort des enfants d’Andry Rajoelina à ceux des petits malagasy dans le froid, à la lueur des bougies et parfois le ventre vide, en train de passer le Bac. Le sentiment d’humiliation et de mépris de la part des nantis du pouvoir étaient tel qu’Andry Rajoelina a cru nécessaire de prendre la parole à la place de la ministre de l’Education pour annoncer les mesures de rattrapage. Peine perdue, le remède est pire que le mal. Le télescopage des déclarations présidentielles et de l’organisation désastreuse du Bac est lourd de conséquences. Et c’est Andry Rajoelina lui-même qui a lancé, sans le vouloir, ses enfants dans l’arène, peut-être (mal) inspiré par sa ministre de la communication Lalatiana Rakotondrazafy. Cette erreur risque d’impacter durablement sa vie de famille et son évolution politique, ce qui revient à une vraie double peine.

 

Alain Rajaonarivony
Le 22 juillet 2023.

 

 

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20 juin 2023 2 20 /06 /juin /2023 17:24

 

 

Doris Rakoto Samuel est repassée devant les juges le 16 juin 2023. Le verdict est prévu pour le vendredi 23 juin.

Après avoir failli être arrêtée le 31 mai pour avoir osé brandir un drapeau malagasy et demandé la liberté de manifester sur la place du 13 mai, elle avait été ramassée (en moto) chez elle le 5 juin à 6 heures du matin par les gendarmes, pour être convoyée au tribunal. Elle avait alors écopé d’un contrôle judiciaire.
 

 

Des observateurs internationaux s’inquiètent des dérives autoritaires du régime et s’intéressent à son cas, assez emblématique. Devant la barre, le 16 juin, elle avait récusée les accusations de rébellion à l’autorité. Au contraire, elle a argué qu’étant fille de militaire elle-même (son père était mécanicien-pilote de l’aéronavale), elle avait un grand respect de l’uniforme. Justement, dit-elle, elle veut attirer l’attention du pouvoir sur la nécessité de laisser un espace public où les gens pourront parler et formuler pacifiquement leurs revendications, pour éviter que les frustrations ne s’expriment dans la violence et entraînent une dégradation du vivre-ensemble. Elle avait reconnu d’ailleurs devant l’officier de l’Emmo-Reg qu’elle n’avait pas d’autorisation mais expliqué plus tard que même si elle l’avait demandé, elle savait qu’on ne le lui aurait sans doute pas accordée.

Dans un pays démocratique, l’action de Doris Rakoto Samuel mérite juste un avertissement, au pire, une amende. J’ai moi-même été témoin au début de l’année d’une manifestation spontanée de jeunes Iraniens sur la place de la Bastille à Paris. C’était le dimanche 22 janvier. Quelques jours auparavant, il y avait eu des manifs mais celle-ci n’était pas déclarée. Les policiers français leur ont demandé de partir car ils n’avaient pas d’autorisation pour déployer les drapeaux et autres banderoles, avec de la musique en fond sonore. Les jeunes ont tenté d’expliquer leurs actions, ça a discutaillé un peu et… ça s’est fini là. Les promeneurs ont continué à déambuler et les jeunes se sont juste assis dans leur coin. Pas d’arrestation, pas d’intervention musclée, rien… Mais la France est un pays de liberté…
😊
 


Condamner sévèrement Doris pour la neutraliser et l’empêcher de parler serait une erreur. Non seulement, ce serait injustifié, mais comme son cas est suivi, en cas de verdict dur (sursis ou condamnation ferme), l’image de Madagascar serait encore plus atteinte.

Dans le passage biblique fétiche des dirigeants, 1 Corinthiens 13, on peut lire aux versets 6 et 7 : « il (l’amour) ne se réjouit pas de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité; il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. »

Avec l’énorme doute sur la tenue des élections présidentielles et les incroyables tensions politiques actuelles, il est peut-être temps pour les dirigeants de jouer l’apaisement. Et pour ceux d’entre eux qui affichent fièrement leurs convictions chrétiennes, de revenir aux fondamentaux et d’appliquer dans la vraie vie ce qu’ils énoncent du haut de la tribune.

Logiquement, le président Andry Rajoelina devrait présenter sa démission au mois d’août s’il ne brigue pas un nouveau mandat. S’il ne le fait pas, cela voudrait dire qu’il ne rempile pas. Quelle que soit l’option, le gouvernement est en sursis. Deux mois, ça passe vite…

Photo 1 : 31 mai 2023, à Antananarivo. Screenshot de la tentative d’arrestation de Doris le 31 mai. Le slogan de l'Etat actuellement : Soyez fier de lever votre drapeau. Encore faut-il pouvoir!…😁
Photo 2 : 22 janvier 2023 à Paris. Manifestation non autorisée de jeunes soutenant l’Iran. Les policiers leur ont signifié qu’ils n’avaient pas d’autorisation. Les jeunes ont traîné un peu. Il ne s’est rien passé. La dame qui rigole au premier rang, c’est Marie-Lucie Evangelista-Rajaonarivony, mon épouse…

Alain Rajaonarivony.
Le 20 juin 2023.

