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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 22:46

 

CES-En-tete-49-candidats.jpg

 

 

Andry-Nirina-Rajoelina-N-50.jpg49 candidats s’étaient inscrits dont 1, Me Avoko qui s’est désisté. Edgar Razafindravahy, le maire désigné (PDS) d’Antananarivo a fermé la marche à 2 minutes de la clôture des bureaux en ce dimanche 28 avril 2013 (voir article : «Présidentielles en république bananière»), par superstition peut-être. Oui, Edgar pensait que les derniers seront les premiers. Mais derrière lui, il y avait encore quelqu’un…

 

Le communiqué de la CES du vendredi 3 mai 2013 commence ainsi :

«Considérant que depuis le 6 jusqu’au 28 avril 2013 à dix-sept heures, date et heure d’expiration de dépôt de candidature prescrites par le décret n°2013-154 susvisé, quarante-neuf candidats, dont les noms suivent, ont déposé leurs dossiers par ordre d’arrivée, au greffe de la Cour, à savoir : …» 

 

Et très bizarrement finit par un candidat n°50 : Andry Nirina Rajoelina. A ses noms de scène connus comme DJ ou TGV, pour les moins méchants, un autre court désormais sur les réseaux sociaux : NINJA. Car il est resté caché mystérieusement et a surpris tout le monde, adversaires comme amis.

 

Sa candidature aurait été officieusement déposée le 3 mai au matin, hors délai par rapport à la date de clôture des inscriptions. C’est pour cela qu’on ne dispose d’aucune information dessus. Et toujours aussi officieusement, le prétexte était sa visite au Vatican à la fin du mois dernier, où il a rencontré le pape François 15 minutes le 26 avril. Et comme le relève TanaNews, qu’a-t-il fait entretemps ? Il était à… Paris.

 

Ce forcing, au mépris des accords signés et des règlements en vigueur ressemble tellement à une pantalonnade que même le terme de «coup d’état institutionnel» semble trop noble. Plus rien n’est respecté, ni la morale, ni les lois, on ne cherche même plus à sauver l’image. Bref, c’est Madagascar, mais en pire que dans le dessin animé du même nom. Aucun scénariste n’aurait osé imaginer cela, même pas pour le roi Julien (voir article : «Happy King Julien Day !»)…

 

Juges-corrompus.jpg

 

La corruption des juges de la CES est désormais avérée et publique. Sensés représenter l’élite morale et intellectuelle du pays, ils ne sont que le reflet fidèle de la déchéance spirituelle de dirigeants qui devraient êtres des sages mais qui n’ont plus aucune vision de ce qu’ils réservent à leurs descendants, la génération future. Se raccrochant à un présent matérialiste, quelques avantages financiers et honneurs surfaits, ces personnes sont déjà mortes moralement selon la conception malagasy : «Ny fanahy no maha olona». Derrière cette énième trahison du peuple, on pourrait sans doute retrouver Norbert Ratsirahonana, l’homme du «changement extra-constitutionnel»

 

Madagascar est devenue une immense piste de danse : 49 candidats déclarés à la Présidentielle, plus un 50ème, totalement hors-norme.

 

Menteurs, voleurs, tricheurs et assassins, en plus d’être corrompus et vendus à des intérêts étrangers, les politiciens gasy et la pseudo-élite qui gravite autour d'eux sont-ils vraiment représentatifs du peuple ? Andry Rajoelina aurait promis de retirer sa candidature si Lalao Ravalomanana retirait la sienne. On ne sait plus si on doit en rire ou en pleurer mais son comportement relève de l’irresponsabilité totale, et moins de la politique que de la psychologie. Marc Ravalomanana prévoirait de revenir en catastrophe…

 

Je réitère mon appel pour que l’armée soit désormais du côté du peuple, de tout le peuple (voir également article : «Refondation : l’armée malagasy aussi, svp !…») pour éviter tout drame dans les jours qui viennent, tant l’écoeurement chez la population est profond et violent…

 

Si les Malgaches ne veulent pas se lever pour dénoncer cette souillure du «Hasina malagasy» (les valeurs sacrées), alors ils peuvent continuer à danser. Plus personne ne peut rien faire pour eux….

 

Documents : Bla-bla de la Cour électorale spéciale qui se mélange les pinceaux : 49 candidats, 50 noms… (photo Facebook. Merci à l'auteur, Patrick Raharimanana, je crois, jeune candidat à la Présidentielle).

 

Photo : Juges, quels juges ? Ils amènent une malédiction sur le pays et les générations futures et ont droit à tous les noms d’oiseaux sur les réseaux sociaux, "vendus" et "corrompus" étant les plus sympas (photo récupérée sur Facebook).

 

Alain Rajaonarivony

 

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 11:53

 

 

La FFKM, fédération des églises regroupant les catholiques et les grandes organisations protestantes de Madagascar, bataille ferme depuis deux semaines pour essayer de trouver une solution viable à la crise que vivent les Malgaches depuis maintenant 4 ans. Par sa grande concertation ouverte le 18 avril et réunissant les parties antagonistes, elle essaie de se racheter de son indignité de 2009. A cette époque, elle s’était totalement départie de son rôle de recours moral.

 

La FFKM parle maintenant de refondation de l’Etat, de la nation, de la Constitution, etc… Je lui propose aussi très pragmatiquement de se pencher sur une refondation de l’armée. Car cette institution a été instrumentalisée depuis 1975 par les politiciens et a perdu son âme au même titre que la magistrature ou d’autres institutions. Mais sa déchéance a des conséquences terribles sur la vie de la nation. Plusieurs officiers ont participé au coup d’état. Certains généraux ont accepté d’être corrompus par Marc Ravalomanana avant de se mettre au service de son rival. D’autres ont cru vraiment agir pour quelque chose de positif, comme le «commandant Charles» qui n’en finit pas de faire son mea-culpa (voir article : «Les lémuriens du 7 février»). Certains enfin, ont été mis en prison sous une fausse accusation, comme le Général Raoelina, afin de couvrir les agissements d’officiers félons.  

 

Soafara-et-Ratsirahonana-2.JPG

 

Didier Ratsiraka, dès son accession au pouvoir après l’assassinat du colonel Ratsimandrava le 11 février 1975, a fait emprisonner plusieurs de ses collègues, abattre d’autres, des témoins gênants. Il a fusionné les états-majors de l’armée de Terre, Mer et Air pour mieux les contrôler et institué le recrutement ethnique en lieu de la compétence à l’Académie militaire, introduisant ainsi une rivalité malsaine qui se retrouve dans l’armée jusqu’à présent. De cette manière, il a réussi à maîtriser cette dernière, devenue le pilier de son pouvoir. C’est lui qui a commencé à nommer des généraux, sans tenir compte de l’importance numérique des troupes. On en est maintenant à 150 généraux pour 30.000 hommes (un chiffre pléthorique totalement hors-normes) car ses successeurs ont perduré dans l’habitude de nommer leurs «copains». A son crédit, parce qu’il était lui-même officier, il avait modernisé l’armée, en particulier l’aviation. N’importe quelle puissance aurait réfléchi à 2 fois avant d’intervenir à Madagascar et ce n’est pas pour rien que dans les années 80, la France avait pré-positionné des Jaguar à La Réunion. La Grande Ile pouvait parler de souveraineté.

 

Après sa chute en 1991, tout s’est écroulé au sein des militaires. Il n’en restait plus que les mauvais côtés : indiscipline, corruption, incompétence, matériel non entretenu et non renouvelé… une armée au service des politiciens et non du peuple. Cela s’est ressenti particulièrement durant la période 2009-2012. Sentant sans doute le vent tourner, des généraux sont passés des déclarations tonitruantes contre le retour de l’ancien président à une discrétion plus conforme à leur statut, d’autres prônent une neutralité de leurs corps. Trop tard ! Le peuple a bien vu la déliquescence de cette institution, plus efficace pour combattre les femmes légalistes pacifiques que les dahalo de Remenabila. Le général Richard Ravalomanana lui-même, devenu responsable de la gendarmerie à la vitesse du TGV, reconnaît que ses troupes ne savent pas se battre et prônent des sanctions contre ceux qui s’enfuiraient lors des combats. Ces derniers mois, plusieurs militaires ont été littéralement violés par les dahalo avant d’être libérés. 

 

Or, Madagascar a besoin de son armée pour se protéger des périls qui montent. Ce pays est tellement riche en matières premières que des puissances en décadence économique n’hésiteraient pas à y intervenir pour s’en emparer si nécessaire. On l’a vu en Libye. Et si la Syrie ne connaît pas encore une invasion des troupes occidentales, c’est que sa défense anti-aérienne efficace et le soutien sans faille de la Russie la protègent des appétits déguisés en croisade pour les Droits de l’homme et des pénétrations des avions hostiles.