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 15:17

 

Le message de Mahery Lanto Manandafy que j’ai relayé sur mon mur Facebook  le 6 février 2022 m’a inspiré cette analyse car il est l’antithèse de la tuerie du 7 février 2009. Il y entend clairement que « la fin ne justifie pas les moyens ». Soit exactement l’inverse de ce qu’affirment les théoriciens de la « Haute politique à la Gasy », assez représentatifs de cette partie de la petite-bourgeoisie merina, qui se prennent pour des intellectuels hors-pairs. On ne massacre pas des innocents pour arriver au pouvoir, en faisant en plus porter le chapeau à son adversaire.
 

 

Photo 1 : Une partie du message de Mahery Lanto Manandafy sur les réseaux sociaux refusant la violence et exhortant le pouvoir à l'apaisement, tout en montrant sa détermination à lutter contre une éventuelle dérive dictatoriale.

 

 

Il suffit d’écouter la vidéo de France 24 sur les évènements de 2009 pour comprendre que tout était prémédité. Que sont devenus ces vieux politiciens frustrés qui énonçaient sentencieusement :

« Tsy maintsy manao accusation…Il faut trouver des chefs d’inculpation ; Par exemple Ravalomanana est un criminel…Ravalomanana est un traître… » ?

La veille du 7 février 2009, j’avais reçu l’information qu’il  allait y avoir un « flot de sang » (rà mandrika) mais je ne l’ai pas cru, tellement ça me semblait fou pour un mouvement qui se voulait pacifique, demandant la liberté d’expression. Et je savais que Ra8 n’était pas un criminel… (voir article : «Massacre du 7 février : Le témoignage qui disculperait Marc Ravalomanana»).

 

 

Photo 2 : Réunion en 2009 dans le reportage de France 24 : "...Il faut trouver des chefs d'inculpation ; Par exemple, Ravalomanana est un criminel..."

 

 

Andry Rajoelina est maintenant au pouvoir depuis 2019 pour pratiquement un 2ème mandat. Désolé, mais il n’a pas réussi à démontrer qu’il n’était « pas plus nul que le Président Ravalomanana » (cf. vidéo France 24). On ne peut pas tricher en multipliant les mises-en-scène et les promesses en permanence. A un moment donné, il faut des résultats tangibles et ils ne sont pas là. Sur les trois ans, Il aurait fallu encourager par exemple l’augmentation de la production rizicole, pas importer des bateaux de riz du Pakistan par dizaines.
 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ses adversaires les plus farouches ne sont pas dans l’opposition mais dans son propre camp. Ca prend diverses formes, comme ces personnages qui démolissent son image en s’abritant toujours derrière lui pour faire passer leurs vilénies ou ceux qui considèrent qu’ils devraient pouvoir outrepasser la loi, plus que ne le permet déjà le président. Ces derniers seraient prêts à tout… Andry Rajoelina est tellement décrédibilisé qu’on parle de nouveau de coup d’état, de militaires, de transition...

 

C’est pour cela que Mahery Lanto Manandafy a anticipé dans un message sur les réseaux sociaux le 6 février 2022 : « Je ne prendrai part à aucune campagne de déstabilisation comme des barrages économiques qui ne feraient du tort qu’au petit peuple… »

Car c’est toujours le petit peuple, les pauvres et ceux des bas-quartiers, les ambany tanana, les mainty, qui servent de chair-à-canon, pour les ambitions de cette petite-bourgeoisie qui aimerait être grande. Mahery, qui représente un courant de plus en plus fort dans l’opinion, se dit prêt à aider Andry si ce dernier voulait s’engager dans un gouvernement d’apaisement afin de terminer son mandat dans une certaine sérénité pour le pays. Car une « transition » serait « un saut dans l’inconnu »...
 

 

Photo 3 : Pour le triste anniversaire du bain de sang du 7 février 2009, les photos de jeunes gens "sacrifiés" ce jour là parce qu'ils pensaient lutter pour la démocratie, sont apparues sur les réseaux sociaux. Hommage à eux!

 

 

Dans le cas où Andry Rajoelina serait, par contre, tenté par une « solution extrême », une « dictature » pour tenter de se maintenir au pouvoir, il le combattrait quitte à y laisser sa vie. Mahery Lanto Manandafy est de ceux qui sont prêts à mourir pour leurs idéaux, et certainement pas à faire tuer d’autres, contrairement à certains politiciens et maffieux sans scrupules. C’était aussi le cas de Nadine Ramaroson (voir article : «Les vrais hommes de ce pays sont... les femmes»).

 

« A Madagascar, les présidents sont fragiles et les crises politiques s’inscrivent dans la durée » concluait Virginie Herz dans son reportage de 2009. Rien n’a vraiment changé, sauf la maturité de quelques personnes comme Mahery Lanto Manandafy qui ont appris de l’histoire. La vie humaine est précieuse, les dirigeants qui comprennent cela sauvent leur peuple et se sauvent eux-mêmes…

«…il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.» Luc 15:10

 

Alain Rajaonarivony
Le 7 février 2022.

 

 

 

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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 12:13

 

 

Le samedi 22 janvier 2022, à 18h57, Overblog m’a envoyé ce message de manière automatisée dans la rubrique « Report d’un abus ». En fait, ce message, je ne l’ai ouvert que bien plus tard, étant donné que c’était le week-end.

 

  Photo 1 : Le message qu'Overblog m'a fait parvenir.

 

 

« Bonjour,

 

Un visiteur de votre blog Le blog de Alain Rajaonarivony vient de reporter un abus sur l'une des pages de votre blog. Ci-dessous les informations de votre visiteur :

 

    Type d'abus : Atteinte aux marques, diffamation, atteinte à la vie privé ou droit à l'image d'un tiers

    Description : Madame, Monsieur, cet article est diffamatoire et propage des informations erronnés nous vous demandons de supprimer immédiatement cet article. A défaut nous vous poursuivrons en justice. Avec mes sincères salutations

    Raisons : Arterail a vendu des locomotives, mais elles ont été révisées et en parfait état de fonctionnement contrairement à l'article. je reste à votre disposition pour toue précision. bien cordialement

Si la plainte de votre visiteur est fondée, merci de bien vouloir supprimer texte, image, vidéo ou fichier mis en cause.

Afin de régler l'éventuel litige de façon amiable, merci de vous mettre en rapport avec l'auteur de la plainte si nécessaire.

Cet email vous a été envoyé automatiquement suite à un report d'abus sur votre blog : alainrajaonarivony.over-blog.com ».

 

 

C’est en fait le même système que sur Facebook lorsque qu’on signale une publication inappropriée ou violente. « Un tiers », - qui n’a pas signé et dont on n’a finalement pas la certitude  qu’il s’agit d’Arterail -, considère que les locomotives livrées à la FCE étaient « révisées et en parfait état de fonctionnement » et que l’article est « erroné » et « diffamatoire » Etant donné que cet interlocuteur cite Arterail, je vais donc me concentrer sur ce point. Il faudrait s’entendre sur les mots. Ce qui était dit dans l’article, c’est non pas que les locomotives ne fonctionnaient pas (elles roulaient en Espagne) mais qu’elles n’ont pas reçu les adaptations nécessaires, en particulier les freins-à-vide et les attelages pour être mises effectivement en service de manière autonome sur la FCE.

L’article, « 2nde partie : La FCE, Cosette en guenilles», ne laisse place à aucune ambiguïté à ce sujet :

 « Le contrat prévoyait quand même certaines mises-à-niveau comme la mise en place des freins-à-vide mais rien n’a été fait. D’où le fameux scandale des « locomotives sans frein ».
… En réalité, elles disposent d’un bon freinage, mais à air comprimé incompatible avec les freins-à-vide des wagons de la rame. (Voir les articles : «
Madagascar : TGV en mode années 60 ou vrai TGV ?» et «FCE : Le train freiné dans son élan»)
»

 

 

Photo 2 : Documents de 2019 précisant les préconisations pour les attelages et les freins-à-vide. Il y est précisé : "la fourniture des pompes à vide est incluse".

 

Dans ce document de septembre 2019, il est bien noté « en revanche,  la fourniture des pompes à vide est incluse ». Les freins-à-vide auraient alors dû être posés, sauf si évidemment, c’est la FCE elle-même ou ses techniciens qui ont renoncé à cette option. C’est une possibilité qui expliquerait que cela n’ait pas été fait. D’ailleurs, la non-mise en place des attelages et des freins-à-vide est relevée dans l’article mais n’est pas imputée à qui-que-ce soit.

 

Les techniciens de la FCE se sont débrouillés pour changer certains attelages mais n’ont jamais pu résoudre les problèmes de freins-à-vide.


 Dans ce document aussi, il est précisé que « la RENFE…doit planifier la révision des deux locomotives destinées à être exploité », ce qui n’est nullement remis en cause.

 

Cette absence de freins-à-vide a obligé la FCE à atteler la GE U10B immatriculée BB 1502 du 24 décembre 2020 jusqu’à fin juillet 2021 avec l’Alsthom AD12B BB 246 qui fournissait le freinage de la rame. A partir de cette date, fin juillet 2021, ce fut au tour de la BB 1503 de prendre place, toujours avec la BB 246, pour effectuer le service. Mais sans cette dernière, aucun train n’aurait pu rouler.

 

D’autre part, Arterail est juste cité comme le partenaire d’une autre société, Emergeo, qui est l’interlocutrice du Ministère des Transports.

 

Néanmoins, je vais essayer de contacter Arterail dès que possible pour entendre leurs versions et je vais mettre en stand-by l’article pour l’instant. Car l’objectif du blog est de donner des informations exactes.  En fonction de ma discussion avec Arterail, je remettrai l’article corrigé si nécessaire. Et en attendant, je leur ouvre le blog pour un Droit de réponse, s’ils le désirent.

Je pense que je ne peux pas être plus transparent et plus conciliant.

 

Ceci étant, le fond de l’article n’est pas Arterail mais le contexte politique malagasy de 2015 à 2019, le choix du matériel et les conditions d’achat des locomotives. Et surtout, il détaille la souffrance des cheminots de la FCE qui doivent se battre au jour le jour pour maintenir en vie la BB 246 qui pallie à l’absence de freins-à-vide sur les BB 1500 incapables de freiner les rames, qu’elles soient marchandises ou voyageurs (voitures ANF et anciennes voitures suisses).

 

Ajoutons à cela la détresse des usagers, obligés parfois de s’entasser dans des wagons marchandises par manque de place, à cause de l’insuffisance des trains.