 

 

Lieutenant Colonel ANDRIAMASINARIVO Lalaina, Pilote de chasJ’en veux particulièrement à Marc Ravalomanana d’avoir détruit l’armée de l'air car ses ressentiments personnels ont pris le dessus sur l’intérêt de la nation (voir article : «L’armée ? De l’air...»). En février 2003, à Paris, je lui avais suggéré lors d’un entretien de remettre en état l’aviation de défense. Il m’avait alors répondu «qu’un avion qui ne vole pas coûte cher». Mais Madagascar n’est pas une immense laiterie (pas plus qu’une piste de danse géante comme a tendance à le penser un DJ inculte) et la souveraineté nationale a un prix. Au lieu de cela, il a fait détruire les hélicos Mi8 qui pouvaient servir contre les Dahalo ou amener du secours pendant les cyclones, parce que les pilotes de ces appareils ont convoyé des armes contre lui pendant la crise de 2002. Il a fait de même pour les transports Antonov ainsi que les chasseurs Mig qui coûtaient des millions de dollars pièce. Il a même commencé à détruire la base aérienne d’Ivato sous prétexte d’agrandir l’aéroport. Avec le prix de Force One II, à 60 millions de dollars, on aurait pu remettre en état une escadrille. Fin 2008, les avions de Tiko et les hélicos de la présidence pouvait constituer une force plus puissante que l’armée de l’air. C’était sans doute un traumatisme de 2002 mais c’était indigne et l’ancien chef de l’état a commencé à creuser sa propre tombe dès 2003. La réaction d’une partie de l’armée en 2009 n’est qu’une façon de lui rendre la monnaie de sa pièce. Marc Ravalomanana aurait pu faire de l’armée son alliée, mais il n’a su se comporter en vrai homme d’état.

 

Il a agi d’ailleurs de même avec les autres industriels malagasy. Au lieu d’être leur leader et de les pousser à constituer un pool économique national puissant comme l’ont fait les Coréens du Sud, il a cherché à les détruire pour assurer son pouvoir. La réponse à cette attitude, on la connaît aussi, toujours en 2009. En fait, Marc Ravalomanana avait prôné le «changement de mentalité» mais il est redevenu finalement très gasy, un mpamisavy malemy, un sorcier aux faibles pouvoirs qui ne touche que ses proches et affaiblit les siens, avec un esprit revanchard. Andry Rajoelina a agi de même, en pire. Il a fait brûler et piller les entreprises Tiko, mettant au chômage des milliers de personnes. Ces usines auraient pu continuer à tourner, quitte à ce que l'Etat les nationalise éventuellement en partie pour rembourser les arriérés d’impôts.

 

Cette crise horrible qui est en train de détruire le pays doit au moins servir à quelque chose. Il faut redonner à chacun sa place dans la nation. Concernant l’armée, elle doit redevenir républicaine, ne plus se mêler de politique, ni tirer contre le peuple qui se saigne aux quatre veines pour payer leurs soldes. Les officiers les plus engagés dans le coup d’état doivent être sanctionnés par une cour martiale à moins qu’ils ne bénéficient des mesures d’amnistie et de réconciliation. C’est à eux de faire en sorte que le peuple ne demande pas leurs têtes, en se rachetant d’une manière ou d’une autre, par exemple en appuyant toutes les mesures d’apaisement et en cessant de réprimer tous les individus qui exercent leurs droits légitimes à manifester.

 

Mig 21 biplace pour la formation des futurs pilotesDans les démocraties, la population applaudit les soldats qui la défendent, à Madagascar, les simples citoyens ont plus peur des uniformes que les malfrats. Désormais, les états-majors doivent bien être dissociés comme dans toute armée moderne. Il n’est pas normal que la gendarmerie, la police et l’armée s’unissent au sein de l’Emmo-Reg pour taper sur les manifestants pacifiques alors qu’elles sont incapables d’assurer un minimum de sécurité dans les villes ou les campagnes. L’armée de l’air doit être réactivée, et pas avec des Alouette II pourris achetés d’occasion en Belgique, juste pour permettre aux corrompus et leurs amis intermédiaires blancs de toucher des commissions juteuses. La Russie dispose d’appareils performants et bien adaptés. Il ne s’agira pas d’une décision idéologique mais patriotique. L’armée malgache disposera de nouveau de ses propres avions et n’aura pas besoin d’aller former ses parachutistes ailleurs. Dans le temps, les paras sautaient des Dakotas, puis des Antonov. Sans la corruption au plus haut niveau, le pillage organisé des ressources, la destruction psychologique des forces vives par la terreur et l’injustice, Madagascar aurait les moyens d’assurer son développement et sa défense. Le jour où il y aura une conférence internationale à Madagascar, ce ne sera pas à la marine américaine, encore moins à l’armée française d’assurer la protection du sommet, mais à l’armée malagasy. Ceux qui ne lui feront pas confiance n’auront qu’à aller se réunir ailleurs. Aucun contingent militaire étranger ne devra plus intervenir sur le territoire national…

 

Le chantier est immense pour la FFKM. Quant à l’armée, jusqu’aux élections, que les dates soient maintenues ou reculées, elle ne doit plus apparaître en tant que force d’oppression. Si c’était le cas, le prochain gouvernement démocratiquement élu et le peuple s’en souviendront et c’en sera fini d’elle. Car elle apparaîtra alors comme une corporation de traîtres et de vendus aux intérêts étrangers dont la nation n’a pas besoin…

 

Photo1 : Soafara Raoelina, la fille du Général Raoelina, demandant des comptes à Norbert Ratsirahonana de passage à Paris le 3 février 2013, sur l’emprisonnement de son père, le Général Raoelina. Ce petit bout de femme, courageuse, est intervenue à visage découvert et sans violence, avec une pointe d’humour noir dans ses pancartes. Cela n’a pas empêché des soutiens du régime de parler de «terroriste», et les membres de l’AVI de «procès». La mésaventure juridique du Vice-premier ministre Hajo Andrianainarivelo, débouté pour l’instant de son procès à Paris contre moi (en attendant son appel), devrait calmer un peu leurs ardeurs belliqueuses (photo fournie par Soafara Raoelina).

 

Photo2 : Cet article a été inspiré par une discussion avec un lecteur et par une photo dans le fil info Facebook, présentée comme celle du Lieutenant-Colonel Andriamasinarivo Lalaina, la seule femme Pilote de l'armée de l'air malagasy, avec comme précision, Base Aéronavale d'Ivato (BANI) en 1997, 3ème Escadrille Malagasy. Mais un autre lecteur m'a précisé qu'il s'agit plutôt d'une pilote de la Corne de l'Afrique, dont plusieurs pays disposaient effectivement des mêmes appareils que la Tafika Anabakabaka Malagasy. Il s'agit en fait de la lieutenant Haimanot Gebremariam, une pilote de l'armée de l'air éthiopienne, qui s'était opposée avec 3 de ses collègues pilotes à la dictature de leur pays en 2007. Ils avaient été condamnés à mort et ont dû s'exiler.

 

Photo 3 : Chasseur Mig21 biplace pour la formation des jeunes pilotes, de la Tafika Anabakabaka Malagasy.

 

 

Alain Rajaonarivony

 

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 21:52

 

 

Le dernier délai pour le dépôt de candidature était fixé au dimanche 28 avril 2013. Et le jour fatidique, ils étaient encore près d’une dizaine à se précipiter pour tenter leur chance à ce gros loto que sont les élections présidentielles dans cette île de plus en plus abandonnée des dieux et cumulant tous les mauvais paramètres économiques, politiques et sociaux. C’est donc l’occasion unique de devenir milliardaire sans effort, ni qualification. Elle est offerte à presque tout le monde sauf à Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, victimes du «ni-ni», terme désignant leur retrait obligatoire du tirage de la cagnotte imposé par la communauté internationale. Il faut dire qu’ils ont déjà bien profité durant leurs années de règne de tous les abus, et ont été sommés de laisser la place à d’autres.

 

41 noms sur 48

 

Ils seront ainsi 48 à tenter de briguer le mandat présidentiel, un record du monde, qui confirme Madagascar à sa place de nation la plus ridicule de la planète, où quatre ans de gouvernance transitoire chaotique l’ont placé. Auparavant, les candidats devront passer quand même par les fourches caudines de la Cour électorale spéciale qui validera ou non leur participation.