 

L’article remanié retiendra les précisions que l’on me communiquera. J’ai peut-être un peu trop prématurément écrit « Fin » après le 3ème article de ma série : « Madarail-FCE, Cendrillon, Cosette et la déliquescence de l’Etat »…😊

 

Alain Rajaonarivony
 

 

Mise-à-jour du 28 janvier 2022

 

Après ma prise de contact avec la société Arterail le lundi 24 janvier, cette dernière a effectué une enquête interne. Le 26 janvier, elle m’informait que ce signalement n’émanait pas de ses services.

 

J’ignore si cette attaque sous false flag (faux drapeau) est l’œuvre d’un mauvais plaisantin, comme il en existe beaucoup sur les réseaux sociaux, ou de personnes ayant d’autres motivations. J’ai entrepris cette démarche de vérification auprès d’Arterail car l’éthique et la déontologie sont pour moi des valeurs importantes. Tout dans la formulation tendait à faire croire c’est elle qui était à l’origine du signalement, en s’estimant lésée « dans son image », aucune autre marque ou personne n’étant citée. Ce n’est pas le cas, l’article a été republié, sans modifications, en son lieu et place le 27 janvier 2022 :

Madarail- FCE : Cendrillon, Cosette et la déliquescence de l’Etat

2nde partie : La FCE, Cosette en guenilles.

 

Alain Rajaonarivony

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 11:30

 

 

3ème partie : Le rail pour l’amour du peuple

 

1ère partie : Madarail, Cendrillon aux nouveaux habits

2nde partie : La FCE, Cosette en guenilles

 

 

Concernant Madarail et la FCE, le gouvernement applique littéralement la parole de Matthieu 13 : 12 « …on donnera à celui qui a et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on enlèvera même ce qu'il a. »

 

Alors que Madarail obtient des locomotives ultra-modernes (EMD G20-3) et des voitures-voyageurs tout aussi récentes en 2022 (voir article : «Madarail, Cendrillon aux nouveaux habits»), la FCE est réduite à l’état de 4Mi (enfants des rues), une Cosette en guenilles qui devient un musée du matériel ferroviaire des années 60 (voir article : «La FCE, Cosette en guenilles»). Et le peu de subventions qu’on lui octroie est même détourné à d’autres fins. 

En ce qui concerne les voies et les infrastructures, celles du réseau Nord sont remises à niveau par l’état, le réseau Sud, lui, se débrouille comme il peut.

 

Comme certains aiment bien le chiffre 13, on peut continuer avec le verset suivant de Mathieu 13 : 13 « C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient pas et qu'en entendant ils n'entendent pas et ne comprennent pas ».

 

 

Photo 1 : La population se réjouit de l'arrivée des "nouvelles locomotives", les GE U10B, en novembre 2020, à Fianarantsoa.

 

 

Ceci peut s’adresser à tous les gogos et à la plèbe qui se sont réjouis des promesses (présidentielles) sur les « nouvelles » locomotives peintes en orange qui allaient dénouer leurs difficultés pour évacuer leurs produits agricoles. Ils allaient pouvoir voyager, le train étant la seule voie de communication possible dans leur région. Ces pauvres gens n’ont toujours pas compris pourquoi les « nouvelles locomotives » ne peuvent être en service qu’attelées à la « vieille » Alsthom BB 246 et qu’il n’y a qu’un train tous les deux jours, faute de matériel de traction (voir article : «FCE : Le train freiné dans son élan»).

Pendant ce temps, les GE UM6B (BB 711 et 712) de Madarail, arrivées en mars 2021, sont rentrés immédiatement en service, sans tambours ni trompettes, au début sans avoir même eu le temps de changer leur immatriculation sud-africaine (91013 et 91018).

 

Photo 2 : Les GE UM6B 9103 et 91018, encore avec leurs immatriculations sud-africaines, mises au travail dès leur arrivée en mars 2021.

 

 

Et en février 2022, arriveront les vraies locomotives high-tech, vraiment neuves, les trois EMD G20-3, AD 1901, 1902 et 1903. On peut parier que leur réception sera sobre et qu’elles tracteront immédiatement des rames de citernes ou de containers sur l’axe Tana-Tamatave. « L’argent n’aime pas le bruit », comme dirait Laurent Gbagbo, l’ancien président de Côte-d’Ivoire. 

 

En considérant que Madarail bénéficie des largesses de l’Etat depuis que Andry Rajoelina est revenu au pouvoir en 2019 alors que la FCE ne profite que des effets d’annonce, je suis d’avis de retrouver un peu de cohésion.

Comment expliquer que Madarail ait pu s’adresser à «African Railway Systems», une entreprise ferroviaire reconnue sur le plan international, alors que la FCE est passée par «Emergeo» ? Comme c’est l’Etat qui paye tout le matériel, on aurait pu adresser une commande groupée pour faire des économies d’échelle et avoir une standardisation des machines facilitant la maintenance. African Railway System possède, par exemple, dans ses offres, la G15, petite sœur de la G20-3, moins lourde, avec une puissance de 1400 cv, l’équivalent des GE U10B, mais avec une conception bien plus moderne. La FCE aurait pu ainsi disposer aussi de locomotives neuves et fiables pour une artère ferroviaire cruciale pour des centaines de milliers de paysans malagasy. C’est une possibilité parmi d’autres, mais on a choisi la pire.

 

Photo 3 : Fiche technique de la G15, petite soeur de la G20-3

 

 

Des « pourquoi », il peut y en avoir dans tous les sens. Les réponses, elles, seront : manque de vision à long terme, absence de défense des intérêts de l’Etat et des générations futures, pressions d’institutions internationales et de groupes économiques, calcul à courte vue, corruption, etc…
 

La seule réponse adéquate et pertinente pour moi est que l’Etat doit réunifier les réseaux Sud et Nord et renationaliser le rail. Et quand je dis « réunifier », c’est aussi physiquement en construisant le tronçon manquant Antsirabe-Fianarantsoa, prévu depuis la colonisation, idée reprise par Dadabe Tsiranana et Hery Rajaonarimampianina, mais jamais concrétisée.

 

Rien que la réalisation de cette ligne planifiée depuis des décennies (ce n’est pas pour rien) impacterait de manière profonde l’économie de trois provinces, Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina en accélérant et en améliorant la sécurité des flux de marchandises et des personnes. Les tonnages pourraient augmenter de manière importante et au niveau social, des milliers de personnes pourraient voyager de manière plus sereine (loin des accidents mortels des Sprinter), plus confortablement et plus économiquement. Les Malagasy pourraient prendre le train, toutes classes sociales confondues. Ce qui contribuerait à l’apaisement d’une société divisée entre ultra-riches (très souvent corrompus) et très pauvres. Oui, mais voilà, cela gênerait les intérêts de certains, qui profitent pour l’instant de l’immobilisme de l’Etat.

 

 

 

Photo 4 : Gare de Soarano, le 25 décembre 1987 au petit matin : La BB 224, avec sa rame de voitures Soulé, s'apprête à partir pour Tamatave tandis que l'autorail ZE 812 va démarrer pour Antsirabe. Cette photo, je l'ai prise sur le quai alors que nous partions pour Antsirabe avec notre fille ainée, après être revenus de Tamatave la veille par le train. Ces trajets n'existent plus pour l'instant. Les petits-enfants attendront pour refaire le même voyage (Photo@Alain Rajaonarivony)

 

 

 

Normalement, un gouvernement doit s’occuper des difficultés présentes de la nation tout en préparant l’avenir afin que les générations futures ne vivent plus ces mêmes problèmes et que leurs conditions de vie s’améliorent par rapport à leurs aînés.
En 1960, on pouvait prendre le train pour Tamatave, Ambatondrazaka ou Antsirabe depuis Antananarivo et inversement. Et on pouvait joindre Manakara depuis Fianarantsoa.
En 2022, où en est-on ? On aurait légitimement pu espérer la multiplication et l’amélioration des liaisons existantes. Qu’ont fait les présidents gasy des espoirs du peuple ?

 

Seul Dadabe Tsiranana a travaillé. Didier Ratsiraka a gardé le statut-quo, Zafy s’est laissé bouffer par ses ministres véreux qui montaient des entreprises concurrentes de la RNCFM sous des prête-noms. Quant à Ravalomanana, sa seule préoccupation, c’était la route. Or, ces deux voies de communications sont parfaitement complémentaires et nécessaires. Il aurait pu empêcher cette braderie de la société d’Etat et même rebooster cette dernière comme il l’a fait avec Air Madagascar ou la Jirama. Mais cela ne l’intéressait pas, il préférait programmer l’autoroute Tana-Tamatave. C’est ce même projet que reprend Andry. Faut-il s’étonner qu’avec ce genre de vision, Madagascar avait 30% de pauvres en 1970 et 92% en 2017 ?
 

 

Photo 5 : Didier Ratsiraka en 1982

Photo 6 : Communiqué de la Présidence (Andry Rajoelina) en 2019


 

Annonce des effets d’un travail de gestion rationnelle et d’un objectif à long terme en 1982 par Didier Ratsiraka :

- 9 locomotives (Alsthom Ad12B BB 230 à 238)

- 1 autorail (ZE 701)

- 4 locotracteurs (BB 401 à 404)

- 7 voitures-voyageurs (ZR 723 à 729)

- 60 wagons de marchandises

- 57 wagons à ballast.

 

Effets d’annonces en 2019 par Andry Rajoelina :

- 4 « nouvelles  » locomotives, vieilles de plus de 50 ans, dont 2 offertes, sans freins-à-vide et sans attelages conformes (voir article précédent : «La FCE, Cosette en guenilles»).


Or, s’il y a bien une société qu’il fallait chouchouter étant donné son impact sur la vie de centaines de milliers de personnes, c’est la FCE. Et contrairement à la JIRAMA, qui est maintenant endettée d’1 milliard de dollars (contre 40 millions de bénéfice en 2009…), il aurait fallu juste quelques millions d’Euros judicieusement investis. Mais même cela, ce pouvoir n’est pas capable de le faire.

 

Donc, c’est clair pour moi, si Dieu me prête vie, en 2023, je considérerai d’un œil favorable le candidat qui aura le courage de mettre la nationalisation du rail dans son programme. L’intérêt du peuple passe avant le satisfecit de financiers internationaux qui n’avaient pas hésité à faire du chantage aux aides afin d’obliger le gouvernement malagasy à se défaire d’une entreprise emblématique dans les années 90. Le rail est par ailleurs un des symboles de la souveraineté au même titre que le pavillon d’une compagnie aérienne.