 

«Il ferait mieux de s’occuper de sa campagne présidentielle», soupire mon vieil ami Jean Faure, ancien sénateur et ancien président du groupe d’amitié parlementaire franco-malgache. Je venais de lui apprendre que l’avocat d’Hajo Andrianainarivelo avait fait appel de la décision de la XVIIème chambre correctionnelle de Paris qui l’avait débouté de sa plainte contre moi (voir article précédent : «Vice-premier ministre contre le blog»). Hajo Andrianainarivelo fut en effet le premier à déposer son dossier pour tenter sa chance aux Présidentielles. Il a annoncé sa décision dès le 3 avril, c'est-à-dire le lendemain de la décision de la cour qui a suivi le ministère public, et donc l’état français. Il aurait pu s’arrêter là et s’occuper de choses plus importantes pour le pays, d’autant que dans son programme figure en bonne place «la promotion de la liberté d’expression». Mais ce procès semble lui tenir à cœur. C’est vrai qu’il n’a rien pu faire contre Alain Ramaroson, qui l’avait cité nommément dans sa conférence de presse sur l’affaire Nadine Ramaroson. Il a tenté, tardivement, de porter plainte contre lui en décembre 2012, mais a été désavoué par le premier-ministre Omer Beriziky lui-même, et sa démarche s’est finie en queue-de-poisson.

 

Alain Ramaroson, justement, voulait aussi se lancer dans la course à la Présidentielle, et m’avait fait part de ses intentions. Au dernier moment, il se ravisera pour garder une certaine dignité, me dira-t-il, et ne pas participer à une foire d’empoigne qui fait de nous la risée du monde. Il considère que dans ces conditions, aucune élection crédible ne peut se tenir.

 

Il y a de tout dans ces prétendants : des jeunes sympathiques sans aucune chance de gagner, un ex-sénateur condamné pour chèque sans provisions, un ministre fraîchement amnistié d’une condamnation de détournements de fonds, la femme d’un «former president» en exil après un coup d’état, un vieil amiral revenu vite fait au pays après un exil dû à quelques massacres, une flopée de putschistes sous la condamnation de la communauté internationale dont un vice-premier ministre, le maire désigné d’Antananarivo, un général, etc… Bref, que du beau monde…

 

Certains vont sans doute se désister, d’autres seront radiés par le CES, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y aura des retournements et des tensions…

 

Fozaland* ? Yes, we can…

 

*Fozaland, nom donné à la Grande Ile par ceux qui sont écoeurés de la dégradation de la situation. De Foza, écrevisses, surnom des tenants de la révolution orange qui s’est muée ensuite en coup d’état militaro-civil.

Photo : Plaquette de TanaNews avec 48 noms. Me Avoko Rakotoarijaona s'est retiré, Alain Ramaroson a renoncé, sinon on aurait atteint le chiffre de 50 candidats. Le bulletin unique sera ingérable (photo TanaNews. Merci!)


 

Signature Hazo Tozzi Green JPEG

Document : signatures de Hajo Andrinainarivelo pour l’état malagasy et de Tozzi Green, une entreprise italienne, pour 7000 Hectares de terrain pris sur des villages, des cours d’eau, des pâturages, des tombeaux sur le plateau de l’Ihorombe le 17 août 2012. Les paysans tentent jusqu’à présent de résister contre l’accaparement de leurs terres. Un gouvernement transitoire ne doit pas signer ce genre de contrat d’autant que Marc Ravalomanana est tombé à cause de l’affaire Daewoo. C’est avec les «économies» de sa «famille» que le vice-premier ministre paierait sa campagne présidentielle. En sachant qu’il faut compter aux alentours de 8 millions d’Euros pour mener à bien ce genre d’action, on ne sait trop si tous les aspirants pourront compter sur une «famille» et laquelle…

 

Alain Rajaonarivony

 

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 08:57

 

 

En attendant que je reprenne la plume, je reproduis ci-dessous un petit article de TanaNews pour que mes lecteurs puissent être informés de la suite de la campagne judiciaire menée contre moi et ce blog par le Vice-premier ministre malgache Hajo Andrianainarivelo.

 

Hajo Andrianainarivelo continue de s’acharner sur le journaliste Alain Rajaonarivony

 

16/04/2013 à 11:15

 

L’avocat d’Hajo Andrianainarivelo, joint au téléphone par Christine Courrégé, l’avocate du blogueur, lui a confirmé qu’ils décidaient de faire appel.

 

Le 2 avril, la XVIIème chambre du tribunal de Paris avait débouté le Vice-premier ministre malgache de sa plainte contre le blogueur Alain Rajaonarivony et cela à la demande du ministère public qui avait présenté des points de nullité. Le responsable gouvernemental malgache refuse cette décision de la cour.

 

L’affaire continue donc mais c’est l’image d’Hajo Andrianainarivelo qui est atteinte par cette tentative de harcèlement judiciaire d’autant qu’il a déposé sa candidature aux élections présidentielles. Dans son programme figure en bonne place « la promotion de la liberté d’expression ».

 

A noter enfin que Alain Ramaroson, à l’origine de la conférence de presse qui a provoqué la colère d’Hajo Andrianainarivelo, a promis au blogueur de venir témoigner à son procès, si celui-ci devait avoir lieu, sauf « empêchement majeur ».

 

 

Vice-premier-ministre-contre-petit-blogueur-illustration.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo TanaNews : « Le Vice-premier ministre s’acharne contre un petit blogueur »… pour l’instant, en vain…

 

 

 

TanaNews

http://www.tananews.com/

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 08:39

 

7-Fev-Ambohitsorohitra.jpg

 

Les noms de ces petits animaux, si mignons et emblématiques de Madagascar, dérivent en fait du terme «lémure» désignant les spectres, les fantômes des morts, dans les croyances des Romains de l’Antiquité. Ces derniers les auraient aperçus parfois passer dans la nuit. Les lémures étaient fêtés à Rome au mois de mai. Les lémuriens procurant souvent l’effroi chez les villageois malgaches par leurs cris nocturnes, leur nom fut tout trouvé.

 

D’autres fantômes hantent aussi les nuits des politiciens malgaches, ceux des pauvres gens sciemment tués le 7 février 2009 devant le palais présidentiel d’Ambotsirohitra. Les dessous et le déroulement de cette journée d’horreur sont connus depuis longtemps. J’en ai même retracé les grandes lignes dans ce blog dès septembre 2010 (voir article : «Massacre du 7 février : auto-acquittement de la HAT»). La thèse du complot, avec des hommes qui ont tiré dans le dos des manifestants, a depuis été confirmée par le lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina (le «commandant Charles»), un des acteurs majeurs du coup d’état du 17 mars 2009 (voir article : «Ce n’est pas encore le mot de la fin»). Ses révélations ont été reprises par les journaux et les sites d’informations. Les réseaux sociaux les ont commentées abondamment tout comme la population, les milieux politiques ou les chancelleries. Il a donné moults détails, y compris le nom du chef de ce groupe armé, qui serait le colonel Lilyson, un de ses alter-ego et commandant comme lui à l’époque (voir la lettre du colonel Charles, écrite et signée de sa main). Seule la justice malgache ne semble pas être au courant.

 

7-Fev--Lettre-de-Charles-impliquant-le-commandant-Lilyson.jpgLe sang versé ce jour là restera une malédiction pour le pays, tant que la justice ne sera pas rendue. Ce court article est écrit pour que ces morts ne soient pas une fois de plus manipulés par des politiciens sans scrupules. Le «commandant Charles» a demandé pardon «devant Dieu et le peuple malgache» (voir ses confessions sur le site de TanaNews). Pour l’instant, des «petits lémuriens» (tout petits, méprisés, des «bas-quartiers») rôdent dans la conscience, noire comme la nuit la plus profonde, des dirigeants de la Transition. Les âmes ne seront en paix que lorsque la lumière de la justice dissipera les ténèbres de la nuit.

 

A la mémoire de ces hommes et de ces femmes dont la vie s’est arrêtée ce jour là, car certains en ont décidé ainsi…

 

 

Alain Rajaonarivony

 

P.S. : photo célèbre récupérée sur TanaNews, qui l’a reprise d’ailleurs. Merci à l’auteur que je ne connais pas.