 

Ce candidat devra avoir le courage d’affronter les pressions de la Banque Mondiale, d’institutions ou de puissantes entreprises privées, plus prédatrices que patriotes, qui poussent à la privation des biens de l’Etat. Par conséquent, pour l’instant, ce ne sera ni Andry, ni Ra8, à moins que l’un ou l’autre ne se rende compte entretemps de l’importance de cet héritage pour la nation.

 

Fin

Alain Rajaonarivony

 

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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 08:51

 

 

 

2nde partie :  La FCE, Cosette en guenilles

 

1ère partie : Madarail, Cendrillon aux nouveaux habits

 

 

Pour la FCE, Andry Rajoelina a repris un projet de son prédécesseur Hery Rajaonarimampianina dont les techniciens étaient en négociation depuis 2015 avec la Feve, en Espagne, pour l’achat de 2 locomotives Alsthom AD16B (1600 cv) de 1981 mais entièrement réhabilitées (voir article : «Madagascar : TGV en mode années 60 ou vrai TGV ? »). 

Ce n’était pas un mauvais plan, les Alsthom sont connus des cheminots malagasy et Madarail avait fait la même opération en 2003 quand elle s’est installée à Madagascar. Elle avait acheté à l’époque sept AD12B d’occasion du Portugal. Remises à niveau, elles lui sont revenues à 500.000 Euros l’unité. (voir article : « Le prix des locomotives, le prix du développement»).

 

Photo 1 : Les Alsthom AD16B auraient été immatriculées BB 641 et 642 à la FCE

 

 

Mais, pas de bol pour la FCE, par magie (aah ! le surnaturel à Madagascar…😊), les AD16B de 1981 révisées se sont transformées en GE U10B vieux de plus de 50 ans (1964) en fin de potentiel. Le budget débloqué par le ministère des Transports est, par contre, resté conséquent.

Sur la facture d’achat figurait même encore des AD16B. Mais les petites mains du ministère (ah, ces miracles…😊) les ont transformé en Feve 1500, ce qui ne veut rien dire sur le plan technique (c’est le nom de la compagnie et la série d’immatriculation). Au début, le ministre lui-même semblait ignorer que les locomotives arrivées n’étaient pas des AD16B. Il a fallu qu’un technicien qualifié lui explique son erreur…

Si Madarail s’est adressé à «African Railway Systems » pour ses locomotives, la FCE, elle, a choisi «Emergeo». Sur le coup, je n’ai pas percuté et je me dis que c’est un prestataire européen que je ne connaissais pas. Je cherche sur Internet et je tombe sur une société dont le siège est à …Antananarivo, Villa Pradon. Son cœur de métier semble être plutôt l’aviation. Son capital est assez conséquent puisqu’il est de 100 milliards d’Ariary mais son site internet est difficile à trouver (...😁 ), contrairement à «Arterail», son partenaire qui s’est chargée du transport des machines. Arterail est une entreprise connue dans l’ingénierie et les systèmes ferroviaires. 

 

Photo 2 : Document Emergeo-Arterail de formation à la conduite des BB 1500 pour la FCE

Photo 3 : Facture Emergeo pour les GE U10B de la FCE

 

 

La facture initiale d’Emergeo au ministère des Transports s’élève à 14 milliards et 359 millions d’Ariary (14.359.000.000 Ar) pour les 2 locomotives GE U10B immatriculées 1503 et 1506 à la Feve, les 2 autres, les 1502 et 1508 ayant été offertes par les Espagnols.

 

Au taux officiel de 4200 Ar/1 Euro utilisé dans l’annexe 2 de l’avenant n°7 (pour garder une comparaison pertinente), ces 2 machines reviendraient ainsi à 3.418.810 euros, soit à l’unité 1.709.405 euros (1,7 millions d’euros). Pour des locomotives de 1964 que la FEVE prévoyait d’arrêter définitivement le 21 janvier 2020 (mise en expiration) et dont les consoeurs restées en Espagne (les 1505 et 1510) sont destinées au musée, c’est chaud ! Elles coûteraient donc  plus chères que les EMD G20-3 ultra-modernes et neuves de 1.900 cv (voir article précédent : «Madarail, Cendrillon aux nouveaux habits»).

 

Photo 4 : Cabine d'une "nouvelle" GE U10B à son arrivée à Fianarantsoa en Novembre 2020. A comparer avec le tableau de bord d'une EMD G20-3 de l'article précédent.

 

 

Les administrations ferroviaires européennes offrent parfois des locomotives pour éviter le coût du démantèlement très onéreux à cause des normes strictes. Et une locomotive en fin de potentiel ne vaut pas grand chose, quelques dizaines de milliers d’Euros.

 

Photo 5 : Les accords Emergeo-Arterail-FCE prévoyaient bien la mise en place des freins-à-vide pour les BB 1500, mais cela n'a pas été fait.