 

Document : lettre manuscrite du «commandant Charles» impliquant le commandant Lilyson dans le massacre du 7 février.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 22:52

 

 

Pour ce premier article de l’année, je ne peux me déroger à la tradition et présente mes vœux à tous mes lecteurs et en particulier à tous ceux, proches ou lointains, qui m’ont fait part de leur soutien, journalistes ou simples citoyens, dans le procès intenté contre moi,

 

Et je forme le souhait qu’en cette année 2013, le peuple malgache retrouve le droit de vivre libre sans l’angoisse d’une insécurité au quotidien, que les enfants puissent aller à l’école, manger équilibré dans des cantines, être soignés…

 

La situation d’insécurité, de violence politique avec des procès iniques contre ceux qui dénoncent les dérives du régime, la dégringolade économique qui a vu l’explosion de la prostitution de survie, déstabilisent toute la société. De plus en plus d’enfants ne vont plus à l’école. 50% d’entre eux sont en carence alimentaire selon la FAO et près d’un million sont déscolarisés depuis le coup d’état d’après les chiffres de l’Unicef. Cela signifie tout simplement qu’on est en train de sacrifier la génération future aux ambitions politiques d’adultes dénués de toute morale, dont certains font partie du 3ème âge comme celui que TanaNews appelle maintenant le «juriste fou».

 

Si ce pouvoir, appuyé par des kalachnikovs, pourrit la vie des citoyens sur une Ile où l’on aurait pu être heureux, la diaspora est préservée de cette atmosphère oppressante même si elle souffre à l’unisson de leurs familles et compatriotes au pays...

 

René, Constantin, Marie-Lucie, Mahery, Simone, Espéré DS

 

Quoique…, pas tout à fait, puisque je me suis présenté le 8 janvier 2013 devant la XVIIème chambre correctionnelle à Paris, et cela à l’initiative du «vice-premier ministre chargé de l’Aménagement et du Développement du territoire de la République de Madagascar». Je n’ai pas eu l’honneur de le connaître puisqu’il n’était pas là, pas plus que son avocat Henri Rabary-Njaka, absent lui aussi, et qui a envoyé une jeune avocate à sa place.

 

Après les négociations faites sur la consignation des frais de justice (voir les détails –qui ont fait rire la salle- dans l’article de TanaNews) que doit payer le plaignant, le ministère public a soulevé «deux points de nullité» dans la procédure. Ils portent sur les articles 31 et 32 de la loi sur la presse ainsi que sur un alinéa manquant de l’article 32 dans la citation. C’est bien le ministère public qui a soulevé ces points, et non pas moi et mon avocate. La prochaine audience, prévue le 19 février 2013, à 13heures 30, déterminera si la plainte est recevable ou pas.

 

Si le tribunal décide finalement que le procès peut continuer, une 3ème audience aura lieu vers le mois de Novembre 2013.

 

L’avocate d’Overblog, lui aussi assigné, était présente et détendue. Il semble bien que leur défense soit prête. De mon côté, je reste serein et avec Christine Courrégé, mon avocate,  nous nous préparons aux différentes éventualités. La plupart des médias malgaches qui suivent ce procès parlent de «l’affaire Nadine Ramaroson» et non de «diffamation» car ils ont bien saisi que derrière cette attaque juridique se profile quelque chose de bien plus important : Pourquoi Nadine Ramaroson a-t-elle été tuée ?

 

Nadine Ramaroson distribuant des cadeaux aux enfants 294547Le 2 septembre 2011, soit 5 jours après sa mort, elle devait présider les «Etats Généraux du Social» à Antananarivo où plus d’un millier de participants était prévu (voir article de Nadine à ce sujet sur son compte Facebook en date du 17 août 2011). Elle devait, à cette occasion, dénoncer les grands trafics et la corruption à grande échelle, exiger du pouvoir qu’il accorde la priorité au social, ce qu’elle appelait le «Plan d’urgence social» et éventuellement dans la foulée, annoncer sa candidature aux Présidentielles.

 

Et quelques jours avant de disparaître, elle était montée au créneau sur une télévision privée. Elle affirmait ne pas vouloir cautionner les sales affaires du régime, du trafic de Bois de rose aux accaparements de terre en passant par les crimes de pédophilie. Elle disposait d’un listing avec des noms de hauts responsables politiques et d’opérateurs économiques mouillés dans ces affaires et se savait en grand danger. Plusieurs menaces de mort lui sont parvenues, ainsi qu’à ses collaborateurs, sans que le pouvoir daigne les prendre en considération. Au contraire, juste avant sa mort, la pression s’est accentuée sur elle (voir article : «Nadine ne les gênera plus»)…Le vrai enjeu du procès de Paris, c’est ça...

 

«C’est hallucinant !», «…ils veulent vous intimider?…», propos d’un élu français qui suit le dossier malgache et avec qui j’ai parlé longuement de la situation de l’Ile et de mon procès… C’est bien l’impression première que cela donne. Si Hajo Andrianainarivelo voulait démontrer son innocence dans cette histoire, il dispose d’un moyen très simple en tant que responsable de l’état : demander à ce qu’une enquête officielle, sérieuse et impartiale sur la mort de la ministre et de ses collaborateurs puisse enfin aller jusqu’au bout. La victime, de part ses responsabilités, a même droit à la venue d’experts internationaux spécialistes du domaine maritime. De cette façon, les conclusions qui seront rendues publiques ne souffriront pas de contestations.

 

Pour l’instant, au-delà des points et des virgules sur lesquels on pourra débattre dans mon article, l’objectif ressemble, aux yeux des observateurs, à une tentative de me faire taire et d’étouffer l’affaire Nadine Ramaroson. Et accessoirement de démontrer aux autres journalistes malgaches qu’il y a des dossiers auxquels il vaut mieux ne pas toucher… Nul doute que si j’étais à Madagascar, j’aurais déjà connu les joies de la garde-à-vue et des interrogatoires à la gendarmerie, comme ces malheureux journalistes ou simples citoyens dont les propos et les écrits ont déplu.

 

Et ce n’est absolument pas un hasard si le premier vrai procès intenté contre un membre de la diaspora ne vise pas un politique (ce ne sont pas les mouvements pro-Ravalomanana qui manquent) mais un blogger qui défend des idéaux moraux. Entre politiques, on peut toujours s’arranger sur le partage du gâteau, mais pas avec des individus intransigeants sur la justice sociale et le respect des droits humains.

 

Au-delà des calculs politiques, la diaspora devrait s’engager vraiment dans le combat maintenant, car elle dispose encore de la liberté et des moyens de s’exprimer et peut devenir la voix des sans-voix. C’est de l’avenir de nos enfants dont il est question désormais : prostitution enfantine, déscolarisation, ventes de terre aux étrangers, destruction du patrimoine (forêts de Bois de rose)… Si nous ne nous levons pas, ce ne sera pas la peine de pleurer dans vingt ans sur ce que sera devenue notre descendance…

 

Pour terminer, une sentence de l’archevêque Desmond Tutu qui sonne comme un rappel :

«Si vous restez neutre en situation d’injustice, vous avez choisi le parti des oppresseurs».

 

Photo 1 : René, Constantin un responsable des Verts, Marie-Lucie, Mahery (le fils de qui vous savez), Simone, Espéré (MyDago) devant le Palais de justice. L’audience est levée depuis bien longtemps mais certains ont continué à refaire le monde à la «Brasserie des deux palais» sur le trottoir d’en face. Certaines révolutions en Afrique ont commencé dans les chambres de bonnes des étudiants à Paris, alors…

 

Photo 2 : Nadine Ramaroson, distribuant des cadeaux aux enfants,… bien avant que ce ne soit la mode en politique. Derrière elle, Mme Aimée, sa chargée de missions, qui périra en même temps que sa ministre...

 

Alain Rajaonarivony

 

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 09:10

 

 

J’étais parti pour écrire un article sur la réélection d’Obama. Mais le pouvoir malgache a de nouveau attiré l’attention par des massacres, des diatribes et ces circonvolutions juridiques dont il a le secret. Dans sa lutte contre les Dahalo (bande de voleurs de zébus), la force spéciale engagée dans l’opération «Tandroka» (cornes) dirigée par le colonel Lilyson a incendié une vingtaine de villages, tué des dizaines de personnes parfois à coup de lance-roquettes et semé la terreur. Des milliers de paysans ont fui leurs villages. Les témoignages commencent à remonter, ce qui a fait réagir Amnesty International, mal informée bien sûr, selon le pouvoir. Cette dernière demande «qu’on mette fin aux massacres et qu’on enquête sur les forces de sécurité».