 

 

Le contrat prévoyait quand même certaines mises-à-niveau comme la mise en place des freins-à-vide mais rien n’a été fait. D’où le fameux scandale des « locomotives sans frein ». Par contre, les locomotives ont bien été peintes en…rouge et orange…😊

En réalité, elles disposent d’un bon freinage, mais à air comprimé incompatible avec les freins-à-vide des wagons de la rame. (Voir les articles : «Madagascar : TGV en mode années 60 ou vrai TGV ?» et «FCE : Le train freiné dans son élan»). 

 

 

Photo 6 : La locomotive Alsthom BB 246 en panne en décembre 2021

 

 

 

 

La FCE se retrouve ainsi avec des locomotives semi-opérationnelles depuis un an, étant donné que ces BB 1500 doivent toujours être attelées à l’Alsthom AD12B BB 246 qui assure seule le freinage de la rame.

Toute l’année 2021, la compagnie n’a pu mettre qu’un train en ligne à la fois. La BB 1502 (ex-Feve 1503) et la BB 1503 (ex-Feve 1506) se sont relayées à tour de rôle derrière la BB 246 dont la dernière Révision Générale remonte à 2008. Et quand cette dernière est tombée en panne le 4 novembre 2021, le trafic a été suspendu pendant plusieurs jours. Sans la BB 246, la FCE n’existe plus.

 

 

Photo 7 : La BB 1501 au dépôt qu'elle n'a pas quitté de toute l'année 2021 avec les "nouvelles voitures"... pour l'instant sans toilettes, ni attelages adaptés.

 

 

La BB 1501 (ex-Feve 1502) est restée à l’entrepôt toute l’année 2021. La Feve 1508 est destinée à devenir un magasin de pièces, bien qu’elle soit complète et parfaitement réparable.

En sus, la FCE a reçu des « nouvelles voitures panoramiques » (dixit l’ancien ministre des transports Joël Randriamandranto), en fait,  les anciennes rames Be 4/4 26 et Bt 152 datant de 1966, en fin de potentiel, de  la LEB (Chemin de fer Lausanne-Échallens-Bercher) que la compagnie avait décidé de remplacer. Traînant à Antananarivo depuis 2020, elles ont enfin été convoyées à Fianarantsoa, leur gare d’attache, en décembre 2021. Mais elles ne disposent toujours pas de toilettes, ni d’attelages compatibles et ne sont pas encore opérationnelles.

 

 

Photo 8 : Les rames Be 4/4 et Bt 152 ont fait leur course d'adieu sur la ligne du LEB le 02 févfier 2020, avant de partir à Madagascar et après 54 ans de bons et loyaux services.

 

 

Tout cela n’est vraiment pas rationnel et on peut se demander pourquoi la direction de la FCE ne se révolte pas  et ne réagit pas ? Est-il possible que certains de ses responsables aient un peu trempé leurs biscuits dans le café, même si ce sont d’autres qui ont bu le café, avec la grosse part de gâteau ? Le problème d’un petit poisson qui joue avec des requins, c’est qu’il risque de servir d’apéritif quand ça tourne mal. A Madagascar, la justice rame pour taper plus haut…😁

 

 

Photo 9 : Le 5 mai 2021, la conduite de frein de la voiture du président n'est pas raccordée à la BB 1502.

 

 

Ce sont ces locomotives qu’Andry Rajoelina a inauguré de manière très officielle le 5 mai 2021. Pour que le Président puisse effectuer un petit trajet, les cheminots ont dû atteler la voiture à la BB 1502 sans raccorder les conduites de frein, la seule locomotive freinant la rame. Bien que le risque soit infime sur quelques kilomètres, c’est contre les principes de sécurité de la RNCFM (et de toute autre compagnie ferroviaire, d’ailleurs). Et il s’agit quand même de sécurité présidentielle, mais on est à Madagascar…😊

 

A suivre

 

3ème partie : Le rail, pour l’amour du peuple

 

Alain Rajaonarivony

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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 22:19

 

1ère partie : Madarail, Cendrillon aux nouveaux habits

 

 

 

Comme Cendrillon, Madarail est une ancienne pauvre. Depuis un changement de management en 2009, ses machines étaient moins correctement entretenues. Les révisions étaient parfois effectuées avec des pièces adaptées et non d’origine, et pas toujours en temps et en heure. Les employés se plaignaient de pressions diverses pour les faire rouler malgré tout. Le déraillement d’un train de voyageurs le 3 août 2018, qui a fait plusieurs blessés et trois morts, ne s’est pas produit par hasard. Puis arriva le mois de janvier 2019, où une bonne fée s’est penchée sur l’entreprise. Par un coup de baguette magique, le prince charmant vint et Cendrillon entra au palais avec le prince. Son statut changea. Oui, Madagascar est le pays de belles histoires miraculeuses !...😊

 

 

 

Photo 1 : Décembre 2021 au Mexique : Les AD 1901, 1902 et 1903 sont embarquées direction Tamatave. Arrivée prévue : Février 2022.

 

 

Et donc, l’année 2022 verra le renouveau de Madarail, qui a pu enfin commander du matériel roulant. Quatre nouvelles locomotives EMD G20-3 de 1900 cv et 6 voitures-voyageurs, fabriquées par Ferrovias Del Bajio S.A de C.V, à San Luis Potosi, au Mexique, vont bientôt débarquer à Tamatave. Et quand on dit « nouvelles », cela veut bien dire « neuves ». Elles viennent d’être fabriquées spécialement pour le réseau. Qui plus est, ces équipements sont aux dernières normes technologiques.