 

2012 villa ge brûlé dans le Sud. Image récupéré sur FDe retour dans la capitale après plusieurs semaines passées sur le terrain, le colonel René Lilyson a accusé, pour se disculper, l’ancien président Marc Ravalomanana, en exil depuis bientôt 4 ans en Afrique du Sud, d’être responsable de l’action des Dahalo. Les preuves qu’il affirme détenir, l’opinion publique les attend toujours. Mais ces déclarations tonitruantes ainsi que celles du Général Richard Ravalomanana ont, semble-t-il, fait déborder le vase. D’habitude très pondéré dans ses propos, Mamy Rakotoarivelo, président du Congrès de la Transition et chef de la mouvance de l’ex-président est sorti de ses gonds : «ce n’est plus de la dictature qui existe actuellement mais du fascisme» s’est-il exclamé lors d’une conférence de presse (très tendance en ce moment) au Colbert le 15 novembre. Devant le flot d’«allégations» et d’ «accusations gratuites» fortement médiatisées, il a donc décidé de porter plainte contre ces 2 officiers pour «diffamations», terme aussi très à la mode depuis que ce régime est en place… Mais pour une fois, ce ne sont pas les caciques du pouvoir qui saisissent la justice à leur profit mais des opposants. Il ne reste plus qu’à voir si elle agit avec autant de célérité lorsqu’il s’agit de plaintes contre les dirigeants.

 

Car l’accusation de «diffamation» est désormais utilisée à grande échelle. Le prince Patrick Zakariasy qui a dénoncé le trafic de Bois de rose (voir article : «Madagascar : Un pays trop riche, des dirigeants trop pourris, un peuple trop… ?»), en prison actuellement, en sait quelque chose. L’Etat a tout simplement violé la procédure, dixit Me Olala, son avocat. Le 12 novembre, après une nouvelle audition à la Gendarmerie dans la matinée, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre le prétoire pour entendre, confiant, le verdict, le procureur en a décidé autrement. Sous prétexte de  vouloir plus de temps pour étudier les dossiers, il l’a renvoyé à la gendarmerie qui l’a mis illico sous mandat de dépôt. Le procureur a «innové» dans la procédure…

 

Prince Zakarias 1107 557895844237015 816729886 nLes compagnons d’infortune du Tangalamena, quatre journalistes eux aussi accusés de «diffamations» et de «propagations de fausses nouvelles» par Mamy Ravatomanga, visé par les révélations, auront plus de chance. Appartenant à la rédaction de Midi Madagasikara, La Nation et Gazetiko qui avaient rendu compte de la conférence de presse du Tangalamena, ils se retrouveront libres alors que Zakarias était traîné en prison. Il est vrai que le 11 novembre, veille de leur déferrement au parquet, Reporters sans Frontières avaient sorti un communiqué pour dénoncer le harcèlement judiciaire dont fait l’objet les gens de presse ainsi qu’un blogueur (euh… c’est moi !). Le Syndicat des journalistes malgaches a lui aussi réagi en parlant d’une «plainte qui s’apparente à un acte d’intimidation» à leur égard. Cette médiatisation et cette mobilisation ont sûrement joué en leur faveur. Le Syndicat ne s’est pas arrêté là mais a organisé une table ronde le 16 novembre à laquelle assistaient des représentants de l’Ambassade américaine, sud-africaine, française, de la SADC et de l’Union Européenne. Les journalistes ont dénoncé l’attitude partiale du Ministère de la communication (dirigé par Rolly Mercia), à la fois «juge et partie», la collusion trop fréquente des patrons de presse avec le pouvoir, la corruption qui gangrène tout, l’acharnement de certains individus proches des cercles dirigeants à l’encontre des médias d’opposition…

 

Quant à Patrick Zakariasy, il n’a retrouvé le juge le 13 novembre que pour être ramené en cellule. L’humour noir ayant encore droit de cité sur les forums, un internaute écrira que c’est parce que «Princes sans frontières» n’existe pas encore. Un système corrompu et maffieux ne peut tourner que si l’omerta est appliquée. Le chanteur populaire Savory est menacé de mort car il a participé à un documentaire produit par  Alexander Von Bismarck (pour la petite histoire, lui aussi descendant de la grande noblesse allemande) qui a enquêté sur le trafic du Bois de rose. Savory n’a trouvé le salut que dans le soutien de ses amis étrangers qui l’ont fait s’enfuir du pays.

 

2011 Enfants dans les bennes à ordures photo 427 (Small)


Plutôt que des procès en «diffamations» à répétition pour tenter de mettre sous le boisseau des faits très graves, laissant les citoyens ayant le courage de témoigner en danger, l’Etat malgache ferait mieux d’ouvrir des enquêtes sur ces affaires. C’est ainsi que l’on procède dans les états de droit, et ce sera la seule façon de regagner la confiance des citoyens. Alain Ramaroson, qui a les pires ennuis avec le régime depuis sa conférence de presse, se bat pour lancer des commissions d’enquête parlementaire sur les Massacres dans le Sud, le trafic de Bois de rose et la disparition de l’ancienne ministre de la Population et des Affaires sociales…

 

Trafics en tout genre, prostitution pour survivre, déscolarisation des enfants, manque d’oxygène dans les hôpitaux, insécurité, pauvreté en hausse vertigineuse, massacres, dirigeants criminels et arrogants prêts à tout… Constat amer d’un politicien : «Il n’y a plus que dictature, persécutions et abus de pouvoir à Madagascar !» Les évêques, à la fin de leur Assemblée plénière le 17 novembre ont sorti un communiqué au vitriol dénonçant la « spoliation des richesses nationales» en détaillant «bois de rose, fer, pierres précieuses, pétrole, bœufs… et confiscation des terrains».  Entre autres phrases assassines : «le règne de l’Anarchie : corruptions, cambriolages, feux de brousse, assassinats…» et la «justice … pour les protégés du régime». Mais l’impasse est faite sobrement sur le rôle de Monseigneur Omar (Odon Marie Razanakolona) qui a approuvé la violence dans la prise de pouvoir mais amorcé depuis un début de repentance…

 

Nadine à Maintirano Photo 151En ce qui me concerne, l’audience est prévue le 8 janvier 2013 à Paris, suite à la plainte pour «diffamations» initiée par le vice-premier ministre du Développement et de l’Aménagement du Territoire malgache. Ce sera à 13h30, à «la 17ème Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris, sis 4, boulevard du Palais – 75004 Paris».

 

Cette affaire fait suite à la conférence de presse d’Alain Ramaroson du 28 septembre dernier (voir article : «Madagascar : Premières révélations sur l’assassinat de Nadine Ramaroson»). L’historique de ce litige a été décrit de manière très détaillée par TanaNews (voir leur article : «Ennemi d’Internet : Quand le Vice Premier ministre Hajo Andranainarivelo s’acharne sur un petit blogueur journaliste malgache»). La suite s’écrira donc le 8 janvier, au tribunal de Paris où je serai présent. Reporters sans Frontières a intégré cette démarche de Hajo Andrianainarivelo dans le harcèlement que subissent les gens de médias de la part des dirigeants. Plusieurs journaux malgaches ont repris ce communiqué.

 

Certains sont déjà en prison, d’autres sont convoqués à la gendarmerie comme de vulgaires malfrats, menacés ou pire… Je n’oublie pas que Nadine a été tuée pour avoir défendu les idéaux que nous avions en commun…

 

Il y a clairement un prix à payer pour qui veut se révolter contre l’injustice. Tant que les Malgaches trouveront que c’est trop cher payé, et considèrent que c’est plus facile de profiter du sacrifice des autres (exprimé par une métaphore : «Tsy namono voay fa miravaka ny vanginy»), ils occuperont les dernières places dans tous les domaines. Ce sont celles qui reviennent de droit à ceux qui ne veulent prendre aucun risque.

*(«Se parer des crocs du crocodile qu'on n'a pas tué»)

 

Nelson Mandela est issu d’une famille royale de l’ethnie Xhosa, et était avocat, mais il s’est levé pour lutter pour l’égalité des droits avec l’African National Congress (ANC). Cela lui a coûté 27 ans de prison mais il en est sorti vainqueur. Il se répétait un poème dans sa cellule de Robben Island, celui que William Henley avait écrit en 1875 quand ce dernier était cloué, amputé du pied, sur son lit d’hôpital, «Invictus».

 

Dans les ténèbres qui m’enserrent,mandela-prison
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

             

Le 20 avril 1964, avant d’être condamné à la prison à vie, Mandela déclarera : «J’ai défendu l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle tous les individus vivraient ensemble en harmonie et bénéficieraient de chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère voir se réaliser. Mais c’est un idéal aussi pour lequel, s’il le faut, je suis prêt à mourir». 

 

Il sera relâché le 11 février 1990 et sera élu Président le 9 mai 1994.

Les premiers seront les derniers…

 

L-homme-au-drapeau.jpgIl y a ceux qui sont prêts à tuer pour défendre leurs intérêts (transformés en «intérêts supérieurs de la…ration», pour utiliser un jeu de mots cher aux éditorialistes de TanaNews). Et puis, il y a ceux qui sont prêts à mourir pour leurs idéaux, qui paient de leurs libertés et de leurs vies. C’est avec ceux-là qu’une nation se bâtit.

 

Aux Malgaches qui ont encore le courage de se lever et de se tenir debout…. !

 

Photo 1 : 2012, village brûlé dans le Sud de Madagascar. Photo récupérée sur Facebook

Photo 2 : Le Prince Patrick Zakarias jeté en prison le 12 novembre pour avoir dénoncé le trafic de bois de rose

Photo 3 : Des enfants en train de fouiller une benne à ordures. Image de la (sur)vie quotidienne à Antananarivo

Photo 4 : Nadine Ramaroson. Trop populaire, elle a eu tort de dénoncer la corruption à grande échelle, le trafic de Bois de rose, la spoliation des terres…

Photo 5 : Nelson Mandela, un exemple pour l’Afrique, respecté dans le monde entier. Une force morale qui a préservé son pays du désastre, de la vengeance et de la haine. Tout le contraire du pouvoir malgache actuel.

Photo 6 : Mars 2009, un homme avec son drapeau. Razily est debout, seul face aux brutes casqués et armés. Combien de spectateurs? Liens de l’article qui raconte cet épisode et de la vidéo de cette scène historique.



Alain Rajaonarivony

 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 10:00

 

 

mainlandLes révélations qui ébranlent le régime se multiplient à Madagascar mais elles ne viennent pas des opposants officiels trop occupés à se disputer les postes dans le «gouvernement d’union nationale». Alors qu’elle n’est pas franchement en position de force, la mouvance de l’ancien président Marc Ravalomanana s’est tout de même offert le luxe de remettre en cause l’une des leurs, la ministre de la décentralisation Ruffine Tsiranana. Comme cette dernière porte un patronyme prestigieux, celui du premier dirigeant malgache à l’indépendance, il s’en est suivi un mouvement de fronde parmi les légalistes de sa région.

 

A défaut d’une opposition crédible, ce sont les autres qui montent au créneau. Après Alain Ramaroson (voir article : «Premières révélations sur l’assassinat de Nadine Ramaroson»), c’est au tour d’un notable, Patrick Zakariasy, de dénoncer un proche d’Andry Rajoelina. Au cours d’une conférence de presse au Colbert le 12 octobre, ce Tangalamena (prince traditionnel), a nommément accusé Mamy Ravatomanga, un homme d’affaires, et la société chinoise Mainland Mining d’avoir organisé le trafic des bois de rose. Patrick Zakariasy a expliqué, documents à l’appui, toute l’organisation : fausses déclarations, passage en douane hors scanner, etc…

 

Auparavant, l’ancien ministre de l’Environnement, Joseph Randriamiarisoa, avait incriminé lui aussi Mamy Ravatomanga pour le même trafic. Ce dernier avait porté plainte pour diffamation. En tout cas, l’étau se resserre autour d’Andry Rajoelina sans qu’il puisse y faire grand-chose. Si les intimidations et les menaces de poursuites au tribunal amènent certains médias à taire ces informations, ils sont de plus en plus nombreux à passer outre. C’est le cas du quotidien «La Nation» qui a titré en pleine page sur l’enquête menée par Patrick Zakariasy.

 

Hajo Andrianainarivelo, mis en cause par Alain Ramaroson, à défaut de porter plainte contre son accusateur, a tenté de bloquer l’article dans lequel je rapportais ces propos, par l’intermédiaire de son avocat en France. La démarche était un peu bizarre, car logiquement, c’est Alain Ramaroson qu’il aurait dû contrer et s’il obtenait gain de cause, l’information rétablissant les choses aurait suivi tout naturellement.

 

Bon, bref, la France n’est pas encore une république bananière malgré tous ses défauts, et pour l’instant, la liberté d’information a un sens! L’article est toujours en ligne bien que ce blog mettrait «en péril l’ordre public aussi bien à Madagascar qu’en France en raison du libre accès du public au site» et que l’article soit «une provocation gratuite et lâche». Sans vouloir désobliger Me Henry Rabary-Njaka, un complot pour tuer une femme me semble bien plus lâche. Et je ne crois pas qu’attaquer un blogger, sans oser toucher au personnage qui a balancé les noms devant des dizaines de témoins et de médias dans une conférence de presse, soit non plus très courageux.

 

Ceci étant, on n’est jamais trop prudent, Nadine Ramaroson ayant fait davantage trembler les corrompus du régime que tous les opposants réunis. En 4 ans, ces derniers n’ont réussi qu’à avoir quelques postes ministériels pour lesquels ils se disputent. L’ancienne ministre avait promis, sur une télévision privée, de sortir des noms sur le trafic de Bois de rose (tiens, tiens ?) juste avant de disparaître prématurément.

 

2012.10.03 Lettre avt Hajo contre blog p2Des journalistes et des responsables ont le courage de redonner à la population son droit d’être informée et osent maintenant citer des noms. A l’opinion publique de prendre le train en marche et d’appuyer leur démarche afin que leurs prises de risques ne soient pas inutiles. En ce qui me concerne, j’ai été surpris et touché de recevoir des messages de soutien de bloggers et responsables de site malagasy, et je les en remercie au passage. Les mouvements citoyens, la société civile doivent se battre pour que la liberté d’informer et d’être informé demeure effective. Il ne faudrait pas trop compter sur les leaders légalistes, qui sont tombés dans le piège de Hajo Andrianainarivelo dans sa guerre contre Alain Ramaroson (voir article : «Un combat qui change un homme»).

 

Non, les Malgaches ne sont pas tous des lâches même si la majorité d’entre eux se refugient dans le virtuel et le «spirituel» pour échapper à leurs responsabilités. Un intellectualisme à la mode occidentale sans rapport avec la réalité, ou des dévotions qui oublient que la foi doit se traduire dans l’action, sont non seulement stériles mais nuisibles. Nelson Mandela et Monseigneur Desmond Tutu en Afrique du Sud, Martin Luther King aux Etats-Unis ont fait de leur foi une force. C’est elle qui leur a permis d’aller au combat contre des puissances politiques, économiques et militaires infiniment supérieures. L’apartheid a fait place à une société multiraciale exemplaire (là aussi malgré tous ses défauts), et les USA ont maintenant un président afro-américain.

 

Christianisme, fihavanana, sagesse ancestrale sont pour l’instant autant de prétextes pour ne rien faire et attendre que ça passe ou que d’autres fassent le boulot, laissant ainsi la place à tous les arrivistes et les violents qui deviennent de plus en plus audacieux. Les trafics en tout genre -détruisant l’économie et l’avenir des générations futures-, et la déchéance morale n’ont jamais atteint un tel niveau. Il n’y aucune raison que cela s’arrête puisque les Malgaches ne bougent pas (à part ceux qui seront sacrifiés). Et pourtant, seuls quelques officiers corrompus composent la force qui reste à un pouvoir qui mène le peuple à l’abattoir.