 

 

Photo 2 : Tableau de bord de la locomotive G20-3 AD19

 

 

Pour faire respecter son cahier de charge avec ses spécificités techniques propres, Madarail s’est adressé à un prestataire ferroviaire réputé,  la société sud-africaine «African Railway Systems». Cette dernière s’est ensuite tournée vers son partenaire, la «Ferrovias Del Bajio S.A de C.V» pour la construction proprement dite des EMD G20-3 et des voitures-voyageurs.

 

Photo 3 : Tableau de l'Annexe 2 de l'Avenant n°7 avec le prix des locomotives EMD G20-3 AD19.

 

 

- D’après l’annexe 2 de l’avenant n°7, à la « Composante Matériels Roulants », une locomotive G20-3 revient à 5.692.000.000 Ar, soit au taux officiel de 4200Ar/1 Euro appliqué dans l’accord, à 1,4 million d’Euros. A l’époque, au moment de la signature de l’avenant (6 février 2020), le taux était plutôt autour de 3700Ar/1 Euro…

 

- Une voiture-voyageurs coûte 850.000.000 d’Ariary, soit 202.381 Euros.

Il y en a six (2 de Première classe et 4 de 2nde classe) en cours de finition.

 

 

Photo 4 : Trois des six voitures-voyageurs en cours de finition à San Luis Potosi, en janvier 2022.

Photo 5 : Suite de l'Annexe 2 avec le prix des voitures-voyageurs.

 

 

Trois locomotives EMD G20-3  (immatriculées AD 1901, 1902 et 1903) sont parties du Mexique depuis décembre 2021 et devront arriver à Tamatave en février 2022. La 4ème (l’AD1904) sera livrée en même temps que les voitures-voyageurs, quelques mois plus tard.

 

Concernant les 2 locomotives GE UM6B, arrivées à Tamatave en mars 2021, elles reviennent, toujours d’après l’Annexe 2, à 1 milliard 575 millions d’Ariary, soit, avec le taux appliqué de 4200Ar/1 Euro,  375.000 Euro. Si l’on ne tient pas compte de l’écart de change, cela correspond au prix d’une locomotive du même modèle dans le même état sur Internet.  (voir article : «Le prix des locomotives, le prix du développement»).

 

Ces 2 locomotives ne sont pas neuves (elles datent de 1973) mais ont été totalement reconditionnées. Arrivées d’Afrique du Sud, elles sont rentrées immédiatement en service avant même d’être immatriculées (BB 711 et BB 712). C’est la BB 712 qui a déraillé le 12 décembre 2021, heureusement sans trop de casse pour la machine mais avec plusieurs blessés parmi les passagers non répertoriés (« pas dans la voiture voyageurs » selon Madarail).

 

 

Photos 6 et 7 : L'enquête sur le déraillement de la BB 712 est en cours. Les cheminots craignent que cela ne retombe encore sur eux. Certains d'entre eux considèrent que le convoi aurait pu être trop chargé.
Composition de la rame ce jour-là (document Madarail) :
- 2 K35 (wagons couverts chargés de vivres frais)
- 3 DK (fourgons à bagages voyageurs)
- 1 ZR (voiture Soulé) avec 80 passagers.

 

 

Le matériel commandé en 2020 pour Madarail et livré en 2021 et 2022 sera composé de :

-  2 GE UM6B :      375.000 x 2 =   750.000

- 4 EMD G20-3 : 1.403.000 x 4 = 5.612.000

- 6 v.voyageurs :    202.381 x 6 = 1.214.286

Pour un Total de  7,6 millions d’Euros (7.576.286   Euros)

ou 31,8  milliards d’Ariary (31.823.400.000  Ar).

 

Photo 8 : Chapitre 1.4 de l'Avenant n°7. No comment!

 

 

Tout ce matériel a été payé par l’Etat malagasy comme l’explique bien le chapitre 1.4 de l’avenant n°7 signé le 6 février 2020 entre les ministres des Finances, celui des Transports et Madarail et qui n’a pas été rendu public.

 

A cela s’ajoute la Révision Générale de 3 Sifang SDD9 AD19 (4.603.000.000 Ar), et la révision intermédiaire de 5 Alsthom AD12B (2.000.000.000 Ar) payées elles aussi par l’Etat malagasy, comme il est toujours stipulé à l’article 1.4. Seule la révision d’une Asthom AD16B (1.008.000.000 Ar) semble être à la charge de la société, à moins que ce ne soit un oubli du rédacteur… 😁

 

Madarail devrait encore commander 2 GE UM6B et 11 EMD G20-3, normalement à sa charge. Mais par un mécanisme ingénieux que j’ai décrit dans un précédent article (voir : «Le chemin de fer à Madagascar : un combat pour les générations futures»), il se pourrait très bien que ce soit l’Etat qui doive avancer les fonds.
 

 

Après avoir été aussi généreux avec une entreprise où l’Etat ne dispose que de 25% des parts (le reste appartenant à des intérêts privés), on pourrait s’attendre à ce que le gouvernement soit royal avec la FCE, une société à 100% à capitaux étatiques.

 

A suivre

 

Prochain article : La FCE, Cosette en guenilles

 

Alain Rajaonarivony

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