 

Quand Marc Ravalomanana a commencé à dériver, si la conscience citoyenne avait été assez forte pour mettre le holà, il n'y aurait jamais eu de coup d'état car les politiciens auraient vu qu'il y avait une limite à ne pas dépasser. Ra8 a piqué les terres des paysans, et attaqué les riches industriels qui le concurrençaient, de manière illégale et déloyale, en utilisant les prérogatives de la puissance publique. Mais la classe moyenne, en particulier celle d'Antananarivo, ne se sentait pas concernée bien que les principes républicains aient été bafoués. Maintenant, elle souffre (comme tout le monde) de la gouvernance d’Andry Rajoelina et de sa clique, mais elle aura du mal à entraîner les bas-quartiers pour la défendre étant donné qu'elle n'a rien fait quand Ra8 remblayait les rizières des pauvres. Ce sont pourtant ces démunis des bas-quartiers qui se battent et sont prêts à mourir dans les manifestations si on leur offre un espoir de changer leur sort. Les autres, en général, se contentent de tirer les dividendes de leur courage…

 

Le combat contre les injustices implique qu’on lutte contre toutes les injustices. Les principes de la République ne sont pas relatifs. Les richesses de Madagascar sont immenses et excitent toutes les convoitises, ce qui explique ces transactions maffieuses et l’implication de Chinois, Karana, Français de la Françafrique, etc… Les Malgaches ne profiteront pas de leurs biens tant qu’ils ne dépasseront pas le stade de la défense d’intérêts particuliers (ma pomme et ma famille d’abord, cause merina, cause côtière, petite bourgeoisie contre ancienne noblesse, etc…) pour intégrer les notions de «nation» et «d’intérêts nationaux». Ils pourront alors tenir la dragée haute face aux prédateurs, étrangers ou autochtones… D’ici là, les meilleurs d’entre eux continueront de se faire tuer, les autres de ramper…

 

Photo 1 : Le quotidien «La Nation» : Le nom d’un proche (encore) d’Andry Rajoelina en pleine page comme composant de «la mafia sino-malgache». Des journalistes malgaches prennent des risques pour informer l’opinion. Ils expliquent dans leur version en ligne : «…Il est de notre devoir de les aider à véhiculer les informations… Et le trafic de bois de rose constitue une forme de cette injustice qui tue à petit feu le pays… A travers la mise en ligne de la version internet de notre journal, sur www.lanation.mg, notre combat va s’intensifier. Et notre seul souhait est que tous les confrères osent également dénoncer les actes qui tendent, d’une façon ou d’une autre, à détruire le pays, pour ne pas devenir complices des auteurs de ces actes. C’est, pour nous, une lutte permanente, pour la liberté de presse, la liberté d’expression et la libération du pays…».

 

Photo 2 : «Or, la teneur diffamatoire de cet article est attentatoire à la dignité et à l'honneur de mon client. L'enquête officielle sur le naufrage du bateau ayant entraîné le décès de Madame Ramaroson a conclu à un accident. Aussi en vertu de l'article........je vous mets en demeure de retirer promptement de votre site l'article intitulé " Madagascar ; Premières révélations sur l'assassinat de Nadine Ramaroson" ou en rendre l'accès impossible. Je vous mets également en demeure de me communiquer les coordonnées postales du dénommé Alain Rajaonarivony...etc, etc... ». 2ème page de la lettre de Me Henri Rabary-Njaka, en date du 3 octobre, qui officie à Paris.

 

Alain Rajaonarivony 

 


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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 09:59

 

 

2008.12 CONECS-TGV-FCD

 

 

Pourquoi le bateau a-t-il explosé, en faisant 7 morts parmi les sauveteurs, se rajoutant aux autres victimes, et un huitième qui décédera quelques mois plus tard des suites de ses blessures ? Pourquoi les commissions d’enquête officielles n’ont-elles pas rendu leurs conclusions au bout de 13 mois et n’ont fourni aucune réponse aux demandes des familles ? Pourquoi l’épave du bateau a-t-elle été détruite sur ordre d’une haute personnalité alors que les gendarmes la gardaient comme élément de preuves ? Autant de questions qui auraient pu titiller les analystes et les journalistes quand Alain Ramaroson a fait sa fameuse déclaration et balancé des noms le 28 septembre (voir article : «Premières révélations sur l’assassinat de Nadine Ramaroson»).

 

Ces éléments qui sont des faits auraient pu très facilement expliquer la démarche de l’oncle de la ministre dont la disparition tragique n’a jamais été élucidée. Mais apparemment, à Madagascar, l’état d’esprit (et du pays) est tel qu’il devient difficile de voir le fonds pour ne s’attacher qu’à la forme et à la personnalité des acteurs.

 

Concernant ces fameux acteurs justement, les personnes qui s’estiment injustement «déshonorées» auraient pu rendre la monnaie de sa pièce à Alain Ramaroson par une démarche très simple. Il leur suffisait d’introduire une plainte en «diffamation» qui, on n’en doute pas, aurait été examinée très vite car on connaît la célérité de la justice quand il s’agit de défendre les intérêts du régime. Le «diffamateur» aurait alors été condamné très lourdement au vu et au su de tous et l’affront lavé de belle manière. Oui, mais voilà ! Ce dernier aurait pu apporter ses «preuves» pour se justifier et c’est ce que le pouvoir veut à tout prix éviter. Cela fait plus d’un an que ces dirigeants tentent d’étouffer l’affaire et veulent faire oublier jusqu’à l’existence de l’ancienne ministre. Certaines cérémonies de commémoration de sa disparition le 28 août ont été soient interdites, soient sabotées (voir article : «28 août : Nadine»).

 

Hajo Andrianainarivelo, vice-premier ministre chargé de l’Aménagement du Territoire et du Développement, a profité d’un conseil de gouvernement, en l’absence d’Olga Ramaroson, ministre de la Population et des Affaires sociales et accessoirement la femme d’Alain, pour contrattaquer. Le 2 octobre, il obligeait ses collègues à se montrer solidaire de lui dans une déclaration en se présentant comme une victime touchée dans ses droits car son nom a été cité. Mais il s’est bien gardé de saisir la justice. Outre que ce n’est pas le rôle du gouvernement de sortir ce genre de communiqué, que venaient faire les ministres légalistes dans cette galère ?

 

Pour le général Ravalomanana, cela a été plus radical. Il a fait appel aux responsables des forces armées pour faire une déclaration de soutien mais de plus, il a fait effectuer une perquisition illégale dans l’après-midi du 2 octobre au domicile d’Alain Ramaroson, responsable de la commission «Défense et sécurité» à la Chambre haute, et de son épouse, elle-même ministre. Pour mieux couvrir encore l’officier, Andry Rajoelina a limogé en mode express le commandant de la gendarmerie Wilfrid Bruno Razafindrakoto pour mettre à sa place le Général Ravalomanana, nommé en conseil des ministres dès le 3 octobre. Ce dernier aura donc eu une carrière fulgurante. Colonel au moment du coup d’état, il devient dans la foulée Général, passant devant tous ses collègues des promotions plus anciennes et qui seront désormais sous ses ordres. Cela s’appelle une promotion «TGV», qui est un peu à la HAT la «promotion canapé» pour la Poste française, dans le film du même nom. La première mesure qu’il prendra sera d’enlever les 9 gendarmes qui étaient les gardes-de-corps d’Alain Ramaroson en tant que haut responsable du pouvoir. Et il s’est payé la coquetterie de dire que le travail de détective privé est encore interdit à Madagascar. En clair, cela signifie que si l’état ne veut pas faire d’enquête, vous n’avez plus que vos yeux pour pleurer car vous n’avez pas le droit de rechercher la vérité vous-même…

 

Seule l’une des personnes citées, Riaz Barday, ne s’est pas encore fait entendre. A un représentant d’Andry Rajoelina en France, qui m’a appelé pour me demander pourquoi «Alain Ramaroson faisait cela alors qu’on a tous lutté pour le changement ?», j’ai répondu : «De toute façon, le problème d’Alain sera bientôt réglé, dès que le pouvoir et ses amis karana l’auront assassiné». C’était un peu une réaction d’humeur qui m’a valu des dénégations mais des informations font bien état d’une volonté de l’éliminer physiquement, car il est devenu désormais incontrôlable depuis l’assassinat de sa nièce.

 

Car Alain Ramaroson a changé. A l’époque, j’avais dénoncé les «milices» et les violences qui ont été perpétrées (voir par exemple l’article : «Merci, commandant Charl !»). Je ne pouvais accepter des atteintes aux droits humains ou des injustices même si c’est pour combattre d’autres injustices. Car un coup d’état n’arrive jamais par hasard. Il est souvent la conséquence d’une dégradation de l’état de droit, bafoué par ceux qui sont sensés en être les garants et qui affaiblissent sciemment les institutions pour mieux exploiter le pouvoir à leur profit. Depuis la mort de Nadine, Alain Ramaroson s’est aligné sur les idées de sa nièce : terminé les déclarations politiques radicales, place aux priorités sociales, avec un discours plus posé et plus conciliateur. Les prises de position publiques sur l’impossibilité du retour au pays de l’ancien président Marc Ravalomanana (qui a persécuté sa famille) ont disparu, au grand désarroi des faucons de la HAT qui avaient l’habitude de s’appuyer sur lui. Ce changement devenait visible au fur et à mesure, dans son comportement et ses paroles. Alain Ramaroson n’est plus celui qu’on appelle pour les «coups durs» et les «coups bas» du régime et ses états d’âme ne sont guère appréciés par les dirigeants. S’il arrive à survivre, les idées de Nadine ne seront pas tout à fait remises aux oubliettes…

 

TOKANONO capturée le 15.9.12

 

 

Photo 1 : Andry Rajoelina, jeune maire d’Antananarivo, sympathique mais en état de faiblesse total devant le Président Marc Ravalomanana, était très content d’avoir Nadine et Alain Ramaroson pour le défendre. Ils étaient en permanence menacés d’arrestation. J’ai publié cette photo le 27 décembre 2008, dans l’article : «2009 : une chaude ambiance tropicale». Depuis, le jeune homme s’est émancipé, s’est trouvé d’autre «amis» et a fait bien pire que son persécuteur…

 

Photo 2 : Tokanono, la supposée devineresse de Remenabila, le chef des Dahalo (voir article : «Guerre des Dahalo et minerais stratégiques»). On ne sait pas quelles charges pèsent sur elle (détenir des gris-gris n’étant pas un délit), mais elle a été exposée comme une bête devant des hommes en uniforme qui n’ont pas compris que cette photo était leur honte. Peu de journalistes se sont posé des questions sur la présomption d’innocence ou le respect de la dignité humaine avant de publier la photo. A la place du colonel Lilyson, je me méfierai. Quelques politiciens d’Antananarivo seraient très heureux de le décorer à titre posthume pour le courage qu’il a montré au combat…

 

 

Alain Rajaonarivony

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 18:32

 

 

Alain Ramaroson a fini par tenir sa promesse en livrant les noms des principaux commanditaires de l’assassinat de sa nièce, l’ancienne ministre de la Population et des Affaires sociales, Nadine Ramaroson. Il avait convoqué les journalistes ce 28 septembre, soit 1 an et 1 mois après le naufrage du Black Shark. Les conclusions des enquêtes officielles ne sont jamais sorties. Plusieurs membres de ces commissions ont été mutés quand ils ont commencé à mettre en doute la thèse de l’accident, a révélé Alain Ramaroson. Le mode opératoire a été aussi dévoilé. Pour ceux qui suivent le mur Facebook de l’ancienne ministre, il n’y avait pas de grande surprise car l’essentiel avait été dévoilé par des Facebookers depuis des mois déjà. La vedette s’était arrêtée à l’entrée de la passe, en travers, et quand une vague est arrivée, 3 hommes-grenouilles se sont chargés de la retourner et ont achevé le travail en assassinant la ministre et sa principale collaboratrice. Juste avant, ils ont essayé de se débarrasser d’un témoin, un pêcheur qui était là, en le renversant avec sa barque. Cette personne a pu survivre et voir leurs visages.

 

Derniere-photo-le-28-aout-2011-par-Andry-424286_463033303.jpgIl y avait un bateau plus grand disponible mais on avait embarqué la ministre et sa suite dans une vedette qui n’était pas adaptée au transport de tant de passagers et le départ avait été sciemment retardé alors que la mer pouvait devenir dangereuse. Un des artistes qui était avec la ministre a témoigné que, dans l’eau, il avait été retenu par les pieds, mais qu’il s’était débattu et s’était enfui à la nage.

 

Des gardes-de-corps, des membres du ministère ont aussi été complices dans la mise en place du piège. Au-dessus des exécuteurs des basses œuvres, Alain Ramaroson a cité 3 noms :

- Hajo Andrianainarivelo (devenu vice-premier ministre chargé de l’Aménagement du Territoire et du Développement) dont les altercations très violentes avec Nadine, à propos de la façon dont il aurait spolié les terres des paysans, ne sont un secret pour personne (voir article : «Nadine ne les gênera plus»),

- Le Général Richard Ravalomanana qui avait arrêté les collaborateurs de Nadine (voir article : «Affaire Bionexx : Nadine Ramaroson contredit le Général Ravalomanana»), et le premier, et très tôt, à avoir annoncé la mort de la ministre à des journalistes français, alors que ce n’était pas son rôle (voir article du Figaro). Il a fait poser question à ses collègues officiers car il est en charge de la circonscription d’Antananarivo et non de Tamatave où s’est passé le naufrage.

- Et Riaz Barday qui a menacé de mort Nadine Ramaroson publiquement car elle s’opposait à la façon dont il s’est accaparé les terres des pêcheurs de Nosy Iranja, afin de réaliser son «île de rêve». Ce Français d’origine karana passe pour un homme d’affaires flamboyant alors que ses méthodes sont celles d’un mafioso lâche et sans scrupules (voir article : «Place de la démocratie : Souvenez-vous...»).

 

Nadine avait constitué un volumineux dossier sur Riaz Barday. J’en dévoile ci-dessous une page où ce dernier se vantait de ses relations privilégiées avec la ministre de la justice, Christine Razanamahasoa. Cela lui aurait permis de bafouer toutes les décisions de l’état et de narguer ses victimes (des citoyens malagasy très pauvres).

 

Toutes ces personnes citées appartiennent au premier cercle d’Andry Rajoelina. C’est pourquoi la plupart des journalistes malgaches ont pris toutes les précautions pour éviter de les nommer lorsqu’ils ont rendu compte de la déclaration d’Alain Ramaroson. Cela est compréhensible! Ces individus ont la réputation d’user et d’abuser de leurs pouvoirs, n’hésitant pas à faire usage de la violence physique et verbale, un peu à la mode du «commandant Charles» avant que ce dernier ne s’aperçoive qu’il a été berné (voir article : «Merci, commandant Charl !»). Les magistrats malgaches se sont battus pour retrouver leur indépendance et leur dignité (voir article : «Omer, l’impuissance tranquille…»). Ils ont la possibilité de prouver que cette lutte n’était pas vaine…

 

 

Alain Rajaonarivony 

 

Photo : La vague sensée être «fatale». Dernière photo prise par Andry Rakotonirainy, photographe du ministère, qui a survécu ainsi que son appareil… au grand dam de certains… Cette seule photo démontre déjà le mensonge de la version officielle. On distingue très nettement un passager resté à sa place. Personne ne s’est précipité sur l’autre bord, en déséquilibrant ainsi le bateau.

 

 

DOCUMENT


 

 

VIOLENCES ET VOIES DE FAIT

 

Contre des citoyens malgaches, perpétrés à Nosy Be et Nosy Iranja, par :

- Riaz BARDAY ;

- Serge RASOLOTSIRESY ;

- HIDAYA

 

1. Jugement n° 679 du 23 novembre 2010, rendu par le TPI de Nosy Be

 

- Condamne Riaz BARDAY, Serge RASOLOTSIRESY et HIDAYA

A UN AN DE PRISON FERME

- Décerne un MANDAT D’ARRET A L’AUDIENCE contre ces trois condamnés

 

NB : En violation de toutes les dispositions légales, les trois condamnés circulent librement, sans avoir jamais été arrêtés… et ne cessent pas de menacer leurs victimes !

De plus les condamnés (Riaz BARDAY et Serge RASOLOTSIRESY) déclarent publiquement et en tous lieux que Madame le Ministre de la Justice les a reçus personnellement, alors qu’ils avaient déjà fait l’objet d’un Mandat d’Arrêt, et qu’elle les avait assurés de l’impunité. Ce qui est malheureusement confirmé à ce jour.

De surcroît, ils affirment même que Madame le Ministre de la Justice a décidé de convoquer tous les Chefs de juridiction de la région DIANA pour les communiquer des instructions particulières concernant Sieur Barday et Consorts. Selon ces derniers, les magistrats recevront des instructions très claires pour leur donner gain de cause, tant en ce qui concerne les affaires pénales (criminelles ou correctionnelles), que les affaires civiles et commerciales, pendantes en première instance ou en appel.

En particulier, Riaz BARDAY et son équipe de «IRANJA Sarl» est tellement persuadée de gagner ces procès qu’elle a déjà, formellemnt et par écrit, mis en demeure les habitants d’Iranja Be de quitter les lieux sous huit jours…

 

2. Plusieurs pétitions signées par des centaines de petits citoyens malgaches de Nosy Be et de la région dénoncent l’impérialisme scandaleux de Riaz BARDAY et de ses hommes (Jaffaraly ZAINA, Serge RASOLOTSIRESY, et autres) qui utilisent tous les moyens d’intimidation et de coercition pour les maltraiter et les faire expulser de leurs demeures et terrains familiaux.

NB : Ces pétitions, collectées et authentifiées par les Présidents de Fokontany de plusieurs villages éloignés les uns des autres, sont entravées par des personnalités qui protègent M. BARDAY et Consorts (PDS ; magistrats… et « hauts personnages de l’Etat », selon les délinquants eux-mêmes). Les plaintes des victimes sont enregistrées sur CD, disponibles pour toute vérification.

 

 

DOSSIER RB

 

